Génération dorée, collectif rodé, Gilgeous-Alexander en métronome : ce Canada a une bonne tête de prétendant

ParFabien Esvan

Mis à jour 06/09/2023 à 15:46 GMT+2

Il y avait longtemps que le Canada n'avait pas autant flambé. Quelconque, déprimante même voire absente lors de ses dernières grandes compétitions internationales, la troupe de Shai Gilgeous-Alexander s'est muée en candidate crédible au titre de champion du monde. Forts de leurs individualités, bagarreurs, les Canadiens peuvent rêver. Leur salut passe d'abord par la Slovénie de Luka Doncic.

"We're going to the Olympics baby !" La joie de RJ Barrett en zone mixte en disait long sur la bonne ambiance qui règne autour des Canucks. Vainqueur de l'Espagne dimanche dernier dans un match couperet pour la qualification en quart de finale (88-85), le Canada s'est assuré une première présence aux Jeux olympiques depuis 2000 et une première phase finale de Coupe du monde depuis 1982. Cette victoire, ô combien retentissante, était surtout une autre manière de taper du poing sur la table.

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Car les Road Warriors ne sont pas là par hasard. Débarqués en Asie avec un beau costume d'outsider bien taillé avant le début de la Coupe du monde, les Canadiens se sont octroyé une nouvelle étiquette, celle d'un candidat légitime au sacre. Après son "huitième de finale" tonitruant contre la Roja dimanche, la bande de Shai Gilgeous-Alexander a un nouveau défi de taille contre la Slovénie de Luka Doncic.

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Une génération dorée, la "famille" pour faire quelque chose de spécial

Bourrés de talents à tous les postes, les Canadiens se devaient de trouver une alchimie pour confirmer les promesses. C'est cette effervescence que Jordi Fernandez et son staff s'attèlent à développer pour amener leurs ouailles le plus loin possible. "Il y a beaucoup de talent, mais le succès ne se fait pas du jour au lendemain. Notre objectif est de construire quelque chose de solide à long terme", confiait-il à El Pais fin août.

Débarqué à la tête de la sélection il y a quelques semaines à peine en remplacement de Nick Nurse, le technicien espagnol de 40 ans, assistant de Mike Brown aux Kings, a très vite posé sa patte et su trouver les mots justes pour rassembler ses ouailles. "Ajouter les talents individuels n’est pas une garantie de succès. Notre volonté première est de créer une équipe, avec la bonne alchimie et qui soit compétitive."

Mais s'ils sont forcément encore en train de se jauger tous ensemble, RJ Barrett et consorts se connaissent pourtant très bien. Quasiment tous issus du bassin de Toronto et nés pour la majorité à la fin des années 2000, à l'exception des vétérans Kelly Olynyk, Dwight Powell et Melvin Ejim, les jeunes Canucks se sont tous côtoyés sur les parquets pendant leur jeunesse. "On s'est tous croisés quand on était jeune, on a joué les uns contre les autres. C'est une famille et tout le monde est ici pour gagner et faire quelque chose de spécial pour le pays", martelait Dillon Brooks lors du camp d'entraînement.

Dillon Brooks avec le Canada lors d'un match contre la France à la Coupe du monde de basket-ball en 2023

Crédit: Getty Images

Défense et intensité comme étendards

Qualifié pour les quarts de finale de la Coupe du monde, le Canada réussit pour l'instant son pari. Son pedigree et ses qualités le permettent. "Je pense que jouer vite, défendre, montrer qu'on est une équipe défensive et mettre l'accent sur tout ça, c'est ça notre identité. Il y a aussi le pouvoir des stars. Tout le monde se fond bien dans ce collectif et on peut montrer de belles choses", lançait Nickeil Alexander-Walker en amont du Mondial.

Offensive avec le troisième meilleur ratio points par match de la compétition (95,4) juste derrière les Etats-Unis et la Serbie, Team Canada rayonne dans le jeu de transition. Sa capacité à imprimer le rythme en fait l'une des équipes les plus redoutables depuis le début de la compétition. Ajoutez à cela un matériel défensif conséquent avec des garçons confirmés de la grande ligue dans l'exercice comme Luguentz Dort et le "super vilain" Dillon Brooks et la base a fière allure.

Pourtant, les Canadiens jouent aussi avec le feu. La piqûre de rappel contre le Brésil a été salvatrice (69-65). "On a perdu le match de l'intensité. C'est quelque chose que mes gars n'avaient encore jamais perdu parce qu'ils jouent très, très dur. Passer par ce genre de difficulté, c'est une bonne chose pour nous. Nous sommes un groupe jeune avec d'excellents joueurs." Le sort aurait encore pu être le même pour Team Canada face aux Espagnols. Avant que le sentiment d'urgence ne reprenne le dessus, comme souvent.

Shai dans ses standards de la grande ligue

Mais s'il ne fallait ressortir qu'un seul larron de cette équipe retrouvée, c'est bien Shai Gilgeous-Alexander. Dans la lignée de sa saison colossale avec le Oklahoma City Thunder où il a intégré la All-NBA First Team et fini cinquième au vote du MVP, le natif de Toronto survole sa compétition avec 23,8 points, 6,6 rebonds et 5,2 passes de moyenne. De quoi le propulser naturellement parmi les meilleurs joueurs de cette édition.

Friand des grands rendez-vous, l'arrière a su se mettre au parfum FIBA. Brillant des deux côtés du terrain, excellent défenseur et altruiste pour faire briller ses coéquipiers, "SGA" a pris les clefs de l'équipe et porte les siens vers les sommets. L'ancien Clipper a un nouveau chantier de choix à négocier ce mercredi face à la Slovénie (coup d'envoi, 14h30). Son duel de flambeurs face à Luka Doncic est particulièrement attendu.

Tout n'est pas encore parfait, à juste titre, mais ce Canada a de sacrées armes pour assouvir sa soif de premier titre mondial. Déjà bien rodé, le collectif canuck a de beaux jours devant lui. D'autant que Jamal Murray, lieutenant de luxe du double MVP Nikola Jokic aux Denver Nuggets, et Andrew Wiggins ne sont pas présents dans cette campagne asiatique... Ce choc face à la Slovénie est une nouvelle manière pour les Road Warriors d'affirmer leurs ambitions retrouvées.

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