Les Bryan meilleure équipe

Pour repasser devant les Etats-Unis, samedi soir à l'issue du match de double, les Français vont être le plus décontractés possible. Match déterminant à défaut d'être décisif, l'affiche entre les frères Bryan et le duo Llodra/Benneteau annonce un choc à couteaux tirés, sur lequel tout le monde voit une partie très tendue qui ne va se jouer que sur des détails. Pourtant, la paire américaine est la meilleure du monde, N.1 mondiaux six fois sur les sept dernières années, la crème de la crème, la référence du moment aux onze titres du Grand Chelem. Et Mike et Bob, à 33 ans, n'ont connu que deux défaites en vingt matches de Coupe Davis, dont une face aux Bleus de Guy Forget à Winston Salem en 2008. Une donnée importante que personne n'a oublié.

"Avec Arnaud Clément (son partenaire d'alors), je me souviens très bien de ce match-là", raconte Michaël Llodra, acteur et témoin privilégié de l'époque qui connaît très bien ces adversaires pour les croiser régulièrement sur le circuit ATP. "C’était un peu tendu, on était mené deux à zéro après les deux premiers simples. Au deuxième set, je me souviens alors que je lui avais dit que même si on perdait, cela ne nous empêcherait pas de boire du Château Latour le soir même. A partir de ce moment-là, on s’est relâché et on leur a mis trois sets. Cela ne veut pas dire que l’on a bu du Latour ce soir-là, mais en tout cas cela nous a fait du bien.""C'est une des équipes les plus fortes qu'on a eu à rencontrer", a reconnu Bob Bryan. "Llodra a été un de nos plus grands rivaux de toutes ces années et on a déjà livré plusieurs grandes batailles. Celle-ci en sera une autre."

Flanqué désormais de Julien Benneteau, le Parisien ne veut pas en faire une montagne impossible à gravir, malgré le palmarès impressionnant de la "meilleure équipe de l'histoire", dixit le capitaine américain Jim Courier. "Avec Arnaud, on avait fait un super match chez eux. Je pense qu’ils voudront prendre leur revanche. On s’attend à un match très compliqué. On connaît leurs qualités. On a montré avec Julien que l’on était aussi capable de faire des gros matches. C’était le cas face aux Canadiens au tour précédent.Je me dis aussi qu’on les a déjà battus une fois. Et même si c’était avec Arnaud Clément, on est capable de le refaire. Cela me laisse de bons espoirs…"

Et ce, d'autant plus que Benneteau a, lui aussi, battu les Bryan avec Nicolas Mahut à l'US Open en 2004. Un coup d'éclat que les Américains avaient difficilement supporté, à en croire le Bressan. "Nous nous étions croisés le lendemain de ce match dans un restaurant à New York et ils avaient eu une réaction qui n'était pas correcte". Des témoins rapportent même qu'ils ont failli en venir aux mains. "A un moment, il y avait eu un défi du regard entre Nico (Mahut) et Mike. Mais cela s'était arrêté là et depuis, franchement, ça va, nuance Benneteau. Ils sont fiers et peuvent avoir un peu d'arrogance mais ils ont évolué au fil des ans. Je n'ai plus de problème avec eux depuis pas mal d'années maintenant."

Les jouer sur terre battue sera-t-il un sérieux atout pour les hommes de Guy Forget ? Pas spécialement. Sur les 78 titres gagnés ensemble, 16 titres l'ont été sur surface ocre, dont Roland-Garros en 2003 et deux Masters de Monte-Carlo en 2011 et 2007. "Ils sont peut-être un peu moins forts sur terre battue, mais quand on regarde leur palmarès, c’est du très lourd, tempère Llodra. "Je n’imagine même pas une victoire dans la facilité, relance Guy Forget. Les frères Bryan sont extrêmement forts et ce sera forcément dur. Il faudra tenir sur la durée, rester constant au service, et miser sur les qualités de relance. Tennistiquement, ils ont toutes les armes pour faire plier les frères Bryan."

"On annonce des conditions météo plus venteuses poursamedi. Cela rendra le jeu plus difficile, plus aléatoire, estime le capitaine des Bleus. Il faudra rester vigilant par rapport à ça. En double, on joue toujours sur le fil, et un détail, une volée ratée, peut suffire à vous faire perdre ce fil." De son côté, Jim Courier parierait presque sa chemise de costume qu'il arbore sur le bord du court que ses protégés vont tenir le bon bout samedi. "C'est un luxe de posséder dans nos rangs un tel double que celui composé des frères Bryan. A mon époque, nous n'avions pas d'équipe aussi compétitive. C'est presque de la triche d'avoir une telle équipe à disposition !"