ROLAND-GARROS - Un oeil à Roland : Drôle de drame sur le central

On a déjà vu de drôles de choses en tennis. Des retournements de situation improbables, des matches finis ou presque qui s'offrent une deuxième vie, des joueurs ou joueuses à l'agonie trouvant un second souffle... La demi-finale entre Serena Williams et Timea Bacsinszky entre à coup sûr dans cette catégorie. Grippée depuis plusieurs jours selon son entraîneur Patrick Mouratoglou, à peine capable de marcher jeudi matin tant la fièvre l'accablait, l'Américaine en a bavé comme jamais sur le court.

Son langage corporel (elle a parfois semblé vivre un chemin de croix juste pour rejoindre sa chaise au changement de côté) a donné des accents plus dramatiques encore à sa souffrance. Jouer un match de ce niveau qui plus est sous une chaleur pareille avec une forte fièvre et, au final, le gagner, c'est presque impossible. Pourtant, Serena l'a fait, affichant une fois encore une force psychologique et une résilience assez hallucinantes. Elle a remonté à mains nues le précipice dans lequel elle se trouvait avant d'y plonger à son tour son adversaire. Mais Bacsinszky, elle, n'a jamais pu en sortir.

On ne peut être que triste pour la Suissesse, dont l'aventure aura été aussi belle que son dénouement se sera avéré cruel. Entre conte de fées qui se termine mal et drôle de drame à l'américaine, cette demi-finale poignante restera à coup sûr comme un des moments forts de la quinzaine 2015. Contre toute logique sur la forme, la raison a fini par s'imposer sur le fond, avec cette victoire d'une des plus grandes joueuses de l'histoire face à une novice totale à ce niveau. Mais quel scénario !

Les nerfs de Lucie Safarova au moment de conclure son match contre Ana Ivanovic. La Tchèque l'a avoué, quand elle a réalisé que la finale était là, toute proche, elle a eu peur. Elle n'est ni la première ni la dernière à vivre ça. Elle aurait pu craquer après avoir cédé sa mise en jeu au moment de servir pour le match à 5-4, mais non. Elle a rebreaké derrière pour conclure. Il fallait le faire.

Voir Timea Bascinszky quitter ce tournoi. Sa belle histoire a marqué la quinzaine, mais pas autant que son jeu. Elle ne méritait surtout pas de finir comme ça, sur un 6-0, ni de quitter le Chatrier en larmes. Il faut souhaiter qu'elle se relève vite de cette déception. Après un parcours chaotique, unique même, la Suisse a tout pour réussir une brillante seconde moitié de carrière. Non, le tennis suisse, ce n'est pas que Federer et Wawrinka.

Serena perd le premier set, se fait breaker dans le deuxième et finit par gagner, le scenario le plus plausible de la finale dames ?

33 degrés annoncés vendredi, une lourdeur terrible, des orages potentiels, à qui profitera l'affolement de la météo vendredi lors des demi-finales messieurs ?

27 ans, ça suffit ? Henri Leconte, dernier finaliste français à Roland, en a peut-être marre d'attendre...

Maman Williams en totale zenitude.

10. Serena Williams ne perd plus en demi-finale de Grand Chelem. C'est la 10e fois consécutive que l'Américaine s'impose à ce stade de la compétition. Son dernier échec aux portes de la finale remonte à l'US Open 2009, face à Kim Clijsters.

33. Serena Williams a remporté jeudi son 33e match en Grand Chelem après avoir perdu le premier set (4 déjà dans ce seul tournoi). Le plus exceptionnel tient au fait qu'elle possède désormais un ratio positif dans cette configuration : elle a perdu 65 fois le premier set en majeur, pour 33 victoires, donc, et seulement 32 défaites. A titre de comparaison, le bilan cumulé des trois autres demi-finales dans le même cas de figure est de 22 victoires, 76 défaites. Cela en dit long sur la force mentale de la numéro un mondiale.

34. Il faut remonter à 1981 pour trouver trace de la précédente joueuse tchèque (tchécoslovaque à l'époque) en finale du simple dames à Roland-Garros. Il s'agissait d'Hana Mandlikova, titrée face à Sylvia Hanika. Lucie Safarova a donc mis fin à une disette de 34 ans.