Duo Desjoyeaux-Gabart

Depuis une quinzaine de jours, Michel Desjoyeaux a posé ses valises à Barcelone. Le skipper Foncia, 6e de la dernière Route du Rhum, se prépare à prendre le départ de la Barcelona World Race, le 31 décembre prochain. Pour la 2e édition de cette course autour du monde en double sur des monocoques 60 pieds, Desjoyeaux est à pied d'oeuvre. Il lui faut peaufiner les réglages de son bateau mais aussi avec celui qui partagera sa vie durant près de trois mois : François Gabart. Le jeune marin de 27 ans, 2e de la dernière Solitaire du Figaro et Champion de France de Course au Large 2010, s'élancera autour du monde avec son ainé, convaincu de son potentiel après des résultats 2010 remarqués. "Je me suis décidé au mois de mai, raconte Desjoyeaux. On a pu repérer ses qualités depuis deux ans qu’il naviguait à Port-la-Forêt sous les couleurs de la Région Bretagne. Ça se passe vraiment bien."

Pour François Gabart, naviguer avec Desjoyeaux représente forcément quelque chose de spécial. "C’est un rêve d’aller faire un tour du monde. Qui plus est sur un bateau neuf avec la personne qui est la référence en matière de course au large", affirme-t-il. Aux côtés du double vainqueur du Vendée Globe, il aura forcément droit à un apprentissage accéléré. Mais lui aussi aura la possibilité dans les années à venir de se mesurer aux meilleurs en solitaire. Le natif de Saint-Michel d’Entraygues vient en effet de signer pour quatre ans avec Macif pour un programme comprenant entre autres le Vendée Globe et la Route du Rhum.

Mais avant de connaître la solitude, les deux hommes partageront leur intimité pendant près de trois mois. "On a beaucoup de choses à voir pour bien se préparer et trouver nos marques pour le départ", constate Gabart. Arrivés le 9 décembre à Barcelone, lui et Desjoyeaux ont déjà eu l'occasion de multiplier les sorties en mer. "Plus on arrivera à naviguer d’ici le départ, mieux ce sera. D’autant qu’en début de course, nous passerons beaucoup de temps à deux sur le pont. La Méditerranée, c’est toujours spécial, il y a souvent beaucoup de manœuvres à faire et peu de repos, analyse Desjoyeaux. Maintenant, il va falloir passer trois mois en mer ensemble et personne ne peut préjuger de comment les choses se passeront."

Pour préparer au mieux cette longue période à deux et faire en sorte que tout se passe pour le mieux, chacun a adopté sa méthode. "Je sais que Michel est déjà très impliqué dans tout, poursuit Gabart. De mon côté, j’ai aussi besoin de prendre un peu de temps, de m’isoler, pour aller courir par exemple. C’est important au niveau mental et physique de pouvoir se concentrer sur la course sans être lié aux contraintes extérieures…" Vendredi prochain lorsqu'il s'agira de prendre le départ dans le port de Barcelone, le jeune skipper aura alors le regard tourné vers l'horizon et peut-être le ventre un peu noué. "Je suis juste en train de réaliser que je pars faire un tour du monde. Ce n’est pas rien…", conclut-il.