Wimbledon 2013 - Marion Bartoli : cinq dates et un sacre

Agée de 20 ans, Marion Bartoli joue et perd le double décisif de la finale de la Fed Cup, contre la Russie. On est loin de se douter à ce moment-là qu'elle boudera l'équipe de France pendant huit ans. Au centre du conflit, son père et entraîneur Walter Bartoli, dont la joueuse exige la présence à ses côtés pendant les semaines de Fed Cup, ce que les usages de la Fédération excluent. La brouille durera jusqu'à la campagne 2013 et au retour de Bartoli, prévu contre l'Allemagne mais retardé par une grippe jusqu'au match contre le Kazakhstan. Mais entretemps, la France est descendue en deuxième division.

Avec son dossard N.19, Marion Bartoli n'est dans les petits papiers de personne en arrivant à Wimbledon. L'Auvergnate a suscité beaucoup d'espoirs en gagnant l'US Open juniors en 2001, mais le passage chez les grandes a été difficile. Avant son aventure à Londres, elle avait été éliminée au premier ou deuxième tour de 17 de ses 22 premiers tournois du Grand Chelem et venait tout juste de jouer son premier huitième de finale, à Roland-Garros. Sa deuxième semaine se déroule comme dans un rêve. Elle bat successivement la Serbe Jelena Jankovic, N.3 mondiale, en huitièmes, puis la patronne du tennis féminin de l'époque, la Belge Justine Henin, N.1 mondiale. Epuisée, elle échoue à un match du miracle contre l'intouchable Venus Williams.

Marion Bartoli atteint le meilleur classement de sa carrière. Après sa percée à Wimbledon, l'Auvergnate a été d'une régularité remarquable, ne descendant jamais au-delà de la 20e place mondiale. En Grand Chelem, elle ajoute à son palmarès deux huitièmes de finale (US Open 2009, Wimbledon 2010), trois quarts (Australie 2009, Wimbledon 2011, US Open 2012) et une demie, à Roland-Garros en 2011, sur la terre battue qui ne convient pourtant pas à son jeu tout à plat. Elle porte à sept le nombre de ses victoires en tournoi en accrochant au passage à son tableau de chasse la plupart des stars du circuit, Serena et Venus Williams, Victoria Azarenka, Kim Clijsters, Svetlana Kuznetsova, à part Maria Sharapova.

Marion Bartoli décide de ne plus s'entraîner avec son père Walter, l'homme qui l'a suivie depuis ses premiers coups de raquette à Retournac, en Haute-Loire, puis au quatre coins du monde après avoir abandonné pour elle sa carrière de médecin. Un tel tournant ne se négocie pas sans drame. La joueuse use deux entraîneurs en quelques semaines, l'ancienne championne tchèque Jana Novotna et le Français Gérald Brémond, retourne un moment avec son père, pour finalement rompre définitivement juste avant Wimbledon, où elle profite des conseils d'Amélie Mauresmo, sa capitaine en Fed Cup, et de son sparring-partner Thomas Drouet. Walter Bartoli était toutefois bien là pour la finale et c'est lui que sa fille est allée embrasser en premier après la balle de match.

La Française n'est que tête de série N.15 et pas plus qu'en 2007 ne fait partie des favoris ni même des premiers outsiders. Aidée par la débâcle des stars du circuit, elle prend confiance au fil des tours. Elle passe avec brio son premier test probant en quarts de finale en dominant la jeune Américaine Sloane Stephens. Euphorique à l'approche du but, elle ne laisse aucune chance à la Belge Kirsten Flipkens en demi-finale ni à l'Allemande Sabine Lisicki en finale et succède à Amélie Mauresmo, dernière Française titrée en Grand Chelem, déjà à Wimbledon en 2006.