Ça bronze à Shanghai !

L'équipe de France n'en finit plus de se régaler à Shanghai. Au lendemain du fantastique relais 4x200, argenté après un duel improbable avec les Etats-Unis, deux nouvelles médailles sont tombées dans l'escarcelle tricolore samedi. Pas forcément les plus attendues. Mais en l'espace de cinq minutes et deux longueurs de bassin, Mélanie Hénique et Alain Bernard ont apporté leur pierre au record absolu de la natation française. En décrochant le bronze, l'une sur 50m papillon, l'autre sur 50m nage libre, ils ont porté à neuf le total de médailles françaises dans ces Mondiaux 2011.

Presque deux divines surprises, donc, qui témoignent une nouvelle fois de la densité de la natation française. C'est Mélanie Hénique qui a ouvert le bal, lors de la première des cinq finales du jour. Planquée à la ligne d'eau numéro un, la nageuse d'Amiens ne comptait pas parmi les principales favorites. Mais comme l'an dernier à Budapest, où elle avait décroché une médaille européenne pour sa première grande compétition internationale en grand bassin, elle n'a nourri aucun complexe. Idéalement partie, elle a tenu jusqu'au bout sa place sur le podium, qu'elle préserve finalement pour un petit centième. Le centième du bonheur. En 25.86, elle signe au passage un nouveau record de France. La médaille était à ce prix.

Le bonnet de son "grand frère" Jérémy Stravius lui aura donc porté bonheur, comme elle l'espérait. Elle ne pouvait rêver mieux. La Néerlandaise Inge Dekker, sacrée championne du monde en 25.71, était hors de portée, tout comme la Suédoise Therese Alshammar (25.76), un peu déçue de se contenter de l'argent après avoir dominé la discipline ces derniers mois. Pour Mélanie Hénique, il n'y a en revanche que du bonheur. Pas la moindre frustration à l'horizon, si ce n'est, peut-être, de ne pouvoir briguer une médaille olympique l'an prochain à Londres sur cette distance, qui ne figure pas au programme olympique. Mais samedi, à Shanghai, elle était loin de songer à tout cela.

Dans la foulée, porté par cet élan, Alain Bernard a fêté en beauté sa première finale planétaire sur 50m nage libre. Cette distance qu'il n'affectionne pas autant que la double longueur de bassin, où il possède une confiance supérieure. Mais samedi, ce fut la grande réconciliation pour Bernard. Lui aussi a fait sa course dans son coin, comme Mélanie Hénique, mais à la ligne d'eau numéro 8. Pas forcément un désavantage, avait expliqué son entraîneur, Denis Auguin. Il avait vu juste. Cette fois, Bernard a mieux négocié ses 15 premiers mètres qu'en demi-finale. Ensuite, en vitesse pure, il n'a rien à envier à personne. Alors, si Cesar Cielo, comme prévu, était inaccessible (21.53, près de quatre dixièmes devant tous les autres), derrière, tout était possible. Bernard passe à deux centièmes de la médaille d'argent, qui revient au jeune Italien Luca Dotto (21.90), mais celle en chocolat était un centième derrière lui. Le bronze suffit à le combler de toute façon.

Vu l'euphorie ambiante, on pouvait même rêver d'une dixième médaille avec Alexianne Castel, la troisième représentante française dans les finales du jour. Mais la Toulousaine n'a pas tenu la distance lors du 200m dos. Elle s'est même effondrée lors de la dernière longueur, terminant finalement à la huitième et dernière place. Pour un total à deux chiffres, il faudra donc attendre dimanche. La dernière journée de compétition pourrait en effet offrir un bouquet final au clan français. Dire que Camille Lacourt a une chance de monter sur le podium lors du 50m dos relève de l'euphémisme. Il a signé le deuxième temps des demi-finales samedi (24.85), même avec un mauvais départ. Le doublé n'est pas impossible après son titre sur 100m. Puis il y aura aussi le relais 4x100m 4 nages messieurs, dont les séries se tiendront dans la nuit de samedi à dimanche. Bref, la moisson, déjà si belle, n'est peut-être pas encore terminée.