Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Nouvelle patronne du tennis français, Caroline Garcia a réussi son pari

Alexandre Coiquil

Mis à jour 09/10/2017 à 10:08 GMT+2

WTA PEKIN - Vainqueur du plus grand titre de sa carrière, dimanche face à Simona Halep, Caroline Garcia a réalisé en Asie la tournée la plus prolifique de sa vie de sportive et redéfini les contours d'une carrière qui semblait stagner en début d'année. En choisissant de mettre de côté la Fed Cup et le double, la Lyonnaise a réussi un pari personnel payant. Une décision charnière.

Caroline Garcia à Pékin 2017

Crédit: Getty Images

Garcia, pari gagnant pour une virtuose. Engagée dans une saison 100% personnelle en 2017, la Française a récolté les fruits d'un choix aussi fort que contesté. En s'adjugeant à 23 ans les deux plus grands titres de sa carrière. Ces deux premiers trophées d'importance, la Lyonnaise a réussi l'exploit de les remporter consécutivement grâce à une série folle de onze succès de rang, tout y ajoutant la manière et des victimes de choix. Une véritable rupture. Surtout, un accomplissement qui a tout de l'acte fondateur.
Ce passage victorieux en Asie a en tous cas complètement relancé un parcours que l'on pouvait qualifier de stagnant en début d'année après trois saisons passées dans le top 40. C'est principalement, au printemps où les résultats se faisaient encore attendre après les résolutions de fin 2016, que le doute s'était installé. Touchée au dos avant d'aborder la saison sur terre battue, la droitière n'en menait d'ailleurs pas large et a dû apprendre l'art de la patience. Son point de départ a eu lieu à Roland-Garros où elle a disputé son tout premier quart de finale en Grand Chelem. Un déclic avant tout psychologique, en témoigne sa réconciliation actée avec le court central parisien qu'elle n'avait jamais réussi à appréhender auparavant.
picture

Face à la puissante Pliskova, Garcia s'est heurtée à un mur : son élimination en vidéo

Quand je joue en équipe de France, je me donne au maximum, parfois je le paie un peu après
L'acte fondateur de son éclosion remonte pourtant au mois de janvier, en effectuant le choix de mettre de côté une Fed Cup trop coûteuse en énergie. Pointée du doigt par ses coéquipières après l'annonce de son forfait face à l'Espagne à cause de son dos - le nouveau règlement de la FFT implique d'honorer une sélection sous peine de sanction -, la droitière avait subi un véritable contrecoup psychologique suite à une guerre diplomatique qui avait pris des proportions insoupçonnées. Sûre d'elle, la Rhodanienne a toujours assumé sa volonté de se recentrer sur elle-même. Quitte à déplaire.
"J'ai envie de tenter un autre chemin, de passer un cap du point de vue individuel et d'alléger un peu le programme", avait-elle expliqué lors de l'Open d'Australie. "Je ne sais pas si ça va marcher, mais c'est l'option qu'on prend. C'est une compétition qui demande beaucoup d'énergie mentale et physique. Quand je joue en équipe de France, je me donne au maximum, je donne tout ce que j'ai et parfois je le paie un peu après."

Une digne relève de Bartoli

Cette décision importante avait été suivie d'une autre, tout aussi forte : celle d'arrêter de jouer les compétitions de double avec Kristina Mladenovic, son amie avec qui elle avait pourtant remporté Roland-Garros et perdu la finale de l'US Open en 2016. Associé avec succès, le duo "Kiki-Caro", brisé en février, n'a lui non plus pas survécu au changement de direction que s'est imposé Garcia.
Les deux joueuses, qui incarnent le futur du tennis français, ont d'ailleurs vu leur courbe de forme se croiser après Roland-Garros. Blessée à un genou depuis juin, Kristina s'est engluée dans une incroyable spirale de défaites et ne voit plus le jour après un début d'exercice canon. Caroline a, quant à elle, construit son ascension pas à pas, avant de trouver la formule gagnante en Asie et de jouer le tennis de sa vie. Mladenovic - Garcia, c'est aussi l'histoire d'une passation de pouvoir indirecte.
picture

Caroline Garcia et Kristina Mladenovic en 2016

Crédit: Getty Images

En trois semaines, la Lyonnaise, qui a débuté son périple vers les cimes avec un quart de finale à Tokyo avant de claquer le premier doublé Wuhan - Pékin de l'histoire du tennis féminin, a donc fait un bond de géant et complètement redessiné sa saison, et la suite de sa carrière. Désormais n°1 française devant Mladenovic, Garcia, désormais à la 9e place mondiale, est devenue la première joueuse de l'Hexagone, depuis Marion Bartoli, à intégrer le Top 10 à la WTA depuis quatre ans, elle a gagné un nouveau statut. Celui d'une patronne en puissance.
Après quatre années de pénitence, le tennis français a trouvé en elle sa nouvelle leader. Car accéder au Top 10 n'est pas un acte symbolique, c'est la confirmation de quelque chose. Garcia est la huitième Française de l'histoire à réaliser cette performance toutes époques confondues (après Amélie Mauresmo, Mary Pierce, Nathalie Tauziat, Julie Halard, Sandrine Testud, Marion Bartoli et Françoise Dürr, la pionnière même si le classement féminin n'était que virtuel à son époque). "C'est une étape dans une carrière, mais j'ai beaucoup d'autres objectifs. Ça va me motiver pour travailler encore plus dur", a-t-elle souligné.

Murray avait tout vu avant les autres

La Lyonnaise pourra d'ailleurs trouver un point de repère en Marion Bartoli. Joueuse tricolore la plus constante de la dernière décennie, la joueuse du Puy-en-Velay avait, elle, réussi à prendre la relève du duo Amélie Mauresmo - Mary Pierce avec efficacité en restant près de six années dans le Top 20 et en terminant les saisons 2007 et 2011 au sein du Top 10. Une performance majuscule si on la prend avec beaucoup de recul. Virtuellement qualifiée pour le Masters, Garcia essaiera également de succéder à la vainqueur de Wimbledon 2013, dernière Française à avoir disputé la compétition en fin de saison 2011.
En analysant à ce qui ressemble à une explosion contrôlée, mais réalisée à un âge charnière (à presque 24 ans), impossible de ne pas repenser aux écrits d'un certain Andy Murray. Impressionné par le niveau de jeu de Caroline Garcia un beau jour de mai 2011, lors du 2e tour de Roland-Garros disputé par la Française face à Maria Sharapova sur le court Philippe-Chatrier, le Britannique avait écrit sur Twitter que la 9e mondiale trusterait bientôt les sommets du circuit féminin. "Vous l'aurez lu en premier ici", disait le joueur de Dunblane. Prophétiquement ? L'avenir le dira.
Caroline Garcia, que le grand public avait découvert lors de cet immense combat perdu face à Sharapova, n'est pas encore la patronne du tennis féminin, un objectif beaucoup plus lointain, impossible à atteindre en 2017. Mais six années après le message prémonitoire de Murray, un observateur avisé du tennis féminin, la Française a démontré qu'elle avait bien le tennis pour faire partie des cadors et non rester un éternel espoir. En Chine, elle a probablement pris le train au meilleur des moments. Restera à réussir le plus dur, confirmer cette explosion-éclair et transformer l'essai en Grand Chelem. Car en tennis rien n'est jamais acquis, la chute succédant facilement aux succès. Mais voilà des défis à sa nouvelle mesure.
picture

Caroline Garcia embrasse son trophée après son titre à Pékin

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité