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Le retour des bad boys

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 26/06/2017 à 23:03 GMT+2

GRAND PRIX D'AZERBAIDJAN - Sebastian Vettel énervé qui percute Lewis Hamilton, Esteban Ocon qui coince Sergio Pérez contre un mur : les pilotes ont montré leurs caractères comme rarement, dimanche à Bakou. Faut-il absolument s'en plaindre ?

Sebastian Vettel (Ferrari) au Grand Prix d'Azerbaïidjan 2017

Crédit: Getty Images

Au moins, on entendra plus pendant quelques temps que la Formule 1 est un sport de gamin. Même si Lance Stroll, 18 ans et 239 jours, a raté de 12 jours le record de précocité de Max Verstappen pour un invité du podium. Les hommes sont donc de retour, prêts à se battre ! A Bakou, dimanche, certains avaient l'âme de justiciers. Ils pilotaient des auto-tamponneuses et ont réglé maladroitement quelques contentieux en s'enfonçant dans une impasse. Parce que rien ne justifie de se faire vengeance soi-même. Mais bon, le sport tourne à la testostérone et cet après-midi assez surréaliste nous l'a rappelé.
On se demande ce qui a excité Sebastian Vettel et les pilotes Force India mais la nature du circuit et le scenario de la course ont de toute évidence conditionné leurs comportements. Le stop and go sur un tracé urbain parsemé de virages à angle droit amène des situations radicales, avec un mur en ultime juge de ces engagements extrêmes. Les restarts génèrent une forme de précarité à la limite du raisonnable. Cette solution prisée pour son dynamisme et sa télégénie est un sujet qui doit interpeller la FIA. Lewis Hamilton a trouvé la voiture de sécurité trop lente et Valtteri Bottas ses pneus durs comme de la glace, même dans son tour rapide pour retrouver sa place en queue de peloton. En d'autres termes, il ne faut pas s'en tenir à la voiture de sécurité telle qu'elle est. Même si c'est une rutilante Mercedes.

Vettel ménagé par les commissaires

Dans tout ça, le caractère sanguin de Sebastian Vettel a fait le reste. Le pondéré Niki Lauda estime qu'il a "pété un câble", le Britannique est prêt à lui mettre son poing dans la face... Franchement, il n'y a rien de dramatique. On sait qu'ils n'en arriveront pas là et une prochaine rencontre va en convenir. Mais ça faisait quand même longtemps qu'on n'avait pas eu des propos aussi lapidaires, qui nous réconcilient avec une certaine façon de se parler entre gros caractères. Mark Webber vis-à-vis de Romain Grosjean au Japon en 2012, peut-être. Non, encore une fois on ne voit pas Lewis Hamilton se venger en direct comme Nelson Piquet sur Eliseo Salazar à Hockenheim en 1982.


L'autre enseignement de l'incident est plus sûrement que Sebastian Vettel est protégé et qu'il le restera. C'est désagréable. Les commissaires du Grand Prix d'Azerbaïdjan ont expliqué tout penauds qu'il n'existait rien en face de la case "coup de roue rageur" dans la grille des sanctions et qu'ils ont dû inventer un châtiment. Michael Schumacher avait été exclu du Mondial 1997 pour un fait similaire. Même si pour le Baron rouge l'acte impulsif paraissait plus résolu que ce qui peut être considéré comme un égarement concernant Vettel.
Ces mêmes fédéraux confient aujourd'hui être passés très près de décider une disqualification. Ouh là là, le quadruple champion du monde a dû avoir très très très peur ! Bon, sérieusement, ils ont refusé de gâcher le duel pour le titre mais ce n'était sûrement pas une bonne raison. Vettel est un récidiviste qui n'a plus aujourd'hui que trois de ses 12 points d'origine sur sa superlicence. Mais n'ayez pas peur pour lui. Si Pastor Maldonado a survécu au dispositif répressif, c'est qu'il ne risque rien. Ni lui ni personne.

Pérez et Ocon, l'escalade

Finalement, l'accrochage entre les pilotes de Force India est bien plus grave car il témoigne une irresponsabilité et une ingratitude vise d'une équipe qui a fait des progrès extraordinaires pour devenir en 2016 la quatrième puissance du plateau qu'elle continue d'être. Il en menace l'équilibre. Sergio Pérez n'est pas un saint, mais derrière les sourires et les propos manichéens d'Esteban Ocon, il y a des dents qui rayent le parquet. On ignorait que le Français se sentait à ce point floué par le refus du Mexicain de le laisser passer au Canada pour une expérimentation vouée à l'échec, comme son incapacité à doubler Sebastian Vettel avec ses pneus encrassés l'avait montré en fin de course.
Sergio Pérez s'était senti fort en clamant avant le rendez-vous azerbaïdjanais qu'il n'était pas question de consigne d'équipe chez Force India. Une manœuvre hautement politique qui a accentué la rancœur tricolore. Renouant avec une attitude méprisante au restart, le Mexicain a eu tort d'obliquer sèchement sur la gauche, où se trouvait son coéquipier, pour tenter de passer Felipe Massa. Le contact n'a pas plu au Français, qui l'a enfermé contre le mur. Justifié ? Aucunement. Les parties en question ont prévu de se voir pour en discuter. Et aboutir aux mêmes conclusions stériles qu'après Montréal ?
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