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L'Euro sans Marine Johannès, pas un problème pour l'équipe de France féminine ?

Loris Belin

Publié 14/06/2023 à 23:27 GMT+2

L'équipe de France féminine débute son Euro jeudi face à l'Allemagne, sans une de ses cadres depuis plusieurs saisons, Marine Johannès. L'arrière a été au cœur d'un imbroglio dommageable avec la Fédération française de basket autour de son contrat avec la franchise de New York. C'est en l'absence d'un de ses principaux talents que les Bleues ne visent rien d'autre que le titre.

Marine Johannès sous le maillot de l'équipe de France de basket lors du tournoi qualificatif de la Coupe du monde 2022, contre le Nigéria, le 11 février 2022

Crédit: Imago

Marine Johannès va pouvoir briller tout l'été. Mais pas sous la tunique tricolore. L'arrière fait les beaux jours du New York Liberty quand, dans le même temps, l'équipe de France s'apprête à disputer l'Euro en Slovénie. Jeudi à Ljubjana, les Bleues feront sans la joueuse de l'ASVEL, pourtant apte au service et qui sera en tenue quelques heures après ses habituelles coéquipières de la sélection dimanche avec la franchise newyorkaise. Pour un contentieux de l'ordre de quelques jours, le staff tricolore a fait le choix de ne pas retenir une de ses leaders en vue d'une compétition dont il a fait du titre le seul résultat attendu.
Tout part du calendrier effréné du basket féminin, et d'un ultimatum posé par le sélectionneur Jean-Aimé Toupane depuis plusieurs mois : pour pouvoir prétendre à une place parmi les 12 retenues, les joueuses devraient être présentes dès le premier jour du stage, le 24 mai. Deux jours plus tôt, Marine Johannès remportait le championnat de France avant de poursuivre sa saison déjà bien remplie avec les Bleues puis une deuxième partie d'été en WNBA. Cela impliquait pour l'ancienne Berruyère de faire un crochet par New York pour des motifs contractuels et revenir autour du 1er juin, avant une reprise effective une semaine plus tard, soit sept jours avant l'Eurobasket. Un arrangement auxquels Toupane et la Fédération française ont mis leur véto.

Tristesse et désaccord

En équipe nationale sans discontinuer depuis 2013 et l'Euro U18, Johannès va vivre sa deuxième grande compétition hors du groupe France après la Coupe du monde 2022. Cette fois pas de coup du sort et une blessure qui l'avait mis à l'écart en Australie l'an passé, mais un choix des instances du basket français. "Faire tout, ce n'est pas possible"
. Et si le staff des Bleues se défend d'avoir mis à l'écart "MJ", l'intéressée, elle, voit la chose différemment. "Selon moi, on me prive de l’équipe de France, a réagi Marine Johannès à RMC. Je reste convaincue qu’une solution aurait pu être trouvée et qu’il était possible de faire les deux. Pour moi il est clair que je n’ai pas fait de choix, c’est la fédération qui choisit de ne pas me sélectionner."
Johannès n'est pas la seule à voir la situation sous ce prisme, entre multiples réactions sur les réseaux sociaux, et réactions indignées de Nicolas Batum ou encore Tony Parker, amis de la joueuse mais aussi ses patrons en tant qu'actionnaires de l'ASVEL. "C'est injuste ce qu'il se passe autour d'elle" déplorait "TP" au soir du titre villeurbannais. Les autres joueuses de l'équipe de France, de leur côté, ont dû préparer l'échéance dans l'ombre de cette absence remarquée.
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Marine Johannès, dépitée face au Japon

Crédit: Getty Images

"Sans jugement, car je respecte et accepte les décisions prises, j’aurais laissé Marine partir une semaine et je l’aurais reprise juste après, évoquait Sandrine Gruda à BasketEurope. Pour moi, l’idée est d’avoir toutes les joueuses potentielles, toutes les forces en vigueur possibles ici dans un même lieu pour faire un choix en connaissance de cause. Mais je comprends aussi le positionnement d’Aimé Toupane, qui a une préparation courte (à peine trois semaines, ndlr) et qui a besoin de construire un groupe, faire un choix clair."
A l'incompréhension s'est jointe une pointe de crispation autour des Bleues. Le staff a assuré à plusieurs reprises vouloir de Marine Johannès. Celle-ci voulait être là, comme elle l'a toujours été, même durant la Coupe du monde l'an passé alors qu'elle n'était pas en mesure d'être en tenue. C'est pourtant de l'autre côté de l'Atlantique qu'elle apportera toutes ses qualités offensives et sa pointe de génie créatif que la France n'aurait pas reniée. "C'est vrai que c'est un peu agaçant quand on nous répète les choses, quand on vient nous voir on me dit "alors, Marine est toujours pas là ?, a réagi à L'Equipe la meneuse et future coéquipière de Johannès à l'ASVEL, Marine Fauthoux. Pour nous c'est triste parce qu'on aurait aimé l'avoir, mais il y a quand même douze autres joueuses et justement on va montrer aux autres que même si les meilleures ne sont pas là, l'équipe de France reste forte."

Le titre sinon rien

Car outre Marine Johannès, l'équipe de France doit aussi composer avec l'absence de l'autre principal danger offensif extérieur, Gabby Williams, insuffisamment remise d'un traumatisme crânien subie en fin de saison. Soit respectivement les deux meilleures marqueuses et les deux meilleures évaluations durant la campagne de qualification pour cet Euro.
L'ambition affichée par Jean-Aimé Toupane est pourtant limpide : être champion d'Europe. Les Françaises restent sur cinq finales perdues consécutives, et sept podiums consécutifs. Reste à franchir cette dernière étape, ce que la Serbie ou l'Espagne ont systématiquement empêché. La décision de laisser sur le carreau Marine Johannès ne peut être qu'un supplément de pression dans l'objectif que le staff des Bleues s'est imposé à lui-même. Elle ne ferait que renforcer la sensation d'échec si l'équipe de France ne repart pas de Slovénie avec de l'or autour du cou. "On sait qu’on se fera taper dessus, mais on assume d’imposer les règles" a assuré Jean-Pierre Siutat, le président de la Fédération française de basket, au Parisien.
Ces règles, Siutat y a admis une petite entorse. Alors que la fédération avait annoncé que toute joueuse manquant à l'appel pour des motifs non justifiés ne serait pas admissible pour les prochains JO, le dirigeant a concédé que Johannès resterait disponible pour Paris 2024. Dans cette optique d'échéance olympique, le groupe tricolore a été rajeuni, avec trois débutantes pour cet Euro : Marie-Paule Foppossi (25 ans, qui sort de sa première saison complète en pro à Tarbes), Janelle Salaun (22 ans) et Leïla Lacan (19 ans).
Johannès, 28 ans et au sommet de son art avec un titre de MVP de la finale de l'Eurocoupe cette saison, aurait pu être au milieu de ces générations, un trait d'union. Bien malgré elle, son cas aura été l'exact opposé.
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