Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout
Opinion
Formule 1

Nico Rosberg (Mercedes) a le courage de s'en aller et c'est tout à son honneur

Stéphane Vrignaud

Mis à jour 02/12/2016 à 18:00 GMT+1

Nico Rosberg a pris tout le monde de court en annonçant sa retraite, vendredi, à Vienne. Et les raisons qu'il a avancées sont éminemment respectables et honorent le nouveau champion du monde et jeune retraité.

Nico Rosberg (Mercedes) au Grand Prix d'Allemagne 2016

Crédit: Imago

Après quelques-unes de ses défaites les plus cinglantes face à Lewis Hamilton par le passé, Nico Rosberg avait confié vouloir juste rentrer chez lui pour se consoler en famille, auprès de sa femme et de sa fille. On ne soulignera jamais à quel point la vie d'un pilote de haut niveau peut être violente dans tout ce qu'elle exige. Extrême, épuisante, privative à bien des égards.
Pour Nico Rosberg, elle l'éloignait depuis trop longtemps de l'essentiel, aux frontières d'un insupportable qu'il s'évertuait à cacher. Après cette annonce qui a pris tout le monde de court vendredi, on réalise l'issue providentielle de cette saison qui l'a consacré champion du monde et qui justifie tant d'engagements. Etre champion était le but de sa vie de compétiteur, il l'a atteint et il a agi de façon souveraine. Courageuse car il ne voulait plus poursuivre dans le déni.
Après son premier titre, en 2008, Lewis Hamilton avait déclaré qu'il vivrait comme un désastre le fait de ne pouvoir être champion une deuxième fois. Le Britannique n'avait avancé qu'une explication : les sacrifices du quotidien à travers les entraînements, les réunions techniques à l'usine, les voyages, les opérations de relations publiques avec les sponsors et la presse pour justifier ce qu'il représente auprès de son employeur et du public.
picture

Vivian et Nico Rosberg (Mercedes) au Grand Prix d'Abou Dabi 2016

Crédit: AFP

Un accomplissement et en même temps la meilleure des excuses

Avant de prendre le départ du Grand Prix d'Abou Dabi, Nico Rosberg savait que ce pouvait être sa dernière course. Il n'en pouvait plus et peut-être aurait-il pris la même décision en cas d'échec, qui pour le coup n'aurait rien compensé. Et on n'aurait rien su ou compris de cette blessure intense. Aujourd'hui, c'est un sentiment étrange de se dire que ce titre est un accomplissement et en même temps la meilleure des excuses pour tout ce qu'il juge avoir infligé aux siens depuis tant d'années.
Nico Rosberg a dit son immense fierté d'avoir battu Lewis Hamilton, dont il n'a probablement jamais eu le talent inné. Non, c'est par l'acharnement, l'éthique dans le travail qu'il s'est hissé au niveau de l'Anglais, par ailleurs écœurant dans sa facilité à courir plusieurs vies en même temps. Battu en 2014, il s'était fait broyer en 2015 par son coéquipier et cette année ressemblait à celle de la dernière chance. Exonéré de la malchance technique de son voisin de stand mais bien meilleur lors des départs, parfait dans la gestion de son championnat, il est parvenu à finir cinq points devant le Britannique. A-t-il senti qu'il ne pourrait retrouver un tel alignement des astres ? Peut-être, car c'est vraiment à ce prix qu'il a battu le plus doué des champions actuels.

L'Allemagne n'a plus son champion du monde ni son Grand Prix

Comme Niki Lauda, qui en 1979 avait tout plaqué en pleine séance d'essais du Grand Prix du Canada pour clamer qu'il en avait "marre de tourner en rond", Nico Rosberg montre que les pilotes ne sont pas des robots. A l'époque, l'Autrichien avait 30 ans et ne pensait pas revenir à la compétition. L'Allemand en a 31 et veut tourner la page. Il aurait pu se mentir, mentir à tous en s'offrant encore une ou deux années d'un contrat revalorisé. Il s'est assis sur tout ça et c'est tout à son honneur. Comme celui d'Alain Prost, qui en 1993, à 38 ans il faut le préciser, avait fini usé par les affaires politiques du paddock et rénoncé à la dernière année d'un juteux contrat.
A l'heure où on se demande pour combien d'années en a encore Mercedes en Formule 1, si le constructeur n'aura pas la tentation de s'en aller au sommet, Nico Rosberg l'a fait, et c'est une démarche typiquement allemande qui est très bien comprise outre-Rhin. On aurait aimé le voir au volant d'une Flèche d'argent frappée du n°1 pour ce constructeur "maison" qui avait misé très trop sur lui (en 2010). Il n'y aura rien de tout ça en 2017. Pas plus que de Grand Prix d'Allemagne. Au moment où elle pensait tout tenir, l'Allemagne a tout perdu, en quelques jours. La course, cet éternel recommencement...
picture

Nico Rosberg (Mercedes) au Grand Prix d'Abou Dabi 2016

Crédit: Panoramic

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité