Biélorussie-France : Les "onze problèmes" de Didier Deschamps passés en revue

"Ce n'est pas tabou mais pour moi, Benzema n'est pas un problème. J'ai des choix à faire sur l'équipe qui va débuter mardi et j'ai onze problèmes". Didier Deschamps a pris la question de l'inefficacité offensive tricolore au sens large après le nul concédé en Géorgie (0-0), synonyme de cinquième match consécutif sans marquer pour l'équipe de France. Les paroles du sélectionneur laissent à penser que l'avant-centre du Real Madrid pourrait ne pas être le seul à payer l'absence de réalisme des Bleus. Même si Deschamps évoque "onze problèmes", il est impossible d'envisager un remaniement complet pour le match face à la Biélorussie. Mais le match en Géorgie a fait apparaître des lacunes individuelles qui peuvent être corrigées mardi à Gomel. Même s'il n'existe pas forcément une solution à chaque problème.

Le gardien de l'équipe de France est évidemment le moins concerné par les paroles de Didier Deschamps. Si les Bleus n'arrivent pas à marquer, ce n'est évidemment pas de son ressort. Lui doit préserver le but tricolore inviolé, ce qu'il est encore parvenu à faire en Géorgie, avec un poil de réussite sur la frappe d'Okriachvili renvoyée par le poteau (49e).

La solution : Lloris est l'incontestable numéro un des Bleus, même si Steve Mandanda réalise un très bon début de saison dans la foulée de son excellente fin d'exercice l'an dernier. Le gardien de Tottenham doit être maintenu.

Le latéral d'Arsenal a beaucoup proposé sur le côté droit, mais il n'a pas souvent bien fini ses actions. Sa qualité de centre, souvent remise en question, n'a pas été suffisante à Tbilissi. Il a en revanche bien tenu son couloir sur le plan défensif durant l'ensemble de la rencontre, et aurait même pu donner la victoire aux Bleus en fin de match sans un exploit de Loria (90e+2).

La solution : Mathieu Debuchy offre probablement un potentiel offensif plus intéressant. Mais l'ancien Lillois n'est pas très performant depuis le début de la saison avec Newcastle. Sagna l'est davantage avec Arsenal, même s'il a surtout évolué dans l'axe. Par défaut, il reste l'option la plus fiable.

Son association avec Eric Abidal, déjà assez convaincante face à la Belgique (0-0), a encore donné globalement satisfaction. Le défenseur d'Arsenal est par ailleurs un atout précieux dans le domaine aérien, notamment sur les coups de pied arrêtés. Il a aussi la capacité à relancer proprement.

La solution : Adil Rami ou Eliaquim Mangala n'offrent pas exactement les mêmes garanties au plus haut niveau. Koscielny reste la meilleure option pour évoluer aux côtés d'Abidal.

A Tbilissi, c'était lui le patron de la défense tricolore. Une impression qui confirme le début de saison tonitruant de l'ancien Barcelonais à Monaco. Son expérience fait beaucoup de bien à l'arrière-garde française, et se voit aussi dans son sens du placement et sa justesse de relance.

La solution : La France n'arrive pas à marquer, mais elle a peut-être trouvé ce leader défensif qui lui faisait défaut ces dernières saisons. Abidal est un titulaire indiscutable à l'heure actuelle. C'est d'autant plus impressionnant après ses problèmes de santé ces deux dernières années.

Il ne parvient toujours pas à être aussi performant sous le maillot tricolore que sous celui de Manchester United, où il réalise un bon début de saison. Son match à Tbilissi a confirmé la tendance. Hormis un centre en retrait après un bon débordement, Evra est apparu en grande difficulté, tant dans l'application en phase défensive que dans le placement et les duels en défense.

La solution : Difficile de dire que Gaël Clichy constitue une solution. L'arrière gauche de Manchester City est globalement moins performant qu'Evra en club et ne s'est jamais imposé en équipe de France. Tester Abidal à gauche pourrait être une option, mais vaut-elle la peine d'être tentée alors que son duo avec Koscielny dans l'axe donne satisfaction ? Pas sûr.

Son profil de sentinelle n'est pas inintéressant pour l'équipe de France, mais l'ancien Stéphanois manque encore d'expérience pour être une option fiable au plus haut niveau. Et probablement un peu de technique pour affronter des adversaires repliés comme la Géorgie et la Biélorussie. Son transfert à l'Atletico Madrid devrait l'aider à progresser dans ces deux domaines.

La solution : Blaise Matuidi. Il n'est pas aussi performant en sentinelle que dans un rôle de milieu relayeur, mais le joueur du PSG, qui était suspendu à Tbilissi, reste quand même une valeur sûre dans l'entrejeu tricolore. Il offre aussi davantage de perspectives sur le plan offensif avec une faculté supérieure à se projeter vers l'avant et à jouer juste.

L'ancien Toulousain a tout fait pour saisir sa chance à Tbilissi. Volontaire, combatif, il a pris ce rôle de relayeur à bras le corps et tenté d'orienter les offensives françaises, pas toujours à bon escient. C'est malheureusement un paramètre déterminant contre des adversaires qui attendent les Tricolores. La qualité et la créativité dans la transmission sont indispensables pour trouver les attaquants dans les espaces réduits. Et Sissoko n'a pas su apporter ce plus en Géorgie.

La solution : Paul Pogba. Impact physique, technique sûre, présence dans les duels et le domaine aérien, qualité de passe dans le jeu court comme dans le jeu long, frappe de balle monumentale, expérience du plus haut niveau à la Juve … Sa présence est d'autant plus indispensable en cette période où les Bleus sont sans solution offensive. Il peut les apporter après avoir purgé sa suspension.

Son rendement n'a pas été aussi bon à ce poste de faux milieu droit dans le 4-4-2 aligné par Didier Deschamps en Géorgie. Valbuena n'a pas eu le même rayonnement sur le jeu tricolore, ni cette spontanéité qui le rend si précieux sur ce type de rencontre. Irréprochable en revanche sur le repli défensif et l'engagement dans les duels, comme d'habitude. Mais ce n'est pas là qu'il est le plus attendu, surtout en ce moment.

La solution : Pas un changement d'homme, mais un changement de système. Valbuena est clairement une clé de l'animation offensive tricolore, mais il s'exprime beaucoup mieux derrière l'attaquant dans un 4-2-3-1. Il y est beaucoup plus influent sur le jeu français.

Dans la foulée de son début de saison tonitruant et de son titre de meilleur joueur UEFA de la saison, le milieu offensif du Bayern Munich a été le meilleur Français à Tbilissi, le seul à vraiment prendre ses responsabilités dès qu'il en a eu l'occasion. Il a souvent semblé un peu seul jusqu'à l'entrée de Samir Nasri qui lui a offert un relais de proximité. Ribéry a alors pu trouver de meilleurs enchaînements et des positions de frappe.

La solution : Le 4-2-3-1 si cher au Bayern de Jupp Heynckes la saison dernière semble aussi mieux lui correspondre en équipe de France, comme pour Mathieu Valbuena. Ribéry est la meilleure individualité française et Deschamps a tout intérêt à le placer dans les meilleures conditions pour mettre fin à l'inefficacité tricolore. S’il doit y avoir un problème avec Ribéry, c’est cette douleur à la fesse qui l’empêche d’être à 100%.

Que ce soit à côté de Giroud dans un 4-4-2, ou seul à la pointe d'un 4-2-3-1, l'avant-centre du Real Madrid reste d'une inefficacité inexplicable en équipe de France. Le fait qu'il soit le premier joueur remplacé par Deschamps à Tbilissi incite à croire en une perte de confiance du sélectionneur envers un joueur qui n'a plus marqué avec les Bleus depuis 1217 minutes. Au-delà de sa faculté à exprimer son talent en sélection, c'est aussi l'implication de Benzema qui est apparue assez floue à Tbilissi.

La solution : Mettre l'avant-centre du Real sur le banc de l'équipe de France, aussi improbable que cela puisse paraître. C'est d'autant plus plausible avec l'éventualité du retour au 4-2-3-1, avec Payet ou éventuellement Nasri pour prendre numériquement la place de Benzema et évoluer sur le flanc droit de l'attaque.

Il a été maladroit en Géorgie, il aurait pu un peu mieux placer sa tête en toute fin de match, mais Giroud a quand même offert une présence plus intéressante que celle de Benzema pour le bloc tricolore. Sa grande déception au coup de sifflet final témoigne aussi d'une attitude plus positive que celle de l'attaquant madrilène. Mais cela ne règle pas le problème d'efficacité des Bleus en ce moment.

La solution : Giroud est l'avant-centre français en forme après un début de saison très prometteur à Arsenal. Il doit avoir une deuxième chance face à la Biélorussie. Et faire mieux qu'en Géorgie.