Coupe Davis - Arnaud Clément, ce capitaine qui maîtrise l’art de diriger ses troupes en douceur

Tout juste retraité du circuit professionnel à l’issue de la saison 2012, Arnaud Clément, dit la "Clé", est devenu, à 34 ans, le plus jeune capitaine de Coupe Davis français. Jeune homme intelligent qui avait su au mieux exploiter ses armes de contreur pour réussir une belle carrière en simple et en double, il a su mettre sa science du jeu au service d’une équipe composée de fortes personnalités sans trahir sa propre éthique sportive.

On se souvient de son look atypique avec lunettes et bandana. De son tennis monté sur ressorts lui permettant de relancer les premières balles de service assénées par de sombres brutes avoisinant le double mètre. On se souvient de quelques grands matches, comme ce marathon de plus de six heures face à Fabrice Santoro à Roland-Garros ou quand il était passé à deux points du match face à Andre Agassi, l’année de sa victoire, d’un titre en double à Wimbledon avec Michael LLodra ou d’une finale de l’Open d’Australie en 2001 après un succès sur son pote Sébastien Grosjean.

Nous n’avons pas oublié non plus qu’il a été un équipier modèle en Coupe Davis, apportant quelques victoires déterminantes comme en 2001, où il a terrassé le Suisse Marc Rosset après un combat de 5h47, ou en 2002 quand il domina Andy Roddick en demi-finale de l’épreuve sur le central de Roland-Garros. Modèle, il le fut dans l’attitude quand il fut écarté du groupe ou qu’il annonça la mort dans l’âme qu’il laissait sa place à cinq jours de la finale 2002 à Paris en raison d’une douleur au poignet.

Son père Henri disait de lui dans Tennis Magazine : "Il est tellement perfectionniste qu’il ne supporte pas qu’on lui tende la serviette d’une manière plutôt qu’une autre ou qu’un ramasseur lui donne une balle plutôt qu’une autre. Il est aussi exigeant avec les autres qu’avec lui-même." Cette rigueur extrême, il l’a appliquée dans son nouveau rôle en s’adaptant aux différentes personnalités qui composent le groupe.

Clément a tiré avantage de sa proximité avec cette génération dorée pour réussir l’impossible amalgame entre la force de l’un, le bras de l’autre, l’imprévisibilité du troisième ou le cerveau du quatrième. "Il a su me donner les clés", expliquait Jo-Wilfried Tsonga sans jeu de mots après sa victoire expéditive face à Lukas Rosol sur le central de Roland-Garros. L’intéressé lui la joue modeste : "Je me suis inspiré de Guy Forget qui fut mon unique capitaine en Coupe Davis. Nous avons beaucoup échangé et il m’a transmis ses valeurs."

Pourtant, Arnaud Clément est clairement très différent des capitaines qui l’ont précédé. Fini le côté directif et meneur d’hommes de Yannick Noah ou la notion d’autorité paternelle incarnée par Guy Forget. "Arnaud est plus dans l’écoute, observe Patrice Hagelauer ex-DTN et ex-entraîneur de cette équipe. Il est souple et il communique bien avec eux. Il obtient beaucoup de choses de manière indirecte." Personnage positif et solaire, il sait qu’il a été porté à sa place par cette jeune génération qui rêve d’un grand titre collectif faute de pouvoir prétendre à un titre individuel dans un tournoi du Grand Chelem.

Lui non plus n’a pas encore pu soulever son propre saladier. En effet même s’il avait été associé à ses copains lors de la dernière Coupe Davis remportée par la France, en 2001, à Melbourne face à l’Australie en finale, il ne faisait pas partie des joueurs retenus par Guy Forget pour cette rencontre après avoir pourtant partagé leurs entraînements. Une expérience un peu amère qui saura certainement lui servir au moment d’écarter l’un ou l’autre au bénéfice de la collectivité. Peu importe l’âge du capitaine quand il maîtrise l’art de diriger ses troupes. L’année 2014 démontre qu’Arnaud a presque trouvé la clé…