Gasquet : "Face à Djokovic, j'avais l'impression d'être en surrégime"

Richard Gasquet a réussi une quinzaine parfaite... jusqu'à la fin du premier set de sa demi-finale face à Novak Djokovic. Volontaire et appliqué, le Français a lâché prise au pire des moments : quand il s'agissait de concrétiser ses bonnes intentions en donnant le coup d'accélérateur nécessaire pour les commandes du match. C'est le constat implacable qui ressort après sa défaite face à Novak Djokovic. Jusqu'au tie-break, le Français était-il en train de surjouer ? A l'entendre, la vérité n'est pas si loin. "J'étais toujours pris à la gorge. Je fais des coups incroyables pour me maintenir à 5 partout, un paquet de revers. C'est très dur de maintenir ce niveau contre lui qui est stable et qui retourne tout."

Comme face à Federer à Londres en 2007 ou encore Nadal à New York en 2013, le Français a une nouvelle fois constaté qu'elle était la différence entre un joueur brillant et un champion. "Il ne donne aucun point gratuit. Il sert très bien, fait très peu de fautes, cela rend les choses difficiles, a constaté "Richie". J'avais l'impression d'être en surrégime. Mais je n'ai pas de regret. J'ai fait le match que je devais faire, j'ai réussi à lâcher les coups. J'ai beaucoup mieux joué qu'à Roland-Garros. J'aurais aimé gagner le premier set. Cela ne fait pas tout, mais cela aurait rendu le match différent." A 4-4 notamment, il y a bien eu ce smash manqué alors qu'il menait 0/15 sur le service du Serbe. Et puis surtout, ce jeu décisif où il a commis quatre fautes, alors qu'il n'avait donné qu'un seul point dans les douze premiers jeux.

"Il perd contre un 'Djoko' légèrement supérieur, s'est emballé Arnaud di Pasquale, directeur technique national. Cela doit lui faire prendre conscience de ce qu'il doit faire pour battre 'Djoko', (Andy) Murray, (Roger) Federer demain." "J'ai trouvé Djokovic très fort, je ne l'ai pas trouvé gêné par quoi que ce soit physiquement, a tempéré Arnaud Clément, capitaine de Coupe Davis. Il a su profiter à chaque fois des quelques petites erreurs de Richard en début de set pour pouvoir tout de suite breaker et lui mettre beaucoup de pression."

"Baisser le ratio fautes directes/coups gagnants, c'est ce qu'il doit faire tout au long de l'année pour avoir plus l'habitude de ce genre de matches", a souligné justement Lionel Roux, entraîneur de l'équipe de France de Coupe Davis. "Il m'a manqué un gros service, a aussi estimé Gasquet qui a servi 51% de premières balles contre 76% pour son adversaire. C'est la clé contre des joueurs comme lui. Il faut servir incroyablement bien. Frapper avec 5 ou 6 km/h de plus, cela ne me ferait pas de mal." "Dès qu'il a eu des balles de break à défendre, il a claqué les bonnes premières (balles) au bon moment", a rebondi encore Lionel Roux.

Vendredi, c'est incontestablement l'expérience du numéro un mondial et tout son savoir-faire pour tuer le match qui ont fait la différence. Des arguments que le Français ne peut avoir en besace, lui qui a buté 16 fois sur 19 en huitièmes de finale des tournois majeurs. "C'est ma troisième demi-finale en Grand Chelem. Je suis près mais pas prêt en même temps, plaide Gasquet. Il te reste peu de matches, mais à chaque fois les meilleurs sont là. Maintenant, il faut être capable de battre ces mecs-là. Si je veux revenir dans les dix premiers mondiaux et gagner contre des joueurs comme ça, c'est le tennis que je dois faire : avancer, frapper dans la balle et éviter de trop contrôler avec du lift."

Richard Gasquet repartira de Londres avec au moins la satisfaction d'avoir réalisé un très bon Wimbledon. Physiquement et mentalement, le Français s'est amélioré, ce qui lui a permis de signer des victoires sur Grigor Dimitrov, Nick Kyrgios et Stan Wawrinka, trois clients dans des matches au meilleur des cinq sets. Mais pour donner une note inoubliable à son parcours, il aurait fallu une victoire qui dépasse l'entendement. Mais Novak Djokovic ne l'entendait pas de cette oreille. Et Eric Winogradsky, DTN adjoint, de conclure : "Aujourd'hui, il a tout simplement perdu contre quelqu'un de plus fort que lui sur la durée. Le plus important pour lui maintenant, c'est de continuer à travailler dans cet état d'esprit."