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Après sa victoire contre l'Espagne, le basket français tient son monument

Laurent Vergne

Mis à jour 11/09/2014 à 12:21 GMT+2

L'équipe de France de basket a accompli une performance d'une ampleur inégalée pour elle en battant l'Espagne mercredi soir. Elle a changé de dimension comme, jadis avant elle, le onze tricolore, le XV de France ou les handballeurs avaient su le faire. Retour sur ces références majuscules.

L'exploit des basketteurs tricolores restera dans les annales

Crédit: AFP

A l'occasion du 30e anniversaire de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros, la dernière d'un Français en Grand Chelem, nous avions établi un classement des 100 plus grands moments du sport français sur la période 1983-2013. Nul doute que, si nous prolongions au fil du temps ce classement, la victoire des basketteurs tricolores mercredi contre l'Espagne viendrait y trouver sa place. Les Bleus de Vincent Collet ont écrit, tout simplement, une page de légende du grand livre du sport français.
Une de celles qui marquent durablement. Il n'y a aucun doute là-dessus. Une performance qui manquait sans doute, dans sa dimension émotionnelle, au basket français. Malgré l'Euro 2013. C'était un frisson plus fort encore. Comme leurs copains du foot, du rugby ou du hand. Voici, dans ces quatre sports, les moments d'anthologie, ceux qui font date. Dans cette joyeuse et glorieuse guirlande, le France-Espagne de mercredi se rapproche sans doute, plus que de tout autre, de la victoire du XV de France face aux Blacks à Twickenham en 1999. Pour trois raisons :
1. Parce que personne, à part eux-mêmes, ne pensait cet exploit possible.
2. Parce que la différence de niveau entre les deux équipes, sur le papier, semblait trop importante.
3. Parce qu'il n'y a pas de titre au bout. Pour l'instant, les Bleus n'ont rien gagné en Espagne. Pas même une médaille. Mais quoi qu'il arrive d'ici dimanche, ce moment laissera une trace énorme.

RUGBY – Le monument de Twickenham

Coupe du monde 1999
Demi-finale
Victoire de la France 43-31
Si vous aimez le rugby, il est probable que vous vous souvenez où et avec qui vous étiez ce 31 octobre 1999 dans l'après-midi, où les Bleus ont infligé un surréaliste 33-0 en une demi-heure à des Blacks déboussolés. Ce jour-là, un gigantesque éclair bleu a déchiré la grisaille de l'automne londonien. Ce jour-là, la lumière est venue de deux Christophe, Dominici et Lamaison. Mais aussi d'Ibanez. De Pelous. De Benazzi. De Magne. De Dourthe et de tous les autres. Ce jour-là, même les Anglais ont fini par aimer l'équipe de France, parce qu'il n'était pas possible de faire autrement. Ce jour-là, Jonah Lomu était encore la plus grande star du rugby mondial. L'ailier néo-zélandais devait détruire son vis-à-vis, Philippe Bernat-Salles, qui donnait l'impression ne pas pratiquer le même sport que lui.
Ce jour-là, Lomu effectivement fit très mal aux Français, mais le dernier mot fut pour le gringalet tricolore, auteur de l'ultime essai. Ce jour-là, on vit Pierre Villepreux avoir les yeux imbibés de larmes de bonheur en plein match. Le bonheur à la fois simple et absolu de voir concrétiser sur le pré le match idéal, comme une sorte d'absolue atteint par ses joueurs. Ce jour-là, la France a battu la Nouvelle-Zélande en demi-finale de la Coupe du monde On leur avait promis l'enfer et la pire des déroutes, ils en ont fait leur nirvana via la plus marquante des victoires. Certes, cette victoire, comme celle de Cardiff en 2007, fut un aboutissement, et non une simple marche vers la gloire. Dans les deux cas, le XV tricolore a chuté sur l'obstacle suivant (en finale contre l'Australie en 1999, en demie face à l'Angleterre il y a sept ans). La victoire de 1999 vaut-elle un titre mondial? Bien sûr que non, si l'on s'en tient à la froideur des palmarès. Mais l'empreinte émotionnelle laissée par les Bleus ce 31 octobre 1999 n'en reste pas moins ineffaçable.
Mentions honorables :
  • Australie – France 1987 : La toute première Coupe du monde. Aux Antipodes, tout annonce une finale Nouvelle-Zélande – Australie. Mais en demi-finale, les Bleus de Fouroux battent les Wallabies, chez eux, à Sydney. Le "match des matches", comme le dira L'Equipe, avec l'essai du bout du monde de Serge Blanco, à l'ultime minute.
  • France – Nouvelle-Zélande 2007 : La Coupe du monde de tous les paradoxes pour les Français. Ils perdent trois fois au Stade de France et au Parc (match d'ouverture, demi-finale, match pour la 3e place) mais réussissent un exploit majeur… à Cardiff, en quart de finale, contre les Blacks en refaisant le coup de 1999. Malgré un début de match compliqué (ils sont menés 13-0), le comeback prend forme en seconde période sur la base d'une défense de fer.
  • Nouvelle-Zélande  - France 1979 : Les pionniers bleus. Ce 14 juillet 1979, la France dispute à Auckland le huitième test de son histoire en terre néo-zélandaise. Elle a perdu les sept premiers. Mais devant 60000 spectateurs médusés à l'Eden Park, les Bleus signent un exploit fondateur en s'imposant 24-19. Battre les Blacks, chez eux, c'était tout simplement impensable.
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Philippe Bernat-Salles

Crédit: AFP

FOOTBALL – Le 12 juillet 1998, évidemment

Coupe du monde 1998
Finale
Victoire de la France 3-0
Il y a eu des plus grands matches, des moments plus poignants, plus puissants émotionnellement. Sans doute. Mais aucun ne peut rivaliser avec l'impact global de celui-ci. C'est indépassable. Quel autre évènement a mobilisé un million de personnes sur les Champs-Elysées deux jours de suite? Du jamais vu depuis la Libération de Paris. Jamais le sport n'avait fédéré avec une telle ampleur en France. La portée de cette finale victorieuse a été d'autant plus forte qu'elle est survenue à domicile et que, d'autre part, c'était le Brésil en face. France-Brésil, l'affiche rêvée. Avant le tournoi, tout le monde l'espérait. Paradoxalement, cela restera comme le match le plus "facile" de la compétition à compter de la phase éliminatoire. Les deux têtes de Zidane, le but de Petit, l'envolée de Barthez au-dessus de Ronaldo… Tout cela appartient à l'histoire.
La suite, c'est une gigantesque fête, une communion jamais vue et qu'on ne reverra probablement pas. Parce que ce titre-là avait la force et le charme d'une première fois. La France a attendu 68 ans pour connaître une victoire en Coupe du monde. Dieu sait combien elle devra attendre pour goûter à nouveau ce parfum si particulier et si enivrant. Il n'y a pas grand-chose dans le sport qui puisse surpasser dans le monde moderne, en termes d'impact, une victoire dans une Coupe du monde de football. Oui, il y a les Jeux Olympiques. Mais pour un pays (pour les plus chanceux en tout cas), les Jeux, ce sont des dizaines de médailles, de multiples champions olympiques. Le Mondial, lui, consacre une seule équipe, celle-ci cristallisant sur elle tous les espoirs, joies et peines, selon son parcours. Le 12 juillet 1998, c'est LA date clé du sport français.
Mentions honorables
  • France-Espagne 1984 : Tiens, l'Espagne. Une date incontournable, parce que c'est le jour où le football français a compris qu'il pouvait gagner. Deux ans après un Mondial réussi en Espagne, les Bleus remportent l'Euro 1984 à domicile. Michel Platini, auteur de neuf buts en cinq matches, ouvre le score dans cette finale avec la complicité désormais légendaire de Luis Arconada.
  • France-Brésil 1986 : Le Brésil, déjà. Un match d'anthologie une ode au football. Le quart de finale de Guadalajara porte en lui la nostalgie d'un football brésilien perdu. C'est le dernier Brésil tel qu'on l'a aimé. Les Bleus l'ont enterré. Mais on ne leur en veut pas.
  • France-Italie 2000 : Le dernier grand titre du football français, pour un formidable doublé deux ans après le titre mondial. Un match terne, d'abord, puis mythique, avec ce scénario incroyable, l'égalisation de Wiltord à la dernière minute et le but libérateur de Trezeguet en prolongaion.
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Zinedine Zidane lors de la finale du Mondial 1998.

Crédit: AFP

HANDBALL – L'impensable quadruplé

Championnat du monde 2011
Finale
Victoire de la France 37-35 après prolongation
Cette fois, plus qu'un match en lui-même, c'est une lignée qu'il convient de mettre en avant. A travers un dernier match. Le France-Danemark de 2011 vaut pour lui-même mais plus encore en tant que dernier maillon d'une incroyable chaine. Le handball français a vécu tant de moments historiques ces vingt dernières années qu'il est difficile de faire le tri. C'est un problème de riches. Trop de pages glorieuses pour n'en retenir qu'une. Il y a eu les "Bronzés", par qui tout a commencé. Le premier titre mondial, celui des "Barjots" en 1995. Puis un autre, à la maison, oeuvre des "Costauds". Puis sont arrivés les "Experts", champions d'Europe, du monde et olympiques à gogo. Peut-être plus encore que leur deuxième titre olympique à Londres, c'est le fabuleux quadruplé, celui qui leur a permis d'entrer dans une galaxie dépassant de très loin les frontières du handball, qui restera.
Jugez plutôt: champions olympique en 2008, champions du monde en 2009, champions d'Europe en 2010 et à nouveau champions du monde en 2011. Une hégémonie de quatre années, sur quatre grandes compétitions aussi différentes que les J.O., l'Euro et le Mondial. La finale du Mondial 2011 face au Danemark, d'un suspense ébouriffant, compte parmi ces monuments. Le handball, pendant toutes ces années, a été un sport qui se joue à sept contre sept et où, inévitablement, la France gagne à la fin. Au-delà des résultats, il y a l'alchimie d'une incroyable somme de talents, de Karabatic à Omeyer, de Narcisse à Abalo, des frères Gille à Dinart. La somme d'individualités ne donne pas systématiquement une grande équipe. C'est le cas de ces Experts dont le surnom marketing traduit bien mal l'empreinte qu'ils ont laissé sur leur discipline. 
Mentions honorables (parmi tant d'autres)
  • Le Mondial 1995 : Parce que cela restera à jamais comme le premier titre de champion du monde obtenu par le sport français dans un sport collectif majeur. La validation pour l'équipe de Daniel Costantini de l'émergence entamée quelques années plus tôt avec le bronze olympique à Barcelone. 20ans après, la France est toujours une nation référence.
  • Le Mondial 2001 : Pour l'émotion du sacre à domicile, le seul du hand français au cours du dernier quart de siècle. Pourtant, les Français n'étaient pas favoris. La finale, dans un Bercy en feu, la victoire en prolongation, arrachée de justesse (comme contre l'Allemagne en quarts), reste un souvenir à part.
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Le titre mondial des Bleus en 2011.

Crédit: Panoramic

BASKET – Il y aura un avant et un après 10 septembre 2014

Coupe du monde 2014
Quart de finale
Victoire de la France 65-52
Longtemps, le basket français n'a brillé que par ses clubs, habitués aux honneurs européens. La donne s'est inversée avec l'avènement de la génération Parker ces 15 dernières années. Cela avait même commencé juste avant, avec la médaille d'argent des Jeux de Sydney en 2000. Les Bleus ont longtemps couru après un grand titre. Il est enfin arrivé l'an passé avec la victoire à l'Euro. Pourtant, quelque chose nous dit qu'au-delà du palmarès, quand il s'agira de se souvenir d'un moment, un seul, la victoire de mercredi soir à Madrid trouvera une place plus spéciale encore. Parce que cette soirée réunit tout ce qui fait un "grand moment". L'impact de l'évènement (une Coupe du monde), la nature de l'adversité (la grande Espagne), sans oublier le contexte : le fait d'être l'extérieur, face à ce qui est peut-être la plus grande équipe européenne de tous les temps et tout ça sans son meilleur joueur et leader Tony Parker.
Il y a là une dimension très française, celle d'un exploit qui devient justement exploit parce que la victoire n'était pas attendue. C'est, souvent, un point commun aux très grandes performances du sport tricolore, même si les handballeurs font un peu figure d'antithèse en la matière. Quoi qu'il arrive d'ici la fin du Mondial, qu'elle aille au bout ou qu'elle chute dès les demi-finales, l'équipe de France de basket tient son monument absolu, celui  qui lui manquait sans doute encore. Malgré la finale olympique de Sydney. Malgré le titre européen de l'an dernier. Parce que la France avait Parker en 2013, quand l'Espagne n'avait ni Pau Gasol, ni Juanca Navarrro, ni Serge Ibaka. Paradoxalement, cette performance hors normes, la France l'a donc accomplie sans sa figure tutélaire. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Même absent, Parker est la racine de tout cela. Son leadership et son culte de la victoire ont inculqué à ce groupe une volonté de fer et une force de conviction apte à soulever les plus hautes montagnes. Même sans lui. Et si c'était la plus belle victoire de Parker ? Ce France-Espagne, en tout cas, c'est un chef d'œuvre.
Mentions honorables
  • L'Euro 2013 : Le titre qui consacre la génération Parker-Diaw-Piétrus, de toutes les campagnes (ou presque) et de toutes les frustrations depuis le début du siècle. Une victoire face à l'Espagne (déjà), en demi-finale, puis une démonstration en finale contre la Lituanie effacent un début de tournoi compliqué.
  • L'argent olympique de Sydney : 48 ans après Londres, les Français montent à nouveau sur un podium olympique. Jean-Pierre De Vincenzi se prive de Tariq Abdul-Wahad (son seul joueur NBA à l'époque) et perd Yann Bonato sur blessure mais avec un esprit irréprochable, les Bleus se hissent en finale où ils tiennent tête aux Américains.
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Boris Diaw

Crédit: AFP

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