La peinture pas si fraîche

C'était l'un des gros points d'interrogation de Vincent Collet avant le début de l'Euro : quel sera le comportement des pivots tricolores en Lituanie ? Avec le forfait de Ronny Turiaf, la France avait perdu toute son expérience au poste de 5. Jamais, Joakim Noah et Kevin Séraphin n'avaient encore connu les exigences d'une compétition internationale. Il faut le dire : ils apprennent à vitesse grand V. Joakim Noah, déjà. Jooks découvre le style FIBA. Il s'en sort plus que bien. Il tourne à 10.2 points et 7.8 rebonds depuis le début du tournoi. Et face à la Serbie, s'il a fait trop de fautes, il a livré un travail décisif sous le cercle avec 14 points et 9 rebonds. "J'apprends tous les soirs, avoue-t-il avec la capuche sur la tête comme à chaque fois qu'il vient devant la presse après les matches. J'essaie de faire de mon mieux, je donne ce que j'ai. Je sais que ça ira mieux après chaque match. Les fautes, c'est frustrant mais ça fait partie du jeu. C'est à moi de m'adapter." On peut lui faire confiance.

L'autre bonne nouvelle vient de "ses" remplaçants. A tour de rôle, Ali Traoré et Kevin Seraphin répondent présents. Lundi, c'était au tour du second. Appelé en relais de Noah quand celui-ci a été contraint de retourner sur le banc en raison des fautes, l'ancien Choletais, déjà précieux face à Israël, a montré son meilleur visage. Physique en défense, il a déstabilisé les Serbes avec ses paniers. Un bel ouvrage : "Il comble l'absence de Ronny Turiaf, se félicite Parker. Ça, c'est ce que Ronny aurait pu nous apporter. Et pour l'instant, Ali et Kévin comblent l'absence de Ronny. Félicitations à eux". Car Ali Traoré, resté sur le banc lundi, a aussi été utile dans cet Euro, notamment avec ses 11 points contre l'Italie. Il faut d'ailleurs souligner le coaching gagnant pour l'instant de Vincent Collet. Le sélectionneur utilise avec assez de réussite les profils différents de ses deux remplaçants au poste de pivot en fonction des équipes adverses et des besoins de sa formation.

Depuis le début de la préparation, on a mis en exergue le travail de Tony Parker en défense. Le match face à la Serbie permet de mettre son implication en pleine lumière. Face à Milos Teodosic, le meneur des Spurs, pourtant touché à la cuisse et incertain avant le début du match, s'est arraché sur tous les ballons, n'hésitant pas à plonger sur le parquet pour voler le cuir dans les mains serbes. Au final, il termine avec six interceptions et meilleur "voleur" de ballons du match devant Nicolas Batum (4) et Mickaël Gelabale (2). Tous les trois ont formé une ligne d'extérieur très agressive pour provoquer 18 pertes de balle de la part des Serbes, qui n'en revenaient pas d'en avoir perdu autant.

Quand on vous dit que l'on a du mal à reconnaître nos Bleus ! Maladroits sur la ligne dans le passé, les Français démontrent une réussite rafraichissante aux lancers depuis le début du tournoi. Sur les cinq premiers matches, ils tournent à 84.3% de réussite - soit le deuxième meilleur pourcentage de la compétition derrière l'Italie (84.6%). Etant donné le jeu très agressif des Bleus vers le cercle à l'image de leur match face à la Serbie (28 lancers obtenus pour 24 marqués !), démontrer une telle adresse ne peut être qu'un sérieux atout.