US Open 2013 - Richard Gasquet à l'âge de la maturité

Il est loin le temps où Richard Gasquet refusait de jouer son deuxième tour de l'US Open à cause d'une angine. Le jeune Donald Young s'en souvient encore, peut-être pas le principal intéressé. C'était en 2007, quelques semaines après ce fameux Wimbledon qui lui a ouvert les portes vers sa première demi-finale en Grand Chelem. Puis, après avoir été battu d'entrée à Toronto par Verdasco, et s'être résolu à l'abandon à Cincinnati face à Lleyton Hewitt en raison d'une ampoule à la main droite. Cet enchaînement malheureux semble être conjugué au passé.

Richard, 27 ans, a retrouvé sa main de virtuose et une condition physique digne des joueurs de haut niveau pour enfin briller en Grand Chelem une nouvelle fois. Il a très bien su gérer ce virage important entre les huitièmes et les quarts de finale, en ayant une bonne récupération physique. Malgré plus de quatre heures de jeu face à Raonic lundi, le Français a réussi à enquiller plus de trois heures supplémentaires, même si un passage à vide s'est clairement senti dans les troisième et quatrième sets. Mais au final, environ huit heures de jeu plus tard, le Français est toujours en vie, avec deux jours de récupération en vue. L'abnégation, ça a du bon.

Il ne va pas sans dire que la victoire face à Milos Raonic lui a fait un bien fou. Passer l'obstacle des huitièmes de finale a été le nouveau déclic qui lui manquait pour le libérer mentalement. A Roland-Garros, il n'en a , vainqueur 8-6 dans le cinquième set. Cette défaite laissait entrevoir un Gasquet proche de la délivrance. Si Wimbledon n'a pas été une réussite, l'US Open a tenu finalement cette promesse alors que le tennis français n'est pas au beau fixe avec Tsonga, Monfils, Simon et Chardy en délicatesse avec leur physique.

Surtout, le relâchement craint après sa victoire sur le Canadien ne l'a finalement pas rattrapé. Car beaucoup ne croyaient pas Gasquet capable de passer Ferrer en quart de finale, qu'il n'avait plus battu depuis 2008, allant même jusqu'à compter huit défaites en neuf matches... Pourtant, en l'espace de 3h20 de jeu, il a pris plus de sets à l'Espagnol que lors de toutes leurs rencontres réunies. Les troisième et quatrième sets perdus, le Français a retrouvé de cette énergie dans le cinquième. Là où tout le monde avait vu le Français lâcher si souvent auparavant, c'est finalement Ferrer qui a craqué en premier. De haut de ses 27 ans, Richard Gasquet peut encore étonner.

Qu'on se le dise, Richard Gasquet ne perd pas les quarts de finale en Grand Chelem. Après Andy Roddick à Wimbledon en 2007, c'est donc David Ferrer qui a subi la loi de Richard Gasquet à l'US Open. A côté de ses 12% en huitièmes de finale (2 victoires sur 17), ses 100% de réussite en quarts de finale prennent bien plus d'importance vu son tableau de chasse. Un tableau obtenu en conquérant et non en timoré. Ferrer, comme Roddick, n'ont pas donné leur victoire, toutes concédées en cinq manches d'ailleurs. C'est Richard qui est allé les chercher. Avec ses tripes et avec la manière, comme en témoignent ses 52 coups gagnants (40 pour Ferrer).

Rien qu'à le voir s'exprimer sur le court, sourire pendant le match, et ne jamais baisser la tête, Gasquet a pris de l'épaisseur. De la maturité. Il a enfin fait fructifier toute cette expérience. Et voici le résultat : deux victoires en cinq sets à la suite (ce qui est une première dans son parcours) et une demi-finale à jouer à l'US Open. "C'est merveilleux, a déclaré le Français. Cette victoire signifie tellement pour moi. La première fois que j'ai joué une demi-finale de Grand Chelem, j'avais seulement 21 ans." Dommage qu'il ait attendu si longtemps pour exploser de nouveau... Ce sera le seul bémol de la soirée.