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Atypique, généreux, créma bisou, Dostoïevski : les 4 choses à savoir sur Stéphane Robert

Guillaume Willecoq

Mis à jour 19/01/2014 à 09:27 GMT+1

A 33 ans, Stéphane Robert est le premier lucky loser à atteindre la seconde semaine à Melbourne. Tandis que le joueur se révèle au grand public, l’homme aussi gagne à être connu.

Stephane Robert of France celebrates defeating Martin Klizan of Slovakia (Reuters)

Crédit: Reuters

Un parcours atypique mais bonifié avec le temps

Encore classé -30 à 21 ans, Stéphane Robert n’est pas ce qu’on pourrait appeler un joueur précoce. Dans la lignée des Gicquel et autres Roger-Vasselin, le natif de Montargis est plutôt de ces profils de joueurs qui se bonifient aux alentours de la trentaine. Il y a pourtant longtemps qu’il écume le circuit : après sa victoire aux Championnats de France 2e série, à l’été 2001, les choses s’embrayent assez vite et il gagne son premier Future dès sa cinquième tentative, entamant dans la foulée une collaboration de dix ans avec son entraîneur Ronan Lafaix. Celle-ci sera émaillée de deux coupures, en 2004 "car j’étais trop obsédé par le cap du Top 100 et je me suis mis tout seul dans le mur", et surtout en 2007, à cause d’une hépatite A. Avec Lafaix, grand adepte de la sophrologie, ils touchent les dividendes de leur travail en 2010, avec une finale à Johannesbourg - la seule de Robert sur le grand circuit à ce jour - et une percée au classement jusqu’à la 61e place mondiale, son record en carrière. Les deux hommes se séparent quelques temps plus tard. Depuis, Stéphane Robert vogue seul.
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TENNIS OPEN D'AUStralie 2014 Stéphane RObert

Crédit: Panoramic

Sans plan de carrière, mais avec le cœur sur la main

Seul, vraiment ? En réalité, pas tout à fait. Il n’y a jamais eu de plan de carrière chez Stéphane Robert. Son aiguillon à lui, ce sont les amis. Comme Laurent Rochette qui, en septembre dernier, le pousse à vaincre son aversion pour New York - "Manhattan, les gratte-ciels à perte de vue, la foule… Je trouve ça oppressant" - et à s’engager dans les qualifications de l’US Open. Banco : il ne s’arrête qu’au deuxième tour du tableau principal, contre Richard Gasquet. Chez Stéphane Robert, tout est question de rencontres et de chaleur humaine : "Mon calendrier ne rime souvent à rien sur le plan sportif. Mais il correspond à des gens que j’ai envie de voir, des ambiances à découvrir…" L’an dernier, en période de vaches maigres financières, il dort deux nuits dans une auberge de jeunesse à Melbourne et sympathise avec son voisin de chambrée néo-zélandais. Du coup, cette année, pour l’Open d’Australie, "je lui ai dit de venir à l’hôtel avec moi et je lui ai fait une accréditation pour qu’il puisse découvrir le tournoi." Précisons que le continent austral lui plaît particulièrement : l’an dernier, entre Grand chelem, Challengers et Futures, il y a passé pas moins de trois mois !

Un grand mystique, adepte du créma bisou

La plus grande victoire de sa carrière reste celle obtenue au premier tour de Roland-Garros, en 2011, face à Tomas Berdych, alors n°6 mondial. Issu des qualifications, Robert l’avait emporté 9 jeux à 7 au cinquième set, non sans avoir sauvé une balle de match. L’unique victoire sur un Top 10 de sa carrière avait été l’occasion de découvrir un personnage à la sensibilité unique, illustrée alors par ses "crémas bisous", un baiser réalisé avec deux doigts depuis la bouche vers le cou. "Ce signe, c'est un bisou que j'envoie au ciel pour remercier Dame Nature de me permettre de faire un coup aussi bon. Quand on touche une balle et qu'on est vraiment en rythme, on a cette sensation d'unité avec l'univers. Cela m'amuse d'avoir ce petit clin d'œil à chaque fois." Une unité avec l’univers pour mieux oublier la tempête qui se déclenche parfois sous la casquette : "J'ai une part de folie en moi, intéressante mais à canaliser. Je suis du genre à me traiter mille fois d’imbécile ! J’essaie donc de travailler sur moi-même, en me concentrant sur le relâché de ma main, sur ma respiration, sur mon ventre. Travailler les yeux fermés ou avec des boules Quiès, car quand on bloque un sens, on développe les autres. C’est moi qui décide. C’est un dialogue pour que tout soit clair dans ma tête. Si je perds mon objectif, je perds mon calme."

Amateur de Dostoïevski autant que de Mutis

Stéphane Robert est un fan de tennis, un pur et dur, qui a "rêvé devant Leconte en finale de Coupe Davis à Lyon. J’ai aussi aimé Agassi, Rafter, Kuerten, Rios, mais aussi Nicolas Coutelot ou Olivier Mutis, des joueurs avec quelque chose de spécial dans la raquette. Et toujours de fortes personnalités mâtinées de douceur." Quand il n’est pas sur le court ou à la découverte d’une région du monde, Stéphane Robert lit. Le Monde diplomatique, "pour l’ouverture sur le monde", mais aussi les auteurs russes, "Tolstoï et surtout Dostoïevski." Et sinon, il lui arrive de jouer au casino. Quoi de plus logique après tout : "Dans mon style de jeu aussi, il y a une part de roulette, de tennis casino !"
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