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Le géant est devenu grand

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 10/08/2010 à 21:48 GMT+2

Depuis trois bonnes années, Camille Lacourt était annoncé comme le grand dossiste que la France attendait. Mais pour diverses raisons, "la girafe" n'avait pas propulsé son double mètre au sommet. A 25 ans, il explose enfin. Son titre sur 100m dos, assorti du record d'Europe, valide sa progression.

2010 Euro Budapest Camille Lacourt

Crédit: AFP

Il n'a certes pas le côté enfant prodigue de Yannick Agnel. Il est sept ans plus vieux que le tout frais champion d'Europe du 400m. A 25 ans, Camille Lacourt n'est peut-être pas un phénomène de précocité, mais pour lui aussi, il y aura bien un avant et un après Budapest 2010. En deux jours, le Marseillais a pris une toute nouvelle envergure, qui l'installe non seulement parmi les leaders de l'équipe de France, mais aussi dans le gratin mondial. Tout simplement.
Sur 100m dos, il a réussi le coup parfait. Un record de France en demi-finale, un record d'Europe en finale et une victoire écrasante. Sans combinaison, ses 52.11 constituent un temps exceptionnel, à 17 centièmes seulement du record du monde d'Aaron Peirsol, la légende du dos. Une légende qu'il s'est permis de battre sur la double longueur de bassin à Paris, au mois de juin. Pas un déclic, mais une étape importante, sans aucun doute. "J'étais sans doute plus en forme que lui, mais c'était quand même très valorisant de le battre et ça m'a donné une énorme confiance pour la suite", explique-t-il. Du coup, Camille n'a pas eu peur d'afficher ses ambitions en arrivant à Budapest. Oui, il visait le titre. Pas un d'ailleurs, mais trois, avec le 50m dos à venir et le relais 4x100m 4 nages, dont il sera sans doute la clé.
"Il me manquait beaucoup de maturité"
Encore fallait-il confirmer dans le bassin. Après son chrono des demi-finales (52.58), le Narbonnais de naissance est arrivé avec une pancarte de grandissime favori en finale. "Si je nage aussi vite qu'en demies, il y a de bonnes chances que je me retrouve devant", avait-il confié. Le facteur psychologique restait le seul soupçon de doute. Comment allait-il gérer la pression inhérente à son statut, lui qui n'avait jamais abordé une finale internationale dans cette position? La réponse n'a pas tardé à venir. D'emblée, il a porté son double mètre en tête de la course. Aux 50 mètres, son triomphe était déjà évident. Sur le retour, il a encore accru son avance, pour devancer Jérémy Stravius, le deuxième Français de cette finale, de plus d'une seconde et trois dixièmes. Un gouffre. Mais qui aurait pu le suivre sur de telles hauteurs? A 52.11, seul un grand Peirsol aurait pu rivaliser, le seul à le devancer dans le gotha.
Plus encore que la médaille d'or, c'est son chrono qui frappe. Sans combinaison, il paraissait inimaginable de le voir nager aussi vite. Lui-même n'en revient d'ailleurs pas. "Je suis sur mon petit nuage.Je ne réalise pas ce qu'il m'arrive, avoue l'élève de Romain Barnier. Après les séries et la demi-finale, je pensais bien que je pouvais gagner mais je ne me sentais pas capable de battre le record d'Europe. Je pensais faire moins de 52.55 mais je ne pensais pas nager aussi vite." Pas tout de suite, en tout cas. Peut-être parce qu'il n'imaginait pas que le travail puisse payer si vite. En deux ans, Lacourt n'a pas franchi un, mais dix caps. Privé des Jeux de Pékin à cause d'une série de problèmes de santé, il a pointé le bout de son nez l'an dernier aux Mondiaux de Rome, en prenant la 5e place de la finale du 100 dos. Mais l'explosion était pour cette année.
Comment expliquer sa percée relativement tardive? Une question de circonstances. De comportement, aussi, de son propre aveu. "Il me manquait beaucoup de maturité, a-t-il confié mardi après son sacre. Et je n'arrivais pas à trouver le coach avec qui m'exprimer pleinement. J'ai fait aussi des concessions. Plus l'objectif devient grand, plus le choix de vie est différent. J'ai changé cette folie que j'avais, j'étais trop fêtard. Je suis plus concentré sur les entraînements." En Romain Barnier, il a enfin trouvé le coach idéal pour lui. Celui qui a défini le cadre dans lequel Lacourt peut aujourd'hui s'épanouir et lui a fait prendre conscience de son potentiel. "Je n'ai jamais cru que j'arriverais un jour à ce niveau de performance, admet-il. Mais je savais que j'avais un potentiel." Avec sa belle gueule et ses chronos de folie, il a tout pour devenir la star de cet Euro. Ça valait le coup d'attendre.
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