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Paul-Henri Mathieu, chasseur de vieux démons

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ParEurosport

Mis à jour 31/10/2012 à 17:36 GMT+1

Il y a dix ans, Paul-Henri Mathieu avait subi à Bercy une défaite qui allait le suivre toute sa carrière. Mais il a dû surmonter d'autres souffrances depuis.

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Crédit: Eurosport

Paul-Henri Mathieu. Palais Omnisports de Paris-Bercy. Un homme, un lieu. Le second colle à la peau du premier. Ad vitam aeternam, sans doute. Nous sommes fin 2002. Finale de Coupe Davis. PHM, valeur montante du tennis français, peut devenir un héros en battant Mikhail Youzhny lors du cinquième match décisif. La suite, tout le monde la connait. Une défaite cruelle qui a marqué au fer rouge l'Alsacien, dont on ne peut s'empêcher de penser qu'il n'aurait jamais perdu certains matches qu'il tenait dans ses mains sans ce péché originel de Bercy. Alors, forcément, chaque fois qu'il revient sur les lieux, Mathieu vit quelque chose de particulier.
Aujourd'hui, il y a prescription. Quand on évoque le sujet avec lui, PHM prend soin de rire de tout ça. "Ca ne fait pas encore dix ans, répond-il à un confrère qui (re)met ce match contre Youzhny sur le tapis. Je vais recevoir des messages tu crois ?", s'interroge-t-il, genre "bon anniversaire !", déclenchant l'hilarité de la salle. Si l'intéressé s'amuse d'aussi bon coeur de ses propres malheurs, ce n'est pas seulement parce que le poids des ans a atténué la douleur. C'est surtout parce qu'il lui a fallu surmonter des épreuves autrement plus pénibles. Passé à deux doigts de stopper prématurément sa carrière à cause d'un genou meurtri et d'une jambe recomposée de A à Z pour cause d'opérations multiples, Mathieu est un survivant du haut niveau. De quoi apprécier chaque frappe de balle du reste de sa vie, celle qui a recommencé au mois de janvier, après 14 mois sans compétition.
Plaisirs simples
Lorsque la saison 2012 a débuté, Paul-Henri Mathieu n'était même plus classé à l'ATP. Mi-février, il pointait encore au-delà de la 700e place. Après sa demi-finale à Bâle la semaine dernière, le voici revenu au 64e rang. En l'espace de cinq jours, il aura affronté Roger Federer et Andy Murray, les deux derniers vainqueurs en Grand Chelem. "J'étais content de pouvoir rejouer contre Federer, avoue le Français. C'est la première fois que je jouais un joueur aussi fort depuis mon retour et ça me fait du bien. Cela me permet de me situer. Et je suis content de jouer Murray mercredi, ça va me faire avancer. Est-ce que je l'aurais cru en début d'année ? Je ne sais pas, c'est la loi du tirage. Là, on est au deuxième tour, je ne suis pas en demi-finale non plus." Plus que jamais, il relativise. Son passé, son présent, son avenir aussi.
Depuis son retour à la compétition, il semble beaucoup plus serein, moins sujet aux absences qui lui ont parfois coûté si chers. Ce n'est pas un hasard s'il a remporté deux matches en cinq sets à Roland-Garros cette année, lui qui en a perdu tant dans des matches importants. PHM savoure désormais des plaisirs simples, ceux qu'on ne peut qu'apprécier si on les a perdus un jour avant de les retrouver. Comme le fait de jouer ici, à Paris. "J'étais content de me retrouver ici même pour mon premier entraînement, a-t-il confié. Quand je suis arrivé de Bâle dimanche, j'ai voulu venir tout de suite ici pour taper quelques balles sur le central, pour réaliser que j'allais jouer ici et que j'étais fier de fouler ce court. J'étais fier, content et un peu anxieux. Mais c'était pour cela que je m'étais battu pour jouer à Roland Garros et ici. Alors je suis heureux."
"C'est passé à une vitesse phénoménale"
Parfois, ses vieux démons le rattrapent presque. Mardi, face à Bautista, il a perdu un jeu invraisemblable à 5-4 dans le deuxième set alors qu'il servait pour le match. "J'ai presque honte d'en parler, avoue-t-il. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé. D'un coup, sur ma première balle de match, je n'arrivais plus à servir, j'ai eu un bug. Je me suis bloqué. Quand je faisais les deuxièmes balles, je pensais à Coria. C'est ce qu'il devait ressentir quand il n'arrivait plus à servir. Et j'ai presque eu peur pour le jeu suivant. Et puis, ça a disparu. Mais j'aurais préféré finir à 5-4." Peu importe, au fond. Cette fois, l'histoire s'est bien finie. De toute façons, Paul-Henri Mathieu vit à l'heure des projets, pas à celles des regrets. Il a perdu trop de temps.
Alors, à 30 ans, il fonce. C'est aussi le meilleur moyen de ne pas être pris de vertiges en regardant derrière lui et ces dix années depuis Bercy 2002. "C'est fou, dit-il. C'est passé à une vitesse phénoménale. On ne se rend pas compte quand on est sur le circuit. En tout début de carrière, quand je discutais avec Arnaud Clément qui me disait : 'ça va passer vite', je me disais 'mais qu’est-ce qu’il raconte, j’ai 20 ans et j'ai le temps'. J'ai l'impression que c'était il y a quelques semaines. Cela passe à une vitesse phénoménale, c'est vrai." Que reste-t-il du jeune homme meurtri mais plein d'avenir de Bercy? De grands espoirs déçus, quelques belles réussites, un potentiel pas tout à fait exploité et des galères qu'il n'aurait pas souhaitées à son pire ennemi. Mais aussi une passion intacte, un désir de plaisir et une forme de tranquillité qui n'a pas de prix. Celle qui caractérise les hommes qui reviennent de loin.
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