Le roi précoce

ROLAND-GARROS - Finale messieurs

R.Nadal (Esp, 4) bat M.Puerta (Arg) 6-7 (6/8), 6-3, 6-1, 7-5

Il y avait deux rois dimanche après midi sur le Central. Juan Carlos, roi d'Espagne présent dans les gradins. Et Rafael Nadal, sacré roi de Roland-Garros à 19 ans face à Mariano Puerta. Vingt trois ans après Mats Wilander, un joueur réussit à s'imposer à la Porte d'Auteuil dès sa première participation. Lundi, il occupera le troisième rang mondial au classement technique derrière Federer et Hewitt mais devant Safin et Roddick (et premier au classement ATP Race).

Si tous les pronostics le donnent favori, l'inconnue est de savoir comment le jeune Espagnol va gérer cette première finale de Grand Chelem. Les premiers échanges se passent plutôt bien pour lui puisqu'il réalise le break d'entrée. Il mène 3-1 quand Puerta demande l'intervention du kiné qui lui masse la cuisse droite. Curieusement, l'Argentin, plutôt absent jusque-là, se met à mieux jouer et récupère son service. Les joueurs vont alors en découdre dans un tie-break de folie ou les beaux gestes se multiplient: amorties, lob, passing, le niveau de jeu est digne d'une finale de Grand Chelem.

D'un rien, sur le fil du filet, Puerta remporte la première manche 8-6 au tie-break. En s'appuyant sur un coup droit tonique, Mariano accepte le défi des passings tonittruants de son adversaire et s'impose sur sa seconde balle de set.

Dans le deuxième et le troisième set, Nadal fait cavalier seul. Puerta ne joue plus vers l'avant et ne prend plus le jeu à son compte. L'Argentin perd deux fois son service dans chaque manche et permet à Nadal de repasser en tête. L'Espagnol fait souvent l'essuie-glace mais sans jamais perdre le contrôle. Sa défense écoeure Puerta qui voit revenir tous ces coups et laisse passer le peu d'occasions de break qu'il obtient. De plus, le natif de Buenos Aires commet beaucoup trop de fautes directes (38 contre 19 au majorquin après la troisième manche).

Puerta qui s'est retrouvé dans la même situation lors de ses deux derniers matches peut-il renverser encore une fois la vapeur? Comme contre Cañas et Davydenko, l'Argentin prend le service de l'Espagnol dès le début du quatrième set. Les joueurs font le show, Puerta monte au filet et réussit même une volée amortie de revers plongeante. Le public se régale, cette finale s'équilibre. A 4-3 pour Nadal, les spectateurs démarrent une "ola".

Sur le court, ce n'est pas la fête mais une sacré bagarre. Pas de cadeaux, Nadal allume Puerta pour la deuxième fois au filet mais celui-ci remet cette fois-ci la balle sur un réflexe. Mariano se transcende, accélère et met la pression sur le jeune Espagnol qui craque enfin.

Puerta mène alors 5-4 et sert pour arracher une cinquième manche. Là, les deux lutteurs de fond de court vont livrer une ultime bataille en guise d'apothéose. A 40/15, puis 40/30, Puerta est sous pression, il monte au filet et loupe de peu une seconde volée plongeante de revers. Sur sa troisième balle de set, les deux joueurs au filet se rendent coup pour coup. Nadal donne le dernier coup fatal, à l'instinct et débreake. Le Roi d'Espagne est debout comme une grande partie des tribunes.

A 6-5, Rafael s'offre une seule balle de match à 30-40 et ne laisse pas passer sa chance pour remporter son premier Grand Chelem. Il s'écroule sur "sa" terre et va saluer son premier supporter, le Roi d'Espagne. Lui est Roi à Paris, à 19 ans. Gageons qu'il n'aura pas envie de rester plus longtemps dauphin de Federer au classement ATP.