Le grand huit de Phelps

Après six médailles d'or décrochées à Athènes, Michael Phelps a fait encore mieux à Pékin, avec huit titres olympiques glanés dans le bassin du Water Cube. En huit finales, l'Américain, qui a bénéficié d'un programme idéal pour sa quête de breloques, aura battu sept records du monde, dont trois avec les relais US. Le record de Mark Spitz fait désormais partie du passé. Retour sur huit jours qui ont fait rentrer le nageur de Baltimore dans la légende.

Première finale, première médaille d'or et premier record du monde en finale du 400m 4 nages pour la fusée du Maryland à Pékin. En 4'03"84, Michael Phelps a parfaitement débuté sa moisson olympique en rabotant son précédent record du monde de plus d'une seconde (1"41). Faisant la différence dans les coulées, l'Américain a produit son effort après 275m de course, après avoir été "accroché" par son compatriote Ryan Lochte, finalement bronzé sur la distance. En 4'06"16, le Hongrois Laszlo Cseh établit un nouveau record d'Europe et fait mieux qu'à Athènes (3e) en prenant la médaille d'argent. Titré à six reprises à Athènes il y a quatre ans, le Kid de Baltimore débute sa récolte à Pékin avec un premier titre. Sept vont suivre...

Pour Michael Phelps, ce relais 4x100m nage libre représente le seul obstacle possible à sa réussite pékinoise. Il pourra s'apercevoir, notamment sur le 100m papillon, qu'il y en a eu d'autres même s'il parviendra à s'en sortir à chaque fois. Sa joie à l'arrivée restera l'une des images de ces JO en natation. Premier relayeur du relais américain, Phelps conclut ses deux longueurs en 47"51 tandis que l'Australien Eamon Sullivan (47"24) améliore de 26 centièmes le record du monde d'Alain Bernard. Battu à Sydney (par l'Australie) puis à Athènes (par l'Afrique du Sud), le relais US a remis les pendules à l'heure américaine à Pékin avec un record du monde à la clé (3'08"24). La précédente marque vole en éclat de plus de quatre secondes. Pris dans la vague d'Alain Bernard, Jason Lezak offre la victoire aux Etats-Unis dans un chrono ahurissant de 46"06. Et de deux pour Phelps, qui peut respirer. Le record de Mark Spitz (7 médailles d'or en 1972) est à sa portée...

Six plus trois qui font neuf. En s'imposant lors du 200m nage libre mardi matin, avec un nouveau record du monde à la clé (1'42"96 contre 1'43"86 établi le 25 mars 2007 aux Mondiaux de Melbourne), Michael Phelps égale quatre autres champions, également vainqueurs de neuf titres olympiques : l'athlète finlandais Paavo Nurmi (3 titres en 1920, 5 en 1924, 1 en 1928), la gymnaste soviétique Larissa Latynina (4 en 1956, 3 en 1960, 2 en 1964) et les Américains Carl Lewis (4 en 1984, 2 en 1988, 2 en 1992, 1 en 1996) et surtout Mark Spitz (2 en 1968, 7 en 1972). Avec un convaincant trois sur trois après autant de finales, Michael Phelps, qui est encore aligné dans cinq épreuves, est bien parti pour effacer des tablettes son pair californien. Quelques minutes après sa démonstration sur 200m, Phelps poursuit son festival en se qualifiant sans forcer pour la finale du 200m papillon en 1'53"70.

Et de quatre ! Michael Phelps devient l'athlète le plus titré aux JO, avec une dixième médaille d'or après seulement deux Olympiades. La onzième suivra quelques minutes plus tard en finale du relais 4x200m. Sous les yeux des stars NBA venues assister au triomphe du phénomène de Baltimore, Phelps s'offre un nouveau record du monde (1'52"03), le quatrième en quatre courses.

Une heure après son 200m papillon, Phelps élargit un peu plus sa moisson. Premier relayeur du squad américain, il a parfaitement lancé les Américains vers le titre du 4x200 m libre, avec un nouveau record du monde à la clé (6'58"56). La Russie termine à cinq secondes des Etats-Unis, juste devant l'Australie. Rien n'arrête Phelps...

Douzième médaille d'or. Une nouvelle fois, Michael Phelps devance Laszlo Cseh, tombé à la pire des époques. Sans l'Américain en face de lui sur les épreuves 4 nages, le Hongrois serait déjà champion olympique depuis longtemps. En 1'54"23, Phelps établit un nouveau record du monde. Sans forcer. Ce n'est qu'à 50m de l'arrivée qu'il accélère pour aller toucher le marbre en premier. Le podium du 200m 4 nages est le même que le 400m 4 nages puisque l'autre Américain, Ryan Lochte, est une nouvelle fois médaillé de bronze.

Ce samedi, dans le bassin du Water Cube, il a les centièmes de son côté. Ou plutôt le centième. A la touche, et à la grande déception de Milorad Cavic - le Serbe déposera même un recours qui sera rejeté deux heures après la finale par la fédération internationale (et NBC ?), Michael Phelps s'offre un treizième titre olympique, le septième à Pékin. En 50"58, l'Américain, qui ne détient pas la meilleure marque mondiale sur la distance (le RM appartient à son compatriote Ian Crocker en 50"40) - chose rare et encore plus précieuse de nos jours -, établit un nouveau record olympique et se voit offrir un million de dollars par l'un de ses sponsors, Speedo, qui lui avait déjà promis ce chèque à Athènes s'il avait égalé le record de son illustre compatriote Mark Spitz en une Olympiade. S'il s'impose en finale du relais 4x100m 4 nages dimanche pour sa dernière épreuve, Phelps touchera un chèque deux millions de dollars...

Et de quatorze ! La dernière épreuve des Jeux n'aura pas échappé à l'ogre américain. Aligné dans 17 courses à Pékin (séries, demi-finales, finales, relais confondus), Michael Phelps remporte une huitième médaille d'or en Chine avec le relais 4x100m 4 nages. En 3'29"34, l'équipe US signe un nouveau record du monde après avoir dominé l'Australie et le Japon, longtemps à la lutte pour le titre olympique. Résistant au retour d'Eamon Sullivan, Jason Lezak termine le boulot. Durant huit jours d'épreuves, Michael Phelps aura nagé à peu près 50km à Pékin (avec les échauffements et la récupération). Pour un total parfait de huit médailles d'or. Historique !