Championnats du monde d'athlétisme - Karsten Warholm est-il redevenu le roi du 400 m haies ?

2022, Eugene. Karsten Warholm est auréolé d’un titre olympique glané l’année passée au terme d’une course historique, tout simplement le 400 m haies le plus rapide de toute l’histoire. Le Norvégien (45”94 en finale à Tokyo) est alors au sommet de son art. Malheureusement pour lui, une blessure vient couper son élan quelques mois avant les Mondiaux d’Eugene (Etats-Unis). Résultat, le champion olympique explose dans la dernière ligne droite de la finale des Championnats du monde et ne se classe que 7e (48”42).

Un an plus tard, le décor a bien changé. Karsten Warholm arrive à Budapest avec une forme exceptionnelle. Ces derniers mois, il a multiplié les victoires et les grosses performances, passant notamment deux fois depuis juin sous la barre des 47 secondes. A Monaco, le 21 juillet dernier, l’ogre norvégien a même signé la 4e meilleure performance mondiale de tous les temps en 46’’51.

"Il a fait sa première course de l'année déjà en 46"50. Quand il a fait sa rentrée à un tel chrono et que derrière il est resté quasiment au même niveau pendant un mois, cela veut dire que 46"50 c'est son niveau de base et c'est le niveau qu'il aura a minima aux Mondiaux, certifie Stéphane Caristan, ancien hurdler et consultant pour Eurosport. Donc il faudra être en très grande forme pour l'inquiéter."

Contrairement à l’année dernière, Warholm bénéficie d’une préparation optimale, sur une courbe ascendante qui pourrait le porter vers les sommets mondiaux. Déjà double champion du monde en plein air, le Scandinave s’est également exercé sur le 400 m plat, devenant d’ailleurs pour la deuxième fois de sa carrière champion d’Europe en salle de la discipline.

Mais en Hongrie, le Norvégien ne sera pas seul à briguer la couronne mondiale, même s'il a évité de peu une disqualification après avoir franchi une haie de manière limite en demi-finale. Le plus grand rival de Warholm est Américain. Vice-champion olympique à Tokyo et vice-champion du monde à Eugene, Rai Benjamin arrivera couteau entre les dents pour tenter de s’adjuger un premier titre mondial en individuel.

Cette saison, le New-Yorkais ne fait que s’améliorer au fil de ses sorties. Une progression rassurante qui l’a même porté jusqu’à un chrono de 46”62 en finale des championnats US à Eugene début juillet. Outre Benjamin, Warholm devra aussi se méfier du champion du monde en titre Alison Dos Santos. Bien qu’il revienne de blessure, le Brésilien a couru en 47”66 à Monaco.

"Warholm est un homme de championnats, mais il y aura de l'opposition, assure Stéphane Caristan. Rai Benjamin n'est pas très loin dans l'absolu et le champion du monde Alison Dos Santos a fait une seule course et à mon avis il sait ce qu'il doit travailler, il a eu un mois pour ça. Il sera peut-être un peu juste mais on va avoir encore un gros 400 m haies aux Mondiaux."

Le podium pourrait donc ressembler fort à celui des Jeux Olympiques de Tokyo, même si quelques outsiders aimeraient s’y glisser. Le Français Wilfried Happio ne fera pas partie des prétendants, lui qui a été éliminé en demi-finale.

Mais au-delà de la course au titre, la course au record se jouera aussi certainement. Stéphane Caristan explique : "Le championnat se suffit à lui-même pour un éventuel record. Quand on est aux Mondiaux et qu'on s'appelle Warholm, on va partir comme un avion de chasse et essayer de tenir le plus longtemps possible. Il fera chaud donc ce sont de bonnes conditions. Si en plus la piste est rapide et le public chaud bouillant, on pourrait voir un nouveau chrono en-dessous des 46 secondes." Tous les éléments sont réunis pour une nouvelle course épique.