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Ukraine - France (2-0) : avant le barrage retour, comprendre le match aller

Laurent Vergne

Mis à jour 19/11/2013 à 11:41 GMT+1

Le contenu du match aller en Ukraine (2-0) a fait l’objet d’interprétations contradictoires, à froid, une fois le choc passé. Voici à quoi nous en tenons.

2013 France Didier Deschamps Barrages

Crédit: AFP

Les Bleus se sont-ils vraiment fait marcher dessus?

Mettons-nous d'abord d'accord sur ce qu'on entend par là. Il ne s'agit pas de dire que les Ukrainiens ont archi-dominé la rencontre. Ce n'est pas le cas. Mais s'il y a un domaine dans lequel l'Ukraine a été supérieure à l'équipe de France, c'est bien celui de l'intensité et de l'engagement. C'est d'ailleurs un point sur lequel tout le monde est tombé d'accord vendredi soir: qu'il s'agisse de Didier Deschamps, des joueurs qui se sont exprimés ou des observateurs, tous ou presque ont souligné que l'équipe de France avait été prise sur le défi physique.
Ce fut particulièrement palpable en seconde période. Les deux buts n'ont pas concrétisé une supériorité technique mais une intensité tellement supérieure... Les Bleus n'ont pas su y répondre. Ils ont même fait un peu n’importe quoi après l’ouverture du score, a concédé Franck Ribéry.
La leçon: Quoi qu'il arrive, les Bleus ne s'en sortiront pas mardi soir sans afficher un engagement et même une agressivité très supérieurs à ce qu'ils ont montré à Kiev. C'est une condition sine qua non à leur qualification.

L'Ukraine a-t-elle vraiment dépassé les limites ?

Certains Bleus et même Didier Deschamps (notamment sur le cas Ribéry, le sélectionneur regrettant que certaines fautes n'aient pas été sifflées par l'arbitre) ont avancé cette idée après le match, sans pour autant crier au scandale. Il y aurait eu quelques gestes limites. Franck Ribéry s'est d'ailleurs expliqué avec Edmar à la mi-temps à ce sujet.
Les Ukrainiens n'ont pourtant pas été beaucoup plus sanctionnés que les Français (23 fautes contre 19) mais les Français estiment que l'arbitre a trop laissé jouer et n'a pas protéger certains joueurs. Pour autant,  si les Ukrainiens ont joué physique, rien ne permet de considérer que la limite entre agressivité et agression a été franchie. "C'est le haut niveau, il y a de l'engagement, même si parfois ça a été un peu excessif, mais on n'y a pas bien répondu", concède Deschamps.
La leçon: Dans une carrière, il y a des matches qui comptent plus que d'autres. Visiblement, les Ukrainiens l'avaient compris vendredi. Pas les Français. Les Bleus ont oublié qu'un barrage, c'est d'abord un combat. Si l'on en croit leurs propos depuis le match aller, il y a eu une prise de conscience, Olivier Giroud appelant notamment à faire preuve d'agressivité et même de "vice". Il faudra simplement ne pas faire n'importe quoi. Ne pas dépasser ces limites que les Ukrainiens n'ont pas franchies chez eux. "Il faut s'engager mais se maîtriser", résume Deschamps.
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Sakho : "Montrer à tout le monde qu'on en a ... "

Les Bleus ont-ils vraiment été dangereux ?

Didier Deschamps assure que son équipe était venue à Kiev pour gagner. "La preuve, a-t-il dit, c'est l'Ukraine qui a le plus eu à défendre". Là encore, tout dépend ce que l'on met derrière ça. L'Ukraine a plus défendu parce qu'elle a laissé la possession du ballon à son adversaire (59%-41%). Mais le fait que les Ukrainiens aient davantage défendu ne signifie pas qu'ils ont été plus mis en danger. Bien au contraire. Certes, les joueurs de Deschamps ont davantage frappé au but (14 tirs contre 11, 6 tirs cadrés à 4) mais c'est un trompe-l'œil.
En 90 minutes, les Français n'ont obtenu qu'une seule véritable occasion de but, celle de Samir Nasri, peu après l'ouverture du score ukrainienne. Les cinq autres tentatives cadrées (de la tête de Giroud en début de rencontre au lob de Benzema dans le temps additionnel) ne peuvent être considérées comme des opportunités nettes de marquer. Sur l'ensemble du match, les Bleus ont donc été moins dangereux que leur hôte, qui aurait même pu inscrire un troisième but en fin de rencontre en exploitant mieux quelques contres.
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Deschamps : "Être proches de Ribéry pour profiter des espaces"

La leçon: C'est peut-être  l'aspect le plus inquiétant de ce match aller dans l'optique du retour, compte tenu  du fait que les Français devront marquer au strict minimum deux buts. Ils peuvent élever leur intensité, mais les Ukrainiens offriront toujours un bloc fermé et face à ce bloc, pour marquer, il faudra se procurer des occasions.

Franck Ribéry a-t-il vraiment raté son match ?

Les statistiques sont loin d'être aussi affirmatives. De tous les acteurs de ce match aller, pas un n'a gagné davantage de duels que lui (18), avec un taux de réussite (60%) nettement supérieur par exemple à celui de son homologue ukrainien Yarmolenko (4 duels gagnés !). Il a également été à l'origine de la quasi-totalité des principales actions offensives tricolores, y compris l'occasion de Samir Nasri évoquée plus haut. Mais Ribéry a fait l'objet d'un traitement particulier parce que Fomenko le redoutait terriblement. Du coup, le Munichois n'a jamais trouvé le moyen de s'exprimer pleinement. On attendait du Ballon d'or qu'il soit décisif. Il ne l'a clairement pas été à Kiev. Il n'a pas pesé sur les débats. D'où le sentiment qu'il est passé à côté de son match.
La leçon: Difficile d'imaginer que la France puisse s'en sortir sans un grand match de Ribéry. Parce qu'il est son meilleur joueur et son catalyseur offensif. Mais l'attention dont il fait l'objet doit pouvoir se muer en force en libérant les autres. Or on a le sentiment que quand Ribéry ne peut s'exprimer, la France n'a pas de plan B.
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Franck Ribery

Crédit: Reuters

Le penalty de l'Ukraine était-il contestable ?

C'est une séquence qui vaut cher et qui pourrait peser très, très lourd au final. Ce penalty qui a permis aux Ukrainiens de faire le break a transformé une courte défaite en mini-déroute et transformé une situation tendue en mission, sinon impossible, en tout cas extrêmement compliquée. Certains, à chaud, et même tout au long du week-end, ont jugé généreux ce penalty accordé à Zozulya. Quelques minutes auparavant, l'auteur du premier but s'était déjà retrouvé dans une situation similaire face à Eric Abidal mais l'arbitre n'avait pas sifflé. Lorsqu'il s'est retrouvé face au but avec Koscielny dans son dos, Zozulya a parfaitement joué le coup.
Le défenseur d'Arsenal s'est retrouvé pris au piège en laissant filer l'attaquant ukrainien.  En allant au contact, il a ensuite fait preuve d'une grande naïveté. Zozulya a joué le penalty, il a amplifié la faute de Koscielny, mais celle-ci, un peu bête, était bien réelle. D'ailleurs, dans le camp tricolore, personne n'a vraiment contesté la décision de M. Çakir vendredi soir.
La leçon : Les Bleus ont manqué de lucidité dans les zones de vérité en Ukraine. Ce fut vrai dans les deux surfaces. En quelques minutes, le face à face perdu par Nasri puis, à l'opposé, le penalty concédé par Koscielny, ont scellé le sort de ce match aller.
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