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Bahreïn, grande poudrière

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 19/04/2012 à 16:26 GMT+2

Maintenu au calendrier, le Grand Prix de Bahreïn, qui se dispute ce week-end, ne fait pas que des heureux. La vague de protestation contre sa tenue a rejoint celle de la contestation sur place. Avec le risque d'une onde de choc.

Grand Prix Bahrein rue protestation

Crédit: AFP

"Allez-vous courir sur le sang des martyrs ?" C'est la question posée sur une fresque représentant une monoplace rouge au coeur de Manama, capitale du Bahreïn. Le grand cirque de la Formule 1 s'apprête à poser ses valises ce week-end dans une véritable pétaudière, pour la quatrième levée du championnat du monde. Coincé entre pouvoir et opposition, le GP de Bahreïn risque fort d'être l'otage d'évènements politiques qui ne le concernent pas et le dépassent. A qui la faute?
Privés de course l'an dernier pour cause d'instabilité politique, les Bahreïniens se rattrapent, dès vendredi pour les premiers essais libres, avec la bénédiction de Bernie Ecclestone. Le grand argentier de la Formule Un est bien le seul à croire que la situation s'est calmée. La rue gronde quotidiennement contre le roi en place et exige des réformes qui ne viennent toujours pas. "Je connais des gens qui vivent là-bas. C'est très calme et pacifié," avait lâché Ecclestone qui évoquait récemment de "problème entre des enfants et la police". De quoi raviver la colère de la foule qui ne cesse de demander l'annulation de la course, soutenue par des organisations internationales dont celle des droits de l'homme. Une exposition culturelle autour du Grand Prix de F1 a même été la cible des manifestants, dispersés par la police qui s'empresse d'effacer toutes traces de ses interventions.
"Une nation en fête"
Ces derniers jours, les autorités ont procédé, de manière préventive, à l'arrestation de quelque 80 personnes, essentiellement des anti-GP. Le prince héritier a appelé en début de semaine à "ne pas instrumentaliser l'épreuve". "Ce prix est plus qu'un évènement sportif et il ne faut pas qu'il soit utilisé à des fins politiques", a déclaré le prince Salmane ben Hamad Al-Khalifa après la vague de protestation qu'a suscitée le maintien de la course dimanche.
C'est pourtant bien ce que s'apprêtent à faire les dirigeants de ce petit royaume du Golfe persique qui ont placardé le message "UniF1ed, one nation in celebration" (Unifiée, une nation en fête) sur toutes les affiches du GP. Une façon de faire la sourde oreille face aux cris du peuple et d'utiliser la F1 comme arme de propagande. Promoteur de l'évènement, le prince n'a visiblement pas l'intention qu'on lui gâche la fête. Et il trouve un excellent relais en la personne du patron de la FOM qui avait déclaré que la politique n'entrait pas en considération. Seule la sécurité compte à ses yeux. Quitte à transformer le circuit de Sakhir en forteresse.
Pour The Guardian, le coût de l'annulation du GP l'an dernier - on parle de 72 millions d'euros - a pesé lourd dans la décision. "Cela n'a rien à voir avec le sport, ce sont les raisons économiques qui le justifient", clame le quotidien britannique. L'opposition a d'ores et déjà indiqué qu'elle n'hésiterait pas à se servir de la médiatisation de l'épreuve pour montrer son mécontentement. "La F1 contribue à promouvoir le régime en place à travers le monde", regrette Nabeel Rajab, membre de l'opposition, dans les colonnes de L'Equipe. "Nous voulons montrer notre colère". Mais il ne serait pas question d'entraver la bonne tenue de la course, selon le président de l'antenne locale des Droits de l'Homme. "Ce GP doit être considéré comme un évènement sportif et économique, pas politique", a déclaré, jeudi à la presse, un ancien membre du parti d'opposition.
Des pilotes invités à ne pas faire venir leur famille
Et quid des principaux intéressés? S'ils s'inquiètent des conditions de sécurité, pilotes et écuries de F1 tiendront leur place lors de la représentation dominicale. La FOTA, association des équipes, avait pourtant toute liberté de signifier son désaccord. "J'ai confiance en la FIA, a déclaré Jenson Button. Ils ont toutes les informations en main. Je ne pense pas qu'il mettrait nos vies en danger." Seule une employée de Williams a refusé de se rendre à Bahreïn "pour des questions morales"... et elle a été virée sur le champ. Selon son employeur, elle n'a pas respecté les termes de son contrat dans lequel elle s'engageait pour 20 épreuves.
Le team MRS, qui devait s'aligner en Porsche Supercup, a, lui, refusé de venir. Le seul à avoir fait ce choix. "Nous sommes responsables de nos employés," a expliqué Karsten Molitor, le patron de l'équipe. Reste que les différentes écuries et leurs staffs ont été invités à limiter leurs mouvements en dehors du circuit de Sakhir et à ne pas faire venir leur famille. La prochaine manifestation de l'opposition, baptisée "Les trois jours de rage" coïncide en effet avec les trois jours du GP. Mais, à part ça, tout va très bien Monsieur Ecclestone...
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