La France a de la réserve

Ils ne sont pas là pour cirer le banc ou apporter des bouteilles d'eau. Au fil des matches, les remplaçants français prennent de plus en plus de galons. Lors de la deuxième phase de l'Euro, les "soldats", comme les appelle Vincent Collet, ont montré qu'ils pouvaient apporter leur pierre à l'édifice dans cette campagne continentale. Entre Ali Traoré, Nando De Colo, Antoine Diot, Yannick Bokolo et désormais Alain Koffi, chacun a su s'illustrer pour permettre aux Tricolores d'aborder les quarts de finale avec six victoires en six matches.

A l'issue du premier tour, le manque d'impact du banc avait pourtant été mis en exergue. On soulignait alors le temps de jeu important des cadres tricolores. L'apport du banc était parfois jugé bien maigre. Depuis, la donne a un peu changé. Et les remplaçants ont trouvé leur place. Une excellente nouvelle car il n'est jamais évident de trouver son rythme pour être productif sur quelques minutes en sélection quand on est habitué à un gros temps de jeu en club tout le reste de l'année. C'est une mentalité différente. Il faut avoir un état d'esprit particulier. Accepter son rôle pour tout donner dans un laps de temps limité. Ce n'est pas toujours facile de changer de costume le temps d'un été.

Avec ses bonnes mains, Ali Traoré avait tout de suite pris le rythme. Productif sur de courtes séquences, il a confirmé tout le bien que l'on pensait de lui au deuxième tour. Il offre une solution de rechange plus qu'intéressante à Ronny Turiaf et dans un registre différent. Un pivot plus offensif capable de marquer à tout moment. Mais les autres n'ont pas été en reste. Mardi contre la Grèce, tous "les soldats" ont même paru se mettre au diapason des généraux. A l'image d'Alain Koffi.

Troublé jusqu'ici par son rôle sous le maillot bleu, l'araignée d'Abidjan s'est enfin réveillée face aux Grecs. Le MVP français de la ProA a réalisé une première période énorme (14 points, 4 rebonds et 1 contre en 14 minutes) pour relancer son équipe. Autre soldat méritant la médaille du mérite ? Yannick Bokolo. Très peu utilisé lors des trois premiers matches (4 minutes en tout) en Pologne, le Gravelinois n'est jamais sorti de sa compétition. Et dès que Collet a fait appel à lui, il a tout donné. Essentiel face à la Croatie, il apporte sa tonicité et s'est illustré face aux Grecs avec 10 points et 3 rebonds en 17 minutes. Nando De Colo a de son côté pris ses responsabilités en marquant des lancers avant de s'offrir le shoot victorieux.

En clair : le deuxième tour mais surtout la rencontre face aux Hellènes a permis aux Bleus de rester sur leur dynamique tout en redonnant confiance à leurs remplaçants et en laissant souffler les cadres. "On n'a encore rien gagné, donc il n'y pas de joie particulière à voir. Malgré ça on a vu que les remplaçants pouvaient tenir la baraque. C'était bien de les avoir réactivé ", se réjouit Florent Piétrus. Une joie logique. Pour rêver de grandeur, une formation a besoin de leaders mais aussi d'un groupe solide avec des remplaçants capables de donner le change quand les stars ont besoin de souffler. La Grèce peut en témoigner. Tout comme l'Espagne, la prochain adversaire des Bleus en quarts. Et là, la troupe de Vincent Collet semble avoir tous les ingrédients pour rêver de grandeur...