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Basket - Betclic Élite : Un an après avoir brillé avec Victor Wembanyama, Boulogne-Levallois vit un calvaire

Raphaël Brosse

Mis à jour 13/04/2024 à 16:11 GMT+2

En 2022-23, Boulogne-Levallois se hissait en finale du championnat, dans le sillage du phénomène Victor Wembanyama et du fol engouement qu’il provoquait partout sur son passage. Un an plus tard, les Mets 92, bons derniers, sont sur le point d’être relégués en Pro B. Autopsie d’une violente dégringolade qui, à y regarder de plus près, n’est pas si surprenante que cela.

Tevin Brown (Boulogne-Levallois) perd l'équilibre face à Noam Yaacov (ASVEL), le 3 décembre 2023. / Betclic Élite

Crédit: Imago

Il y a un an, Boulogne-Levallois, c’était ça. Une équipe capable de tracer sa route jusqu’en finale de Betclic Élite, avant de buter sans démériter sur Monaco. Une équipe qui, portée par Victor Wembanyama et la folle hype qui l’accompagnait, avait pris l’habitude de se produire dans des salles bondées, délocalisant même des rencontres à l’Accor Arena ou à Roland-Garros, sans oublier un crochet par Las Vegas et des matches diffusés dans le monde entier par la NBA. Bref, il y a un an, Boulogne-Levallois, c’était tout simplement l’équipe la plus suivie du basket français.
Douze mois plus tard environ, le contraste est pour le moins saisissant. Désormais orphelins de leur joyau, choix n°1 de la draft NBA 2023 et parti du côté de San Antonio, les Metropolitans 92 se morfondent dans les profondeurs du classement. Bon derniers, avec seulement quatre victoires en 28 journées, ils traversent une saison cauchemardesque. La relégation en Pro B, qui pourrait être mathématiquement actée dès ce week-end, paraît inéluctable. La chute est brutale. Mais certainement pas inexplicable.
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Boulogne-Levallois et Victor Wembanyama se sont qualifiés pour les demi-finales du championnat de France de basket en écartant Cholet

Crédit: Getty Images

Effectif bâti à la va-vite et staff mal articulé

Bien que préjudiciable sur le plan sportif, le vide laissé par Wemby n’est évidemment pas la seule raison d’un tel fiasco. Tout d’abord parce qu’au-delà de l’international français, Boulogne-Levallois a connu une vague importante de départs. De Bilal Coulibaly (drafté par les Washington Wizards en 7e position) à Devante Jones, en passant par TaShawn Thomas ou Armel Traoré, c’est la quasi-totalité de l’effectif qui s’est volatilisée. À tel point que fin juillet, il n’y avait plus qu’un seul joueur sous contrat, à savoir Lahaou Konaté.
Le club alto-séquanais a pris beaucoup de retard dans son recrutement estival - on y reviendra - mais a tout de même réussi à attirer des joueurs expérimentés, tels qu’Abdoulaye Loum ou Axel Toupane, ainsi que de jeunes Américains au potentiel intéressant (Fabian White, Tevin Brown). Pas de quoi, cependant, séduire les observateurs. "Sur la ligne de départ, on savait tous que ça n’irait pas bien loin, avoue Gabriel Pantel-Jouve, rédacteur en chef de BeBasket et suiveur assidu du championnat hexagonal. L’équipe a été construite à la va-vite, en proposant des salaires élevés. Certains joueurs n’ont pas été au niveau, d’autres ont été des erreurs de casting."
Le staff a lui aussi été remodelé à l’intersaison. Pour succéder à Vincent Collet, désireux de se concentrer sur l’équipe de France avant les Jeux Olympiques, les dirigeants des Mets ont confié les rênes de l’équipe première à Laurent Foirest. L’ancien adjoint du sélectionneur emblématique des Bleus n’a toutefois pas réussi à imposer sa patte et a été poussé vers la sortie fin novembre, après une seule victoire en douze matches. "Le staff, c’était sans doute la chose la moins bien articulée. Sans manager général, il faut un coach qui sait où il va, qui peut taper du poing sur la table de ses dirigeants. Ça n’a pas été le cas", souligne Gabriel Pantel-Jouve.

Pas d'institution, moins de volontarisme politique

Jean-Paul Besson a pris le relais. Sans réussir à enrayer la terrible spirale de résultats, ni à inverser la dynamique d’un exercice qui a parfois frisé le ridicule. Fin janvier, le meneur Jordan Theodore - courtisé par un club espagnol - a plié bagage au beau milieu de l’entraînement. Alen Omic lui a rapidement emboîté le pas et la formation francilienne s’est retrouvée dans une situation précaire, allant même jusqu’à faire planer la menace d’un forfait général pour manque de joueurs. "L’institution est inexistante, résume Pantel-Jouve. Or, sans institution, ce n’est pas possible de survivre dans la ligue la plus dense d’Europe."
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Laurent Foirest a été "déchargé de ses missions d'entraîneur principal" de Boulogne-Levallois

Crédit: Imago

On touche probablement là à la principale fragilité de Boulogne-Levallois, fruit d’une fusion actée en 2019. "C’est un club très politique", poursuit le rédacteur en chef de BeBasket, qui rappelle que Pierre-Christophe Baguet, le maire (LR) de Boulogne-Billancourt, a porté cette structure pendant plusieurs années. Il a placé son ami, l’ex-sélectionneur national Alain Weisz, au poste de directeur sportif, et rapidement affiché de belles ambitions. Mais ça, c’était avant que son projet de construction d’une nouvelle salle de 5 000 places ne suscite une vive opposition locale et ne s’enlise dans les méandres de la justice administrative.
Si les Mets 92 ont mis un temps fou à lancer leur mercato l’été dernier, c’est tout simplement parce qu’il y avait un trou à combler dans le budget et qu’il n’était pas certain qu’ils puissent participer à la saison 2023-24. "On est à 4 millions d’euros ou 4,5 millions d’euros, mais il nous manque 2 millions d’euros pour repartir", alertait à l’époque Luc Monnet, président du conseil d’administration de Boulogne-Billancourt Sport Développement, dans un entretien accordé au Parisien. "Avec la finale et l’engouement suscité, le maire a accepté de continuer. Mais il était déjà partisan d’une disparition du club", avance Gabriel Pantel-Jouve.

La descente, et ensuite ?

Dès l’été 2022, des projets de fusion avec le Paris Basketball et Nanterre avaient d’ailleurs été mis sur la table, sans aboutir. La folle saison réalisée dans le sillage de Wembanyama n’a donc été qu’une parenthèse aussi inattendue qu’enchantée, qui n’a fait que retarder l’effondrement d’un édifice fragile sur ses bases et lézardé par des fissures de plus en plus visibles. À quoi faut-il s’attendre, maintenant que la relégation en Pro B est une quasi-certitude ? En février, Philippe Ausseur, le président de la LNB, révélait au Parisien que les dirigeants des Metropolitans avaient prévu de "monter un projet", en passant "sans doute par l’ouverture du capital."
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Les joueurs de Boulogne-Levallois autour de Jean-Paul Besson, leur entraîneur. / Betclic Élite

Crédit: Imago

Une autre hypothèse existe, en cas de désengagement de Boulogne-Billancourt. Selon des sources concordantes, la section basket du Levallois SC, deuxième de sa poule en National 2, pourrait reprendre le flambeau en Pro B. Ce serait peut-être la meilleure chose à faire, pour tourner la page d’une fusion ambitieuse mais à l’équilibre bancal. Et redonner le sourire au public du palais des Sports de Marcel-Cerdan, si peu gâté cette saison.
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