Coupe du monde 2023 - L’heure est à la remise en question à la FFB : "Nous sommes tous, collectivement, responsables"

"On ne mettra pas la poussière sous le tapis". Jean-Pierre Siutat annonce déjà la couleur. Dans une interview donnée à L'Équipe en compagnie du manager général Boris Diaw, le président de la Fédération française de basket a évoqué les décisions importantes que devra prendre la FFB dans les prochaines semaines. L’élimination surprise dès le premier tour de la Coupe du monde, alors même que les Bleus apparaissaient comme de sérieux outsiders pour le titre après leurs médailles d’argent aux JO 2021 et aux championnats d’Europe 2022. Les interrogations qui en résultent sont à la hauteur de la déception. Et si personne n’est exempt, on ne veut pas tomber dans le catastrophisme.

"Ce qu'il s’est passé est une grande désillusion, et nous sommes tous, collectivement, responsables, avoue Jean-Pierre Siutat. Mais cela ne remet pas en cause toutes ces années, où on est passés de la 12e place du ranking en 2010 à la 3e en 2018. On a l'équipe pour rebondir, comme on l'avait fait en 2019 après l'échec de 2017. Il valait mieux que cela arrive maintenant. En vue des JO, on doit absolument se servir de ces événements pour chercher les vraies raisons de l'échec et bâtir 2024. Tous les dossiers seront ouverts. La Fédération doit explorer des pistes avec sa DTN et le staff". La Fédération s’est donné rendez-vous le 10 octobre pour fixer la feuille de route des douze prochains mois mais les points d’interrogations sont nombreux. A commencer par le sélectionneur.

En poste depuis mars 2009, Vincent Collet est logiquement fragilisé par ce qui est probablement le plus gros échec de son histoire à la tête des Bleus. Celui qui a décroché sept médailles avec l’équipe de France, mais aucun titre, jouit encore d’un certain crédit - logique - auprès de la FFB, mais son avenir reste malgré tout incertain. "Aucune décision n'est prise, explique Boris Diaw. On peut tous être remis en question, sélectionneur compris". Même son de cloche du côté du président. "Cela fait partie des dossiers que l'on va ouvrir, complète Siutat. On ne s'interdit jamais rien". Y compris de revenir sur des décisions passées.

Exclu des sélectionnables depuis sa signature en Russie, Thomas Heurtel n’était pas du Mondial indonésien, une absence qu’a reprochée Nicolas Batum à la Fédération après la défaite face à la Lettonie. "Ce match caractérise ce qui s'est passé depuis cinq-six semaines, rageait l’ailier des Los Angeles Clippers. Tout le monde doit se remettre en question après ce qui s'est passé cet été : coaches, joueurs, Fédération, là-haut. Qu'on se prive de certains joueurs, qu'on perde des joueurs à cause de certaines conditions..." Un choix qui est moins sportif que politique mais sur lequel un revirement de la FFB semble moins impossible dans le futur. Mais pas vraiment dans l’idée actuelle. "Ce n'est toujours pas d'actualité, explique Siutat. On ne nous impose rien, on est sur un débat politique qu'on assume. D'ici au 10 octobre, j'aurai vu le gouvernement. C'est la seule décision politique au sein de ce bilan". Mais Thomas Heurtel n’est pas le seul absent qui était sur toutes les lèvres.

Future star de l’équipe de France, numéro 1 de la dernière draft NBA, Victor Wembanyama avait choisi de privilégier sa première saison en NBA au Mondial mais devrait être là pour les JO 2024. Mais qu’en sera-t-il du pivot Joel Embiid ? Son cas est une interrogation qui persiste depuis des mois au sein de l’équipe de France. "Vous diriez non au MVP de la NBA, vous ?", rappelait Nicolas Batum. Une question sur laquelle la Fédération doit rapidement statuer, pour plus de lisibilité. "Il va falloir se positionner d'ici à la fin de l'été, ajoute Diaw. Pour voir comment on travaille pour la suite. Administrativement, il y a des choses à faire. Et puis il y a le fonctionnement de l'équipe, la philosophie de jeu. On n'attendra pas jusqu'au mois de juin". Les journées à la Fédération française de basket risquent de paraître bien courtes dans les prochaines semaines…