RDV en terre connue

En 2008, lorsque les organisateurs du Dakar ont annoncé que l'épreuve se disputerait désormais en Amérique du Sud, ça ne devait être qu'une solution provisoire. Deux ans et deux éditions plus tard, l'histoire d'amour entre le plus grand rallye-raid du monde et le continent sud-américain prend chaque année un peu plus d'épaisseur. La décision de quitter l'Afrique n'a pas été facile mais elle semble satisfaire les organisateurs et les concurrents. Les uns y trouvent leur compte avec une région pacifiée, les autres répondent en nombre à l'appel de la pampa. "Ici, c'est magnifique, s'enthousiasme Stéphane Peterhansel, vainqueur à neuf reprises de la course. Il y a des pistes comme on n'a jamais pu avoir et qu'on n'aura jamais en Afrique".

En 2011, signe de l'engouement qui règne autour de cette course, le plateau effectue un bond de 18% par rapport à 2010. Quelque 430 véhicules, dont 146 voitures, 183 motos, 33 quads et 68 camions vont prendre le départ de cette 32e édition, samedi. Après deux jours de vérifications techniques au Palais des expositions de La Rural à Buenos Aires, la meute quittera la capitale argentine en début d'après-midi pour prendre la route de Victoria, terme de la première étape. Un départ en douceur avec une seule liaison au programme.

Les choses sérieuses débuteront véritablement dimanche avec les premières spéciales chronométrées entre Victoria et Cordoba. La suite ? La traversée à deux reprises de la Cordillère des Andes avec une ascension à 4800 mètres, le désert d'Atacama et un festival de dunes comprenant la descente d’Iquique : une pente de 2,3 km à un pourcentage moyen de 32%. Un peu de fesh-fesh local, appelé ici "Guadal", pour conclure la première semaine avant une descente le long de l'océan Atlantique et un retour en Argentine pour la deuxième partie de l'épreuve. Durant quinze jours, les concurrents effectueront plus de 9500 km. Un long parcours qui devrait attirer plusieurs millions de fans. Le ministère de l'intérieur argentin table même sur près de quatre millions de spectateurs au bord des routes.

Côté favoris, entre une équipe Volkswagen, double tenante du titre, et un team BMW X-Raid revanchard, la bagarre s'annonce intense dans la catégorie autos. Vainqueur en 2010, Carlos Sainz repart pour tenter de signer le doublé. Il sera accompagné de ses équipiers Nasser Al-Attiyah, Mark Miller et Giniel de Villiers. "La compétition sera relevée une fois de plus cette année, prédit l'Espagnol. Il me tarde de commencer. Je veux garder mon titre. Je sais que la concurrence sera agressive, mais c’est normal et elle est dans son rôle."

Pour Volkswagen, la concurrence est symbolisée par Stéphane Peterhansel (BMW X-Raid). Le nonuple vainqueur sur deux et quatre roues visera une nouvelle victoire, la première en terre argentino-chilienne, même s'il est conscient de la qualité de la concurrence. "Volkswagen a vraiment une équipe très forte, concède-t-il. Ils ont quatre pilotes quasiment du même niveau, rapides et expérimentés." Pour autant, il se classe parmi ceux qui peuvent leur donner du fil à retordre. "En face d’eux, il y en a d’autres qui peuvent leur donner la réplique. Je pense à [Robby] Gordon (Hummer), à moi et à [Guerlain] Chicherit dans la Mini par exemple. On arrive au Dakar en pleine possession de nos moyens."

Du côté des motos, là-aussi, la première place sera là-aussi très disputée. Le nouveau règlement fixant la cylindrée à 450 cm3 devrait jouer un rôle prépondérant. Pour le reste, les pilotes KTM Cyril Desprès et Marc Coma, vainqueurs des cinq dernières éditions, partiront favoris. Mais ils devront se méfier des ambitions du Chilien Francisco "Chaleco" Lopez (Aprilia), du Portugais Helder Rodriguez (Yamaha) ou encore du Français David Casteu (Sherco). Tout ce beau monde saluera une dernière fois l'obélisque de l’avenue du 9 juillet samedi après-midi avant de bifurquer plein ouest où le bivouac les attendra déjà dans les environs de Victoria.