Difficile retour sur terre

Après deux jours de compétition, les hommes de Guy Forget font une triste constatation : la terre battue, qui devait être un frein pour les Etats-Unis, ne joue pas son rôle. Pire, l'avantage de cette surface soit disant idéale pour faire déjouer leurs adversaires est en train de se retourner contre eux : en total manque de repères sur terre où seul Gilles Simon a joué quelques matches cette saison, les Français payent cash ce choix pourtant stratégique. L'idée toute faite que les Américains n'aiment pas évoluer sur surface ocre est bel et bien révolue : que ce soit John Isner, Ryan Harrison ou les frères Bryan, le Team US présent en France n'a aucun mal à tenir son rang et renvoie les Bleus à leur propre lacune.

Jim Courier a même eu cette phrase qui en dit long à l'issue de la victoire en double : "J'ai la chance d'avoir dans cette équipe des joueurs qui aiment bien évoluer sur terre battue. Cela n’a pas toujours été le cas dans notre histoire, mais globalement, nos joueurs actuels savent jouer sur toutes les surfaces, et se battent d’égale manière en Colombie sur terre ou sur dur à la maison." Et Mike Bryan de confirmer, après le double remporté avec son frère Bob : "Nous nous sentons très bien sur terre battue. On aime beaucoup évoluer sur cette surface. Nous avons joué un match très solide aujourd'hui, notamment au service avec un très bon pourcentage de réussite, et c’est une fierté pour nous de voir qu’on n’a pas concédé la moindre balle de break."

Une sérénité qui tranche avec les mines déconfites des Bleus et la rage de Guy Forget à la fin du match. "On est chez nous, sur notre surface, avec nos balles, avec notre public... on doit gagner. Ils ont voulu la terre ! Maintenant, Jo doit battre Isner dimanche. Je ne veux pas m’arrêter comme ça." Si le capitaine ne dénonce pas encore ouvertement le choix de ses joueurs de jouer sur surface ocre, celui-ci renvoie volontiers aux responsabilités de chacun dans cette rencontre qui peut tourner au fiasco. "On s’est gargarisés de notre victoire en double contre l’Espagne en Coupe Davis (face à la paire Feliciano Lopez/Fernando Verdasco, NDLR)… A un moment donné quand on voit leurs résultats en double, ça n’était peut-être pas une référence. Aujourd'hui on était face aux Djokovic du double, la référence de la discipline. On lâche un tout petit peu là, là et là, et à la fin ça fait la différence."

La question qui pourrait logiquement se poser pourrait être : fallait-il jouer sur dur pour faire meilleure figure, sachant que Tsonga et compagnie ont eu de meilleurs résultats sur surface rapide ? A ceci près que lorsque les joueurs choisissent unanimement la terre battue, le meilleur élément français, Gaël Monfils, est encore censé être présent... Il est évident que le forfait du Parisien, dû officiellement à une "lésion myo-aponévrotique de l’oblique interne du flanc gauche" qui a complètement changé la donne. Et que les matches poussifs de Tsonga et Simon vendredi n'ont pas rassuré l'assistance malgré la bonne volonté affichée.

"La terre n’est pas forcément notre surface de prédilection, a reconnu Llodra en conférence de presse, mais quand on doit choisir une surface, on regarde le côté général. A notre décharge aussi, il y a eu du vent en début du match. On a eu du mal à trouver nos positions de retour et on en a pris tout de suite plein les dents. Eux prennent moins de risques au service et ont été moins pénalisés que nous." "Si la victoire des Bryan est logique samedi, a terminé Guy Forget, nos victoires de dimanche le seront également. Jo et Gilles sont mieux classés que leurs futurs adversaires (Isner et Harrison, NDLR). Sinon c'est tout simplement qu'on n'a rien à faire en demi-finale de Coupe Davis." A bon entendeur...