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Jouer sur gazon, la parenthèse enchantée de la saison

Patrick Mouratoglou

Mis à jour 28/06/2015 à 13:29 GMT+2

Tous les joueurs n'aiment pas jouer sur gazon. Mais la plupart voit arriver cette partie de saison avec joie, même si celle-ci n'est plus qu'une parenthèse sur le circuit. Mais la tradition persiste : même s'il n'y a plus que Wimbledon pour la fouler en Grand Chelem, le gazon demeure une surface unique aux caractéristiques particulières.

Novak Djokovic goûte le gazon de Wimbledon après sa victoire en 2014

Crédit: Panoramic

A l’orée du lancement du troisième tournoi du Grand Chelem de la saison, ici à Londres, l’occasion nous est donnée de faire le point sur cette surface si particulière qu’est le gazon et de nous questionner sur la place qu’il tient désormais sur l’échiquier du tennis mondial.
Première remarque : L’utilisation du gazon n’est aucunement remise en question, et cette surface a conservé toute sa légitimité. Wimbledon représente LA tradition, l’histoire de notre sport. Personne n’oserait imaginer ce tournoi du Grand Chelem sur une autre surface. Dans leur ensemble, les joueurs ont tendance à se réjouir au moment de débuter leur tournoi à Londres.
Deuxième remarque : Malgré les efforts consentis pour atténuer les différences entre cette surface et le ciment américain, l’herbe continue malgré tout de présenter des particularités qui en font une surface difficile à dompter ou au contraire, facilitante pour certains styles de jeu. Oui, les instances internationales ont clairement opté pour un ralentissement du gazon.
Une variété d’herbe particulière a été créée, puis plantée (avec des brins beaucoup plus proches les uns des autres), avec un résultat assez parlant. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer l’usure des courts lorsque l’on atteint la seconde semaine, à celle d’il y a quinze ans pour constater que le jeu ne se pratique plus avec de nombreuses et régulières intrusions proche du filet, mais bien derrière la ligne de fond de court. La tendance actuelle est indiscutable.
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Court central de Wimbledon - 2014

Crédit: Panoramic

Troisième remarque : Cependant, en dépit de ce ralentissement, le gazon demeure une surface unique aux caractéristiques particulières. C’est sur cette surface que Isner et Mahut réalisent le plus long match de l’histoire du tennis, que Ivo Karlovic bat le record du nombre d’aces durant un match au meilleur des trois sets, enfin que des joueurs relativement discrets tout au long de l’année, réapparaissent au premier plan (Mahut, Baghdatis, pour n’en citer que deux).

La transition terre battue-gazon est l’une des plus difficiles à réaliser tant ces surfaces sont opposées à de nombreux égards

Les spécificités du gazon sont réelles et avantagent clairement certains types de jeu et donc certains profils de joueurs. Cette surface réagit particulièrement bien à deux qualités de balles : le slice au service (mais également au chop de revers), et les balles frappées à plat. Le service slicé, dont l’effet latéral a pour conséquence de faire s’échapper la balle vers la droite (pour les droitiers), est très difficile à retourner sur gazon lorsqu’il est bien exécuté car il reste très bas après le rebond, et son effet latéral est décuplé. Il accélère dès l’impact au sol, et s’échappe très vite vers l’extérieur. Les balles frappées à plat ont tendance à fuser, restant très proches du sol et accélérant également beaucoup au contact du gazon.
Conséquence : les grands serveurs, ceux qui non seulement sont précis, mais également maîtrisent les différents effets sont très difficiles à breaker. Isner, Karlovic, Feliciano Lopez pour citer les meilleurs d’entre eux, mais également Novak Djokovic ou Roger Federer, certes, moins impressionnants en termes de nombre d’aces réalisés, mais tellement efficaces après leur première balle !
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John Isner, Nicolas Mahut

Crédit: Imago

Enfin, le gazon favorise également les relanceurs/contreurs, ceux qui savent et aiment utiliser la vitesse de balle adverse et s’en servir pour l’accélérer de nouveau. Parce que, sur gazon, la balle prend de la vitesse au contact du sol et vient vers le joueur rapidement, mais aussi parce que les balles frappées avec peu d’effet voient leur vitesse incrémentée par la surface, alors les contreurs du type Baghdatis sont favorisés et savent tirer un profit total de la situation.
La transition terre battue-gazon est bien entendu l’une des plus difficiles à réaliser tant ces surfaces sont opposées à de nombreux égards. Je vois personnellement la semaine supplémentaire qui a été octroyée cette année entre les deux événements comme une excellente initiative. C’est la qualité du jeu qui sera pratiquée à Wimbledon qui en sera le grand gagnant.
Cette surface gagnerait-elle à être plus utilisée sur le circuit, comme elle l'était autrefois lorsque trois tournois majeurs sur quatre étaient sur gazon jusqu'en 1974 ? Elle le mériterait sans aucun doute, mais les Grands Chelems et les Masters 1000 mènent la danse. Ils imposent les surfaces de jeu auxquelles les joueurs doivent s’acclimater. L’US Open arrive vite après Wimbledon, et les gros tournois de préparation que sont Cincinnati et l’Open du Canada se disputent sur dur. Pas facile d’imaginer prolonger la saison sur gazon...
La terre battue a ses adeptes, le gazon également. On pourrait imaginer à certaines périodes creuses de l’année un mini-circuit sur gazon. Le problème de cette surface est l’ensemble des contraintes qu’elle impose. Un climat tempéré, une utilisation totalement contrôlée car la surface s’use très vite lorsqu’elle est utilisée avec intensité et régularité. Certes, les deux, trois semaines qui suivent Wimbledon pourraient être utilisées pour prolonger le circuit sur gazon. Pour le moment, c’est la seule option envisageable…
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