Webber contre-attaque

On sait maintenant que Mark Webber a les moyens de battre cette année son coéquipier de Red Bull, Sebastian Vettel. Pour deux raisons essentielles : l'Australien est encore capable de se montrer plus rapide en piste, et son équipe gère équitablement son duel avec l'Allemand. Montmelo, théâtre espagnol de la 5e manche du Mondial, a combiné ces deux faits samedi, offrant un petit espoir de voir 2011 ne pas tourner à une démonstration du champion du monde en titre. Pour la première fois depuis le GP de Belgique 2010, soit dix meetings, Webber a battu Vettel en qualif, et RBR a laissé faire.

Webber avait dominé les entraînements vendredi et Vettel lui avait envoyé un message clair en matinée en le coiffant au poteau après un unique tour chrono, en raison d'une alerte moteur. Samedi après-midi, l'Aussie a prouvé dans le money time qu'il n'avait pas été impressionné par cet assaut. Lancé en piste juste derrière son coéquipier au coup d'envoi de la Q3, le résident d'Oxford a révélé que quelqu'un pouvait battre le N.1 mondial en proposant 1:20.981 dans la foulée du 1:21.081 signé par le Germanique.

Tout le monde s'est alors demandé si RBR allait offrir une seconde chance à ses pilotes. Le suspense avait valeur de test. Revenues à leurs boxes, tout moteur vrombissant, les RB7 ont soudain fait silence, répétant le plus loyalement le scenario turc. A Istanbul, RBR était convenu de stopper ses pilotes après un seul set de "tendre" passé en Q3, afin d'économiser un train pour la course. Montmelo a reproduit ce schéma, à l'avantage de Webber. 1-1, fin définitive de l'embryon de polémique. "C'était assez clair qu'on disposait d'une petite marge", a souligné Webber, auteur de sa 7e pole en carrière, sa deuxième consécutive au Nord de Barcelone. "La pole allait être pour Seb [Vettel] ou pour moi. On savait qu'on avait la possibilité de se battre pour la position de pointe. Quand j'ai passé la ligne, j'ai vu que j'étais premier sur les panneaux autour. C'est vraiment génial."

"Ça se jouait entre nous et il a fait un meilleur travail", a réagi Vettel, dont la série de cinq poles a trouvé une fin. "La course sera longue. On a économisé des trains de pneus et on verra ce qu'on peut faire. Le KERS ? Je ne l'ai pas utilisé en Q2 ni en Q3 mais je suis sûr que je l'aurai dimanche. Je ne me fais pas de souci pour la course. Tout le monde attaque très fort. On a prouvé que notre monoplace était devenue plus rapide encore", a-t-il ajouté.

Lewis Hamilton (McLaren) était le favori pour s'installer à l'intérieur de la 2e ligne. Pas refroidi par un plat à l'avant gauche en Q1 - peut-être inutilisable -, le champion du monde 2008 est reparti à l'attaque pour s'octroyer le 3e temps, à 0.980 sec. "J'ai la chance de rester devant la Ferrari (d'Alonso). Mais en course, je ne pense pas avoir un bon rythme par rapport aux Red Bull", a-t-il dit. Il s'en est fallu de 0.003 sec pour que cette place lui échappe au profit de Fernando Alonso (Ferrari), qui a explosé de joie lorsque son ingénieur, Andrea Stella, l'a félicité : "Laisse-moi te dire que tu as fait un super tour !" Vendredi soir, les Rouges avaient subi un gros revers, tenus d'enlever le nouvel aileron arrière de la 150° Italia, jugé illégal par la FIA. Occupé à en mesurer les conséquences, le héros local n'avait pas particulièrement brillé lors du dernier entraînement.

Jenson Button (McLaren) recalé en 5e place, Vitaly Petrov a assumé le rôle de leader chez Renault, Nick Hedfeld n'ayant pu participer à la séance suite à un incendie sur sa R31 le matin. Nico Roberg (Mercedes) et Felipe Massa (Ferrari) réunis sur la 4e ligne, le débutant vénézuélien Pastor Maldonado (Williams) s'est invité pour la 1re fois en Q3, devançant Michael Schumacher (Mercedes), qualifié en pneus "dur".