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Red Zeppelin, Tétralogie de Fallot, Double Mactwist 1260, tignasse: Voici Shaun White

Laurent Vergne

Mis à jour 11/02/2014 à 01:18 GMT+1

Shaun White est un immense champion doublé d'une gigantesque star. Mercredi, il sera en lice pour un troisième titre en half-pipe. Mais qui est-il vraiment ?

2014 JO Sotchi Shaun White

Crédit: AFP

Il est né avec une malformation cardiaque

Etienne-Louis Arthur-Fallot, ça vous dit quelque chose ? A Shaun White, oui. Ce scientifique français du XIXe siècle a décrit en 1888 les spécificités d'une quadruple malformation cardiaque congénitale qui, depuis, porte son nom : la Tétralogie de Fallot. Soit. Le rapport avec le snowboard ? Indirect. Shaun White est né avec cette malformation et il a dû subir deux opérations durant les cinq premières années de sa vie. Ses parents assurent qu'il a toujours possédé une ténacité extraordinaire et qu'elle lui vient sans doute d'une forme d'instinct de survie née de cette entrée pénible dans l'existence. Lui n'en est pas convaincu. "J'ai eu un drôle de parcours, mais j'aurais peut-être eu le même sans mes problèmes cardiaques, estime-t-il. J'ai eu un rêve devant moi et j'ai foncé dessus, sans me soucier d'où je venais."

Il a grandi à la plage

Outre sa malformation cardiaque, un autre élément, géographique celui-ci, ne le prédisposait pas à devenir un roi de la montagne: Shaun White est né à San Diego, tout en bas de la Californie, au bord du Pacifique. La ville la plus ensoleillée de tous les Etats-Unis. On y vend à peu près autant de skis que de bikinis au pied de l'Everest. Le petit Shaun a d'abord été un as du skateboard, dans le sillage de son frère ainé, Jesse, plus âgé de sept ans. Sa famille a bourlingué en achetant un van pour suivre d'abord Jesse, puis les deux rejetons. Sur les montagnes enneigées de San Bernardino, les week-ends d'hiver, les White ont commencé à délaisser le skateboard pour le snowboard. Shaun avait six ans. La suite est connue. Mais aujourd'hui encore, il aime rappeler qu'il est un enfant de la plage, pas de la montagne.
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2014 JO Sotchi San Diego

Crédit: AFP

Il est multimillionnaire et c'est une vraie star aux Etats-Unis

A sept ans, Shaun White avait déjà son premier sponsor, Oakley. Avant même les Jeux de Turin, début 2006, il pouvait compter sur le soutien de sponsors aussi puissants que Sony ou T-Mobile. Aujourd'hui, White pèse plusieurs millions de dollars. En 2010, le magazine Forbes l'avait désigné deuxième sportif le plus puissant des Etats-Unis derrière Peyton Manning, star de la NFL, mais devant Kobe Bryant. Il a reculé dans la hiérarchie entre Vancouver et Sotchi, mais il reste encore dans les 25 premiers. Il est le seul, dans le Top 100, à provenir des sports d'hiver. Son talent, son palmarès, mais aussi son charisme et son sens du marketing lui ont permis de transcender son sport pour devenir une star à part entière. Invité chez David Letterman ou Jay Leno, fréquentations avec Lindsay Lohan, apparitions dans des séries et même des films, Mister White est aussi le héros de jeux vidéos. Il est bien plus qu'un snowboarder. Ses revenus sont aujourd'hui estimés à plus de sept millions de dollars par an, ce qui en fait un extra-terrestre dans le milieu hivernal des J.O.. Il reconnait avoir parfois eu la folie des grandeurs, en se payant deux Lamborghini (il en a encastré une) qui ne plaisaient pas du tout à sa mère ou en se faisant construire plusieurs maisons. Enfant star puis millionnaire, adulé par beaucoup et jalousé par d'autres, Shaun White doit gérer beaucoup de choses depuis des années.

X Games, Jeux olympiques: il a un palmarès hors-normes

Avant d'être un empire économique, Shaun White, c'est d'abord un immense champion. Double médaillé d'or en half-pipe aux Jeux, il peut devenir le premier champion américain à conquérir trois titres olympiques de suite aux J.O. d'hiver, tous sports confondus. Ce serait une façon pour lui de laisser une empreinte indélébile. Puis il y a les X Games, la Mecque du snow et du sport extrême. Aux Winter X Games, personne n'a décroché plus de médailles ou de médailles d'or que Shaun White. Il est vrai qu'il y a participé pour la première fois à l'âge de 13 ans, que ce soit dans la version estivale (en skateboard) ou hivernale. Au total, il a décroché 13 médailles d'or aux Winter X Games. Cette année, il a fait l'impasse sur le rendez-vous d'Aspen, pour se concentrer sur son objectif olympique.
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Sechstes Gold in Folge: Snowboarder Shaun White

Crédit: SID

Double McTwist 1260, kezaco ?

Qui dit champion hors-normes en half-pipe, dit figure hors-normes. Aucune n'a davantage marqué la carrière de l'Américain que son double McTwist 1260 réalisé lors de son premier run en finale des Jeux de Vancouver. En gros, il s'agit de deux sauts périlleux avec trois rotations et demie, tout en tenant la planche d'un bout à l'autre de la figure. Un grand moment. A Sotchi, il se murmure que White pourrait tenter le fameux triple Cork, qui consiste en trois sauts périlleux arrière désaxés. "J'ai beaucoup de figures en tête et un triple pourrait en être une", a-t-il mystérieusement soufflé. Pour beaucoup, White ne le tentera que s'il y est contraint. Car en matière de figure, certains de ses adversaires sont en train de se mettre à son niveau. Le Suisse Iouri Podlatchikov (alias I-Pod) vient de réussir un double Cork avec 1440 degrés de rotation au total qui a bluffé sa Majesté Shaun White elle-même.

Red Zeppelin est un de ses nombreux surnoms

Shaun est cool. Donc il aime la bonne musique. Et il ne fait pas que l'écouter. Il joue aussi. De la guitare. Il a même un groupe, The Bad Things. Un peu bourrin, parait-il. N'empêche que comme Shaun est Shaun, lui et ses potes peuvent jouer à peu près partout. L'an dernier, ils se sont produits au Lollapalooza, célèbre festival de musique. Ils ont même sorti leur premier album il y a quelques mois, chez Warner. La notoriété du guitariste a probablement aidé un petit peu. Grand fan de Led Zeppelin et surtout de son guitariste Jimmy Page, White a gagné le surnom de "Red Zeppelin", en référence à sa tignasse rouge bouclée. Sobriquet qu'il préfère à celui qui lui avait été donné sur les pistes, The Flying Tomato (la tomate volante). Après s'en être amusé à ses débuts (il en avait fait un logo sur son matériel), il n'a pas caché ces dernières années qu'il en était las. Va pour Red Zep, alors.
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Snowboarding superstar Shaun White

Crédit: Reuters

Il a… coupé ses cheveux

Ils sont toujours rouges, mais ils sont (beaucoup) plus courts. En décembre 2012, quelque part entre Vancouver et Sotchi, Shaun White a fait beaucoup de bruit en se coupant les cheveux. Finie la tignasse interminable. Un génocide capillaire immortalisé par sa GoPro. "Ce ne sont que des cheveux, je ne vais pas non plus faire une conférence de presse quand même", a relativisé la star devant le buzz provoqué les coups de ciseaux. Mais White a fait ça pour la bonne cause: "J'y pensais depuis un moment mais je le fais parce que d'autres en ont plus besoin que moi", a-t-il expliqué en faisant don de son abondante chevelure à "Locks of Love", une association caritative qui fabrique des postiches à base de vrais cheveux pour des enfants atteints de maladie dégénérative entraînant la perte des cheveux. Les mauvaises langues ont dit que Shaun avait fait ça pour redorer une image ternie deux mois plus tôt par son arrestation en état d'ébriété (et pour vandalisme) dans un hôtel à Nashville. Eméché, il avait notamment déclenché l'alarme incendie, obligeant le patron de l'hôtel à procéder à une évacuation de l'établissement.

Il n'a pas que des amis dans le monde du snow où tout le monde est super-pote avec tout le monde

Le snowboard, c'est aussi un état d'esprit. On l'a encore vu pas plus tard que samedi lors de la finale du slopestyle, où les trois médaillés ont célébré de façon très expansive leur bonheur commun juste après la finale. Il est rare de voir autant de complicité sur un podium olympique. White, lui, est souvent resté en retrait d'un milieu dont il est pourtant devenu la figure emblématique et la principale vedette. Beaucoup de ses rivaux lui ont reproché parfois son attitude, sa façon de les snober. L'intéressé répond "jalousie", due conjointement à son argent et à ses titres. Il a toujours eu du mal à se départir d'une forme d'incompréhension entre lui et son milieu. "La réalité, c'est qu'il a peu d'amis dans le snow, juge Jayson Hale, qui l'a côtoyé en équipe des Etats-Unis lors des Jeux de Turin notamment. Il y a plein de gars qui le détestent et qui parlent dans son dos, mais il arrive à mettre tout ça de côté et à la fin, c'est toujours lui qui gagne."
Certains ne parlent pas que dans son dos. Après son forfait en slopestyle, les Canadiens Sébastien Toutant et Maxence Parrot l'ont allumé, notamment sur Twitter. "M. White... C'est facile de trouver des excuses pour déclarer forfait quand on pense qu'on ne va pas gagner...", a tweeté Toutant, imité ensuite par son compatriote. Ils ont retiré leurs tweets et se sont fendus d'excuses.
Limite, ils l'ont traité de mauviette. Mais Shaun White n'est pas Marty McFly. Il n'a pas répondu. "Je suis en paix avec ma décision", a-t-il sobrement répliqué, avançant des petits soucis au poignet. Ce qui est vrai, c'est que l'Américain n'est pas un pur spécialiste du slopestyle. On peut comprendre son désir de se focaliser sur le half-pipe, d'autant que, même dans cette discipline, la concurrence s'aiguise.
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