Coupe Davis - Fous rires, alcool et vacheries : les Suisses se sont lâchés après leur triomphe

Dans le monde du sport professionnel, la conférence de presse est probablement l'exercice le plus verrouillé qui soit. Souvent répétitive, parfois insipide, elle a les défauts de l'exercice imposé. Mais parfois, quand les circonstances déchirent le carcan, la conf', comme on l'appelle, peut offrir un résultat étonnant. Ce fut le cas dimanche soir à Lille lorsque les Suisses, au grand complet, se sont présentés pour livrer leurs premières paroles après leur triomphe en Coupe Davis. Là, ils ont lâché les chevaux. Et les mots. La retenue n'a pas toujours été au rendez-vous. Entre humour, amour, alcool, parfum de grandes vacances et vacheries, aussi, on a eu droit à un peu de tout.

Comme tout au long du week-end sur le terrain, Roger Federer et Stanislas Wawrinka ont fait la quasi-totalité du boulot. Séverin Lüthi, le capitaine, Michael Lammer et Marco Chiudinelli, les seconds couteaux, sont restés autant sur la réserve devant les micros qu'au cœur du stade Pierre-Mauroy. Bien sûr, tout ce petit monde était heureux, légitimement heureux. Mais c'est surtout en revenant sur tout ce qui a pu se dire avant cette finale, que les Suisses ont été savoureux.

Federer et Wawrinka, comme la veille, ont joué en double. Echauffement dès la première question. "A quel point l'équipe a-t-elle dû produire un effort pour se reconstruire après les difficultés du week-end dernier?" "Bonne question, bonne question", marmonne Federer avant de d'éclater de rire. "Oui, bonne question, mais je crois que la réponse est pour toi", enchaine alors Wawrinka à l'endroit de son numéro un.

Dans la foulée, au service, Federer. "Bon, d'abord, c'est Stan qui nous a mis dans cette position très favorable aujourd'hui. Si, si, il a fait ça", a lancé le numéro deux mondial. Effet garanti.

Retour de Wawrinka. Alors qu'on lui demande quel était son sentiment au bord du court pendant le match décisif entre Federer et Richard Gasquet, le Vaudois est revenu sur la "brouille" entre les deux hommes, le week-end dernier, à la sortie d'une demi-finale tendue au Masters. "Regarder jouer Roger, c'est toujours un super sentiment. C'est le meilleur. On sait tous que c'est un joueur incroyable quand il pratique un tel tennis… Oui, Roger, je t'aime toujours !"

La victoire efface tout. Et elle avait déjà commencé à être fêtée, semble-t-il. Les yeux brillants, "Stan the man" n'a visiblement pas été le moins actif avec le champagne dans le vestiaire suisse. Quand un journaliste belge a demandé à Federer si les deux héros suisses seraient présents pour le premier tour de la Coupe Davis 2015, Federer s'est tourné vers Wawrinka :"tu parles mieux français que moi, alors vas-y." "Oui, a répondu Wawrinka, je parle mieux français mais je suis bourré!"

L'alcool désinhibe, aussi. Alors, au diable le discours policé. Wawrinka en a profité pour envoyer quelques banderilles très, très appuyées envers le clan français. En trois actes.

"On est encore à l'eau (gros mensonge), parce qu'ils avaient mis le champagne dans le vestiaire des Français. Et ils les ont vite changées." Belote.

Puis, alors que quelqu'un fait remarquer à Federer qu'il a mis beaucoup de temps avant de toucher le Saladier d'argent après sa victoire : "Il a trop écouté les Français qui ont dit qu'il ne fallait pas y toucher." Rebelote.

Enfin le dix de der, plus tranchant encore parce que très sérieux sur le fond, cette fois. "Quand j'ai dit qu'ils en parlaient trop, c'était mon avis, a-t-il expliqué. Chacun prépare la Coupe Davis comme il lui semble bon. On s’est focalisé sur notre équipe. À la fin, on a parlé sur le terrain avec la raquette. Nous avons été meilleurs ce week-end." Personne ne pourra le contester.

 La soirée s'annonce longue et animée chez les Suisses. Arrosée, aussi. N'est-ce pas Wawrinka ? "Le pourcentage de chances que je joue contre la Belgique l'an prochain ? Il y a surtout un gros pourcentage de chances pour qu'on boive de l'alcool ce soir". Cela doit vouloir dire ça, ivre de bonheur…