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Alaba et la nouvelle Autriche : "petite Nation" à suivre

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 08/06/2013 à 16:41 GMT+2

S'insurgeant contre le concept de "petite Nation" et l'intérêt exclusif que suscite la Belgique, notre blogueur Polo vous engage à jeter un oeil sur l'Autriche, adversaire de la Suède ce soir en qualifications.

2013 Autriche David Alaba

Crédit: AFP

Alors que l’Allemagne trône tranquillement en tête du groupe C des éliminatoires de la Coupe du monde de football 2014, et qu’elle ne jouera pas dans cette compétition avant le mois de septembre, le calendrier nous offre un alléchant duel des seconds couteaux, Autriche-Suède. Malheur au perdant !
J’ai toujours eu du mal avec cette expression et trouve ce concept réducteur, voire un peu péjoratif. Comme si la notion de "petite Nation" était un peu fourre-tout. Une case qui désigne les pays qui gravitent, aujourd’hui, autour des supposés favoris. Mon mauvais esprit me prierait pourtant de ranger immédiatement l’Angleterre dans cette catégorie. Au moins au regard du décalage médiatique, sidérant et effrayant, qui existe en faveur de ce pays et de ses résultats constatés sur le terrain. D’autant plus qu’une personne née comme moi dans les seventies a encore en mémoire le "Pater familias" m’abreuvant de l’invasion footballistique "des Diables rouges" à chaque tournoi continental ou bien mondial. De nos jours, les "Mauves" (RCS Anderlecht), les "Rouches" (Standard de Liège), ou encore les "Blauw en Zwart" (FC Bruges) sont tout au plus regardés d’un œil interrogateur. Un vrai scandale. "There is no alternative" comme disait la défunte "Dame de fer".
Mais est-ce seulement un problème de taille ? Le cas d’une zone géographique de 75 millions d’habitants comme la Turquie et avec une belle génération de joueurs comme Arda Turan, peut quasiment déjà s’épargner de réserver ses billets pour le Brésil. Il faudrait d’ailleurs revenir un jour sur la situation du football turc, enfin stambouliote, et tenter de comprendre ce qui ne va pas. A l’inverse, les "Oranje" et leurs 17 millions d’habitants bénéficient d’une aura extraordinaire depuis leur retour au premier plan, lequel gomme les années de vaches maigres de la première partie des années 80. Où est la vérité ?
Les paradoxes du football autrichien
La loupe médiatique se focalise sur la nouvelle génération belge et c’est bien logique. Sauf que la troupe emmenée par le superbe joueur que fut Marc Wilmots n’est pas dans une situation plus favorable dans son groupe que, par exemple, la Suisse, autre "petite Nation", coachée par le plus helvétique des Allemands, Ottmar Hitzfeld. Quant à la sélection autrichienne, si la première place semble hors d’atteinte, les barrages sont toujours possibles.
Comme je me permettais de le rappeler dans un billet précédent , s’intéresser au football autrichien nécessite quelquefois de passer le plumeau pour enlever la poussière laissée par l’Histoire. Sauf que, comme toute caricature, elle ne révèle pas forcément la réalité, puisqu’elle est figée statiquement.
Ne nous racontons pas de carabistouilles, le championnat national est faible et a du mal à trouver son modèle économique. Les parcours des clubs en coupe d’Europe sont souvent chaotiques, si ce n’est inexistants. Salzbourg n’existe que grâce à Red Bull, le derby de Vienne entre l’Austria et le Rapid ne se joue pas à l’Ernst Happel Stadion et ses 53.000 places. Quant au FC Pasching, club de 3Liga, donc non-professionnel, il signe, peut-être, le plus bel exploit continental de l’année, en remportant la coupe d’Autriche, éliminant successivement l’ "élite" susmentionnée ! A peine plus de 30% des places étaient occupées dans l’ancien "stade du Prater" pour la finale nationale !
ALABAma song : de Brecht aux Doors
Fils d'une Philippine et d'un père nigérian reconnu pour ses dons de musicien (ce dernier classa l'un de ses succès second des charts autrichiens), David Olatukunbo Alaba est le prodige de 20 ans qu’on adore au Bayern Munich. Il écoute toujours les conseils de ce dernier : "En football, c'est comme en musique, les grands artistes ne sont jamais satisfaits. Ils veulent chaque jour être meilleurs." Positionné à tous les postes du milieu de terrain, il est le poumon de l’équipe nationale. On comprend, dans ces conditions, son désir avoué d’évoluer dans le cœur de jeu en club. La Suède a son Goliath avec "Ibra", l’Autriche, elle, possède son David.
La grande majorité des joueurs de l’ÖFB Team joue en dehors des frontières nationales. Ils sont quasiment tous titulaires et certains sont pourvus de beaucoup de talent. Chez les plus jeunes, outre Alaba, comment ne pas mentionner le défenseur central du FC Bâle, Aleksandar Dragovic, 22 ans. Ou encore signaler l’éclosion d’Andreas Weimann, 21 ans, à Aston Villa. La Frendemlegion (la "Légion étrangère") est donc représentée en force.
Mais le championnat sort aussi quelques beaux produits, et de plus en plus souvent. Dans ce sens, le développement via la formation ressemble étrangement à celui de son voisin germanique. L’Austria Vienne, champion cette saison, dispose avec Philipp Hosiner, 24 ans, d’un attaquant auteur de 41 buts en 48 rencontres officielles, toutes compétitions confondues. Mais aussi d’un jeune gardien de 22 ans, Heinz Lindner, à suivre. Sans oublier ceux qui frappent à la porte comme Marcel Sabitzer (Rapid Vienne), 18 ans et portant déjà le maillot national, Florian Kainz (Sturm Graz), 20 ans, et les deux joueurs du RB Salzburg, Martin Hinteregger, 20 ans, et Valentino Lazaro, 17 ans. Ce dernier ayant un parcours parallèle à celui d’Alaba. Je rajoute à cette liste non-exhaustive, Raphael Holzhauser, le milieu de terrain de 20 ans du VfB Stuttgart.
Qui veut de la deuxième place dans le groupe C ?
C’est la seule question qu’il faut se poser ! Puisque, depuis le début des éliminatoires, il vaut mieux compter les points perdus à domicile et ceux grappillés à l’extérieur. Persuadé que la Nationalmannschaft allait souffrir à Vienne, le 11 septembre 2012, mes craintes furent confirmées. La sélection de Löw ne devant sa victoire (1-2) qu’à la précipitation et à la maladresse de son adversaire d’un soir, surmotivé comme toujours. Ce Klassiker a de nouveau tourné en faveur du grand frère. C’était déjà mal barré pour l’équipe emmenée par le Suisse Marcel Koller, d’autant plus que l’Autriche ne prenait qu’un point en déplacement au Kazakhstan (0-0). Dans le même temps, la Suède, insignifiante pendant plus d’une heure, prenait un point en terre teutonne après un ahurissant 4-4 ! Les carottes semblaient cuites surtout que la République d’Irlande de Trapattoni avait déjà pris le bouillon à Dublin (1-6) face à des Allemands en mode Panzer.
Sauf que voilà, si un miracle avait eu lieu au Kazakhstan (victoire 2-1 après être encore mené 1-0 à la 89ème minute !), le nul rapporté de Suède (0-0) des hommes du toujours vert capitaine Robbie Keane rebattait les cartes. D’autant plus que, quatre jours plus tard, l’Autriche ramenait un score de parité de l’Aviva Stadium (2-2) après une égalisation de David Alaba à la…92e minute ! Vous comprendrez, dans ces conditions dantesques, où les calculs d’apothicaire sont à la fête, l’importance de la rencontre de ce soir avec, on l’espère, un Ernst Happel Stadion plein à craquer et un match endiablé. Une victoire des locaux, primordiale, n’est aucunement rédhibitoire pour la Suède,  mais il y aurait quand même un gagnant : l’Allemagne.
Polo : Chroniqueur et éditorialiste spécialiste du football allemand sur RMC, Polo a choisi son pseudonyme en hommage au grand défenseur et esprit libre Paul Breitner, buteur lors de deux finales de Coupe du Monde et meilleur joueur étranger dès sa première saison au Real Madrid. Observateur de la saga de la Bundesliga, de ses grandes et de ses petites histoires, Polo a passé une grande partie de son existence outre-rhin à y écumer les stades.
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