Hénique: "Un jour de fou !

Mélanie Hénique, c'est avant tout un grand coup de fraicheur. Nature, attachante, heureuse d'être là. Quand on pense à elle, c'est d'abord l'image d'un grand sourire qui vient à l'esprit. Mais elle est aussi, avant tout, un gros talent. De toutes les médailles récoltées par l'équipe de France cette semaine à Shanghai, la sienne n'était pas la plus attendue. Mais il va falloir s'y faire. L'Amiénoise possède une faculté à répondre présent dans les grands rendez-vous. On ne l'attendait pas à l'Euro de Budapest l'an dernier? Podium. Oui, mais une médaille à l'étage au-dessus, aux Mondiaux, douze mois plus tard? Re-podium.

Intarissable, elle pourrait raconter sa finale du 50m papillon pendant des heures. Invitée à la table des grands, elle a pris sa part. Derrière la Néerlandaise Inge Dekker et la Suédoise Therese Alshammar (de 15 ans son aînée !), un cran au-dessus des autres, Mélanie a arraché cette médaille de bronze. "Pendant la course, explique l'élève de Michel Chrétien, j'ai tout bloqué jusqu'à la respiration. Et là la respiration, je me suis dit: tu bloques tout, tu n'inspires pas, tu rentres la tête, tu sors les fesses ! Et j'ai vu mon nom affiché pour 1/100e. C'est énorme! C'est vraiment énorme. C'est un jour de fou. Un jour merveilleux."

Ne vous y trompez pas, même si son podium relève de l'exploit, Mélanie Hénique y croyait dur comme fer. "Oui, j'y croyais à cette médaille, assure-t-elle. Et Michel aussi. J'y croyais mais ce n'était pas gagné d'avance. Comme dit Michel, c'est toujours au pied du mur que j'arrive à faire quelque chose." D'ailleurs, elle l'avait presque annoncé, comme l'a confié Alain Bernard, qui a décroché lui aussi une médaille de bronze, sur 50m nage libre, quelques minutes après Hénique. "Mélanie m'a envoyé un petit texto pour me dire: 'Allez, on est tous les deux sur les extérieurs, je fais la surprise sur 50 m pap et t'as qu'à faire comme moi !' Je me suis dit: 'elle est folle ! Il va falloir que je fasse pareil", raconte un Bernard hilare, qui ajoute aussitôt: "Mélanie a vraiment beaucoup de talent. Je suis heureux pour elle."

Au sein de l'équipe de France, il y a sans doute encore plus heureux qu'Alain Bernard en la personne de Jérémy Stravius. Celui que Mélanie Hénique appelle son "grand frère". "Ça s'est fait de suite, dit-elle, on s'est super bien entendu. Avec Jérémy, on se complète. Je le comprends, je le connais par coeur, il sait tout de moi et je sais tout de lui. On n'a même pas besoin de se parler pour comprendre. J'en suis très heureuse. On est les meilleurs amis du monde". Elle avait 13 ans lorsqu'elle est arrivée à Amiens. Un an plus tard, Stravius arrivait à son tour. Depuis quatre ans, ces deux là ne se quittent plus. "On a toujours tout fait à deux, explique la Picarde. On ne se quitte jamais, on est tout le temps ensemble. Et dans la performance c'est pareil".