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0 + 0, ce ne serait pas la fête à Rio

Laurent Vergne

Mis à jour 07/08/2016 à 07:49 GMT+2

JO RIO 2016 – La France a bouclé la première journée sans médaille. Inquiétant ? Non, évidemment. Mais dimanche, avec plusieurs cartes importantes sur la table, la délégation tricolore a besoin d'ouvrir son compteur. Sinon, elle sera en retard sur son tableau de marche et cette mauvaise dynamique pourrait commencer à peser.

Florent Manaudou à l'entraînement à Rio

Crédit: Panoramic

Rassurez-vous, on ne va pas vous sortir la titraille racinienne en mode tragédie annoncée. "L'heure est grave". "L'inquiétude". "Panique à bord". Samedi était le premier jour de compétition (à médailles). Il a encore quinze petits frères à venir. Heureusement, nous avons là une famille nombreuse. N'empêche. Le premier né de la fratrie avait un petit côté sale gosse. Un capricieux au foutu caractère. Il attise avec son potentiel à bonheur, pour mieux laisser en plan.
Julian Alaphilippe et Lauren Rembi, malheureux magnifiques, ont ouvert la boite à (médailles en) chocolat et activé la machine à regrets. Les fameux "ils étaient si près". Malheureusement, aux Jeux Olympiques, "passa près ne compta pas", comme disait l'irremplaçable Pierre Albaladejo au micro. On met dans le mille ou rien du tout. Pour le tableau des médailles, les places qui comptent, ce sont un, deux, trois. Sinon, quatre, sept ou douze, selon une curieuse équation, font tous zéro. Il y a un roi, deux princes et une armée de mendiants.
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Lauren Rembi

Crédit: Panoramic

Le cocktail fatal à éviter

Bref, cette journée de samedi, on ne l'a pas aimée plus que cela. Comme c'était la première, forcément, ça chiffonne un peu, sans affoler plus que ça, encore une fois. En revanche, ça laisse le suivant sur la liste avec une charge plus importante encore sur le paletot. Car, sans aller jusqu'à rappeler la 5e DB pour sauver la patrie, si dimanche devait ressembler à samedi, l'objectif 40 médailles commencerait à avoir du plomb dans l'aile. Oui, déjà. Ce nombre n'est pas sorti de nulle part. Il correspond au potentiel de la délégation tricolore à Rio.
Pour l'atteindre, le plus souvent, certaines médailles qu'on n'escomptait pas viennent compenser celles qui, tel le Titanic, étaient sûres d'arriver à bon port et n'ont pourtant jamais revu la terre. Quand les premières ne compensent plus les secondes, le bateau tangue. Ce cocktail-là, les mauvaises surprises sans les bonnes, est fatal à l'heure du décompte final. Or, samedi, c'est bien lui qui a été servi : Rembi et la course en ligne n'entraient pas dans la catégorie des médailles les plus probables. Mais Kristina Mladenovic et Caroline Garcia, en disparaissant d'entrée en tennis dans le double dames, ont déjà grillé un de ces jokers qu'il faudra bien compenser.

Contrairement à samedi, dimanche DOIT apporter des médailles

Dimanche, la France va abattre une de ses premières cartes maitresses avec le relais 4x100m nage libre. Des champions olympiques en titre qui, depuis, ont continué de tout gagner au plan mondial, ça ne court pas le Parc Olympique. Ça se compte sur trois doigts : Riner, Florent Manaudou sur 50 libre et ce fameux 4x100. Dans un contexte ultra-relevé, l'or est tout sauf garantie pour Manaudou and co, plus super-outsiders que favoris. Mais une absence du podium aurait quand même valeur de petite catastrophe. Surtout si, plus tôt dans la journée, Coralie Balmy, les fleurettistes ou Pauline Ferrand-Prévot devaient eux aussi rentrer bredouilles.
Ce scénario pessimiste n'est pas le plus probable. Il n'en serait que plus fâcheux s'il devait se matérialiser. Il ne faut pas sous-estimer la vertu d'une dynamique positive dans une quinzaine olympique. C'est un des aspects les plus mystérieux de cet événement unique, qui lui confère sa spécificité. Nous avons là, pour prendre le cas de la France, près de quatre centaines de sportifs issus d'une foultitude de disciplines. Des sports individuels et collectifs. Des millionnaires et des smicards. Des stars et des anonymes. A part deux semaines tous les quatre ans, bien souvent, tout les sépare. Et chacun, bien sûr, est d'abord là pour assouvir une ambition et un rêve personnels.
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Les athlètes français tout sourire défilent autour du porte-drapeau Teddy Riner. Avec beaucoup de portables et de caméras à la main pour immortaliser ce moment unique.

Crédit: Panoramic

Gagner pour soi, mais pas que

Mais la concrétisation de ceux-ci entrent dans une œuvre qui, elle, n'est plus si égocentrée. Gagner Roland-Garros, pour un joueur de tennis, c'est gagner Roland-Garros. Pour soi. Gagner l'or olympique, c'est gagner l'or olympique pour soi. Et pour son pays. Il y a là plus qu'une nuance. Vous trouverez toujours des gens qui n'en ont rien à foutre de rien. Mais 99% des athlètes présents à Rio vous le diront : être ici, aux Jeux, ce n'est pas être là que pour soi.
C'est parce que tous ces champions tentent de contribuer à la réussite de toute une délégation que cette notion de dynamique de groupe, fut-il si hétérogène que celui de l'équipe de France olympique, est primordiale. L'accomplissement des uns facilite, même à la marge, la tâche des autres en leur ouvrant la voie ou en leur ôtant un poids. Sans compter les cercles vertueux au sein d'un même sport. Si Lauren Rembi avait permis à l'escrime de décrocher la première médaille française à Rio, quatre ans après le fiasco londonien, croyez-vous vraiment qu'il n'y aurait pas eu là un coup de booster pour les fleurettistes, dimanche ?
Inversement, un enchainement d'échecs et de déceptions peut peser sur les plus fragiles. Même focalisés sur leur propre compétition, les athlètes ne peuvent jamais mettre totalement de côté le bilan national. Si, au bout de quatre ou cinq jours, le bilan tricolore est famélique, ceux qui entreront en piste auront, pour certains, un peu plus de mal à s'extraire de ce poids supplémentaire. Le mieux, c'est donc encore d'effacer dès dimanche les premiers contours de ce cercle vicieux.
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