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L'œil de Rio : Nuit magique

Laurent Vergne

Mis à jour 15/08/2016 à 07:34 GMT+2

JO RIO 2016 – Exceptionnelle soirée d'athlétisme au Stade Olympique de Rio dimanche soir. Comme attendu, Usain Bolt a effectué un pas de plus dans la légende avec son troisième sacre sur 100m. Mais avant cela, Wayde Van Niekerk avait électrisé la foule en balayant un record du siècle dernier. Ce 14 août est déjà passé à la postérité.

Usain Bolt célèbre son succès lors de la finale du 100 mètres aux Jeux de Rio 2016

Crédit: AFP

Ouf ! Le CIO et l'IAAF, et leurs deux présidents en tête, Thomas Bach et Sebastian Coe, ont dû pousser un énorme ouf de soulagement dimanche soir, lorsque Usain Bolt a triomphé pour la troisième fois d'affilée sur l'épreuve reine de l'athlétisme et de ces Jeux. Il reste le roi du 100 mètres, que ne redeviendra pas Justin Gatlin, dernier champion olympique de l'ère pré-Bolt. Personne n'avait envie de voir l'Américain sacré, pour les raisons que l'on sait, et le public du Stade Olympique de Rio de Janeiro le lui a d'ailleurs fait savoir en l'accueillant par des huées prononcées, quand Bolt a provoqué deux explosions de joie : la première à son entrée dans le stade à l'appel de son nom, la seconde en coupant la ligne en vainqueur.
Ouf, cela aurait donc dû être le mot de la soirée. Mais c'est son anagramme qui a emporté la mise : fou. Ce moment d'athlétisme fut complètement fou. En une petite demi-heure à peine, un record du monde, une page d'histoire, deux champions hors normes. Car Usain Bolt n'a pas été l'unique héros monumental de cette nuit pas comme les autres. Avant lui, Wayde Van Niekerk a fait basculer le 400 mètres dans une nouvelle ère en effaçant des tablettes Michael Johnson, inamovible depuis 17 ans et ses 43"18 de Séville.

Meilleur second rôle

Il s'en est fallu de quatre petits centièmes que le Sud-Africain ne descende sous les 43 secondes pour briser une barrière mythique. C'eut peut-être été trop pour une seule soirée. On regrettera presque, d'ailleurs, que le tour de piste, épreuve mythique et magnifique s'il en est, se soit retrouvé programmé le même soir que la finale du 100 mètres masculin. Van Niekerk se suffisait à lui-même et son authentique et historique exploit s'est retrouvé relégué au rang de meilleur second rôle par la force des choses, quand sa seigneurie Bolt est entrée en scène. Mais cette nuit lui appartient autant qu'au King du sprint. Et l'avenir, aussi, au passage.
Après le foie gras poêlé, il y a donc eu le caviar. Une finale du 100 mètres, c'est vraiment quelque chose de très particulier, qui ne peut se comparer à rien d'autre. Paradoxalement, le meilleur moment dans cette course c'est sans doute... l'avant, le juste avant. Avant l'explosion, les hurlements de la foule, l'orgie de vitesse. Ou, le juste avant, quand les huit bolides se mettent en position. Que le public commence à faire monter les "chhhhhhhuuuuuuuut" pour que le silence se fasse. Quand il finit par s'imposer, les cinq secondes de calme absolu avant le coup de feu du starter sont peut-être les plus fortes que l'athlétisme puisse offrir.
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Andre De Grasse, Usain Bolt, Jimmy Vicaut et Justin Gatlin lors de la finale du 100 aux Jeux Olympiques de Rio 2016

Crédit: AFP

Pour le reste, ce 100 mètres-là, contrairement au 400 de Van Niekerk, n'aura pas de valeur notable en lui-même. Usain Bolt gagne toujours à la fin, mais "Lightning" n'a plus ce booster phénoménal de Pékin ou de Berlin, voire même de Londres et c'est bien logique. Il avait été champion du monde en 9"79 l'an dernier. 9"81 ont suffi cette fois à Rio. Son temps le plus "lent" pour un grand titre. Il n'est plus descendu sous les 9"75 depuis son 100 mètres des Jeux de Londres. Mais l'essentiel était évidemment ailleurs pour lui, dans la portée historique de ce troisième succès qui confère elle aussi tout son poids à cette nuit du 14 août.

Phelps, Bolt...

Premier homme à remporter trois fois de suite le 100 mètres aux Jeux olympiques, Bolt sera sans doute aussi le premier à en faire de même sur 200. Et il ajoutera tout aussi probablement de l'or en relais, pour le fameux "triple triple" pékino-londono-carioca. A part par lui-même sur 100m à Daegu, il n'a plus été battu dans un grand championnat depuis 2007. Entre Usain Bolt et Michael Phelps, l'Olympisme vit décidément des moments particuliers depuis près d'une décennie pour l'un, plus d'une pour l'autre. En l'astre américain des bassins et la foudroyant jamaïcain des tartans, nous tenons probablement là deux des champions les plus marquants de l'histoire des Jeux, dans ses deux sports phares qui plus est.
On peut ne pas les aimer. C'est affaire de goût, et ils sont tous dans la nature. On peut même douter d'eux. C'est affaire de conviction. L'époque est à la suspicion et ces deux sports ont été suffisamment décevants en matière de dopage pour que la suspicion soit, sinon légitime, au moins compréhensible. Il n'en reste pas moins que Phelps et ses 23 médailles d'or, comme Bolt avec ses bientôt neuf titres, marquent leur époque et même bien au-delà, d'ores et déjà. Ils sont dans une galaxie à part, tout simplement. Comme toujours, il faudra sans doute que leur absence créé le manque et laisse un vide pour que nous mesurions pleinement ce que c'était vraiment qu'un Phelps, un Bolt. Là, dans le feu de l'action, nous sommes étourdis. La patine du temps fera son œuvre et donnera une autre couleur à la leur.
Pour finir, comme un post-scriptum, même si cela n'a rien à voir avec les évènements du Stade Olympique, je tenais absolument à glisser un mot sur les épéistes, sacrés champions olympiques eux aussi, pour la troisième fois consécutive. Ce sont des types formidables. Ils vous ont sans doute fait vibrer dimanche soir. Essayez de ne pas l'oublier, de ne pas les oublier et de ne pas trop les perdre de vue d'ici Tokyo. Ce sera dur, je sais, mais ils en valent la peine.
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