Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

La cérémonie d'ouverture a besoin d'émotion, pas forcément de Pelé

Laurent Vergne

Mis à jour 05/08/2016 à 18:41 GMT+2

JO RIO 2016 – Pelé fait partie des personnalités pressenties pour allumer la vasque olympique vendredi soir lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Rio. Mais les Brésiliens ne plébiscitent pas ce choix, loin de là, et l'ancienne légende du foot brésilien a presque affiché une forme de mépris pour l'évènement cette semaine.

Brazilian former footballer Pele gestures as he addresses a press conference in Kolkata on October 12, 2015. The football legend is on a three-day visit to the city

Crédit: AFP

C'était le 26 juin dernier. Un sondage publié par le site de la chaine de télévision brésilienne Globo révélait les préférences des Brésiliens quant à l'identité de la personnalité chargée d'allumer la torche olympique le soir de la cérémonie d'ouverture. Gustavo Kuerten était arrivé largement en tête parmi les noms proposés, devant le champion olympique de voile, Robert Scheidt, et le marathonien Vanderlei Cordeiro, héros malheureux des JO d'Athènes. Pelé, la légende Pelé, ne figurait qu'en quatrième position, avec un peu plus de 11% des voix.
Bien sûr, ce n'était qu'un sondage, mais assez révélateur de la position du mythique footballeur dans son pays : on le respecte, énormément même, mais sans véritablement l'aimer. Il n'a jamais joui de la même cote d'amour qu'un Garrincha, l'autre immense joueur brésilien des années 50-60, ni même de celle d'un Kuerten aujourd'hui.
A vrai dire, Pelé en "allumeur" de flamme, est-ce vraiment la meilleure idée possible ? Il est sans aucun doute le Brésilien le plus connu de la planète et un des sportifs les plus marquants du XXe siècle ce qui, chacun en conviendra, n'est pas rien. Mais son rapport à l'Olympisme est pour ainsi dire nul. Un Kuerten n'a pas forcément marqué l'histoire des Jeux non plus, mais au moins y a-t-il participé à deux reprises, atteignant les quarts de finale en 2000. Pelé, lui, n'y a jamais mis les pieds.
picture

Pelé en 2015

Crédit: Imago

Alors, le voir allumer la flamme, vendredi soir, aurait, sinon un petit quelque chose de convenu, un certain parfum d'incongru. Et c'est encore plus vrai après la cocasse sortie médiatique de "O Rei" cette semaine à la télévision brésilienne. Interrogé par TV Globo, l'homme aux trois titres mondiaux a expliqué tranquillement avoir été sollicité "plusieurs fois" pour embraser la vasque olympique, mais qu'il ne savait pas s'il pourrait être présent à la cérémonie. En gros, il a autre chose de prévu, donc il verra s'il peut se décommander. Ne riez pas, c'est exactement ce que Pelé a expliqué :
J'ai deux contrats et je devais voyager. Si j'arrive à annuler les engagements que j'ai, j'aimerais avoir l'honneur de le faire. Si je serai là pour allumer la flamme, je ne peux pas encore l'affirmer. J'ai notamment un contrat avec Legends 10 et deux événements étaient programmés pour ce même jour. Ce mercredi, nous aurons une réunion pour essayer de me libérer.
On ne sait trop si Pelé faisait de l'humour ou s'il était totalement méprisant. Jeudi soir, son porte-parole a expliqué à l'AFP qu'il venait d'être libéré de ses obligations contractuelles par ses sponsors. Et que tout dépendait maintenant de sa hanche, qui le fait souffrir et l'empêche de se déplacer comme il le souhaiterait. Mais d'une certaine manière, le mal était déjà fait avec cette sortie médiatique maladroite. Car, enfin, la date de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Rio de Janeiro a été fixée voilà plusieurs années seulement. Si Pelé a découvert cette semaine que les J.O. 2016 débutaient le 5 août et qu'il en était encore, 48 heures avant, à voir avec ses sponsors s'il pouvait "s'arranger", c'est qu'il tient l'évènement en bien petite estime. Dans ses conditions, s'il peut se passer de la cérémonie d'ouverture, la réciproque doit bien pouvoir être vraie.
Avec cette tirade sur sa "négociation" avec ses sponsors pour marchander sa présence au Maracana, Pelé a confirmé ce que ses détracteurs lui reprochent : aujourd'hui, il est d'abord une marque. Alors, que Pelé ou Coca allume la flamme, ce serait au fond un peu la même chose… La cérémonie d'ouverture n'a pas besoin de naming. Vendredi soir, pour passer à la postérité, elle aura d'abord besoin d'émotion.
Celle véhiculée par ce jeune Japonais de 19 ans choisi pour allumer la flamme à Tokyo en 1964, qui était né le jour où la bombe atomique avait été lâché sur Hiroshima. Ou celle de l'image de Mohamed Ali, à Atlanta, en 1996. A 32 années d'intervalle, un anonyme et une légende, mais deux séquences inoubliables. Pelé est-il vraiment à même de véhiculer cela ? Réponse, peut-être, vendredi soir, puisque sa majesté a pu se décommander.
picture

Pelé sera-t-il au Maracana vendredi soir?

Crédit: AFP

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité