L'onde de choc Williams

Un séisme a eu lieu à Wimbledon. Si, chez les messieurs, le roi Federer est tombé, deux tourelles sont restées debout du côté des dames. Solides de la tête et des épaules, les soeurs Williams n'ont pas vacillé d'un centimètre : non contentes d'avoir joué la finale du All-England en simple l'un contre l'autre sans avoir perdu un set, Venus et Serena ont célébré leur domination le lendemain par une victoire en double, leur troisième à Londres. Là encore sans concéder la moindre manche. Un événement lorsque l'on s'aperçoit que c'était leur troisième tournoi joué ensemble depuis Wimbledon... 2003. Ou pour être plus précis, leur quatrième depuis leur dernière victoire en double à l'Open d'Australie 2003.

Après cinq saisons écoulées, le temps est donc favorable à leur retour au premier plan. Aussi bien en double, qu'en simple. Après un carton plein à Londres, voici les deux soeurs lancées comme des tornades vers le haut du classement WTA. Si Venus n'a pas bougé de sa 7e place mondiale en raison de son succès conservé à Wimbledon, Serena est désormais à la 5e place mondiale. Un rang où elle ne s'était plus installée de façon répétée depuis 2004, moment de sa carrière qui la destinait irrémédiablement sur le déclin pendant l'ère Henin. La N.1 mondiale, tombeuse régulière de Serena en Grand Chelem (4 fois sur 5 depuis 2003), étant désormais partie à la retraite, une nouvelle ère Williams pourrait bien voir le jour.

Et pourquoi maintenant ? Car l'ascension de l'une transcende l'autre. "C'est mon septième titre du Grand Chelem, s'exclamait Venus après le gain de son 5e à Wimbledon. Et j'en veux encore plus ! Mon but est de rester en pleine forme. Lorsque Serena et moi le sommes, nous pouvons nous préparer pour jouer notre meilleur tennis. Et maintenant, nous sommes prêtes." La victoire de Venus de l'an passé a remonté le moral de Serena, en manque de motivation pour son sport. Leurs victoires éclatantes de 2008 rappellent volontiers l'époque où elles dominaient le tennis mondial en 2002. Si Venus avait été révélée la première, Serena avait explosé à la face du monde en réalisant le Grand Chelem sur deux années (de Roland-Garros 2002 à l'Open d'Australie 2003). Exploit que personne n'avait fait depuis Steffi Graf et que personne n'a réussi à faire depuis. Même sur plusieurs années.

Mises à part les Williams, qui peut freiner cette nouvelle ascension ? Loin d'être soeurs, les deux Serbes N.1 et 2 mondiales, à 700 et 600 points au classement technique WTA de Serena, ont du souci à se faire. Après un Roland-Garros remporté, Ana Ivanovic a montré ses limites sur le gazon londonien en perdant au 3e tour. De son côté, Jelena Jankovic continue de ronger son frein en ayant encore échoué dans sa quête de jouer une finale de Grand Chelem. Si Maria Sharapova est N.3 mondiale pour 500 points de mieux que Serena, ces douleurs à l'épaule droite reste un frein pour l'ex-N.1 mondiale, tombée au 2e tour à Londres. La Russe est toutefois la mieux placée de ses sept autres compatriotes du Top 20 pour leur faire de l'ombre. Car elle est aussi celle qui a gagné trois titres du Grand Chelem différents, dont l'US Open.

Cet événement majeur de la dernière partie de saison révélera ou non les capacités des Williams à revivre leurs anciennes heures de gloire en haut du classement WTA. Serena l'a remporté à deux reprises (1999 et 2002), tout comme Venus (2000 et 2001). Arrêtées l'an passé en quart de finale pour la première et en demi-finale pour la seconde par la même Justine Henin, les Williams savent qu'un retour en grâce est désormais possible. Reste à savoir si elles s'aligneront en double pour la cinquième fois ensemble à Flushing Meadows... neuf ans après leur unique victoire.