Noah, monsieur plus

Si un joueur ne fait pas une équipe, il peut lui donner une autre dimension. Ce n'est pas pour rien que le retour de Joakim Noah au sein du groupe tricolore, vendredi, a semblé lui donner un coup de booster. Et c'est autant la personnalité du pivot de Chicago que son profil purement sportif qui font de lui un personnage central de cette équipe de France. Personne n'est indispensable. Mais les Bleus ont absolument besoin de Noah s'ils veulent jouer un rôle majeur lors de l'Euro 2011. Il le sait, il est attendu. Et il s'en accommode. "La pression, je vis avec, dit-il. Tout ça, je m'en fous un peu."

Il y a deux semaines, son retour aux Etats-Unis, pour soigner les séquelles d'une blessure à la cheville droite contractée à la fin du mois de mars, avait inquiété. Noah, l'éternel absent, allait-il une nouvelle fois manquer son grand rendez-vous avec la sélection nationale? Lui n'a jamais douté. "Mon club à Chicago comprend ma situation, assure-t-il. Quand je suis reparti, je suis allé retrouver les docteurs des Bulls, ils ont préféré que je reste deux semaines pour faire ma rééducation avec des docteurs qu'ils connaissent". Aujourd'hui, il espère bien être de retour pour de bon, même si sa cheville le tracasse encore. "Elle n'est toujours pas à 100 % mais je n'ai pas de douleurs, explique-t-il. Il y a tout ici pour que je puisse continuer ma rééducation et j'ai bien travaillé pendant les deux dernières semaines."

Si sa cheville n'est pas encore à 100%, lui l'est. Dès son premier entraînement, vendredi soir, quelques heures à peine après avoir atterri à l'aéroport de Pau, il s'est livré avec une intensité impressionnante. "J'ai senti un esprit très compétitif pendant l'entraînement et c'est quelque chose que je kiffe, reprend Noah. Me retrouver sur le côté et faire de la rééducation, c'est difficile pour moi. Alors je voulais faire partie de ça le plus vite possible." De toute façon, Noah ne sait pas faire les choses à moitié. Ce n'est pas sont truc. "C'était la première fois depuis les play-offs que j'ai vraiment fait un entraînement contact. On se prépare pour l'Euro, ce n'est pas du basket de poussin. Je ne suis pas à 100 % mais ça faisait juste plaisir de pouvoir bousculer, mettre des coups, faire siffler des fautes." Faire du Noah, en somme. Cette intensité, cet enthousiasme, ne peuvent que faire du bien au groupe.

L'autre raison pour laquelle Joakim Noah est si important dans le dispositif de Vincent Collet, c'est tout simplement parce que personne d'autre, dans le basket français, ne présente les mêmes caractéristiques que lui. Noah, c'est un des meilleurs rebondeurs de la NBA. Accessoirement, ce sont 211 centimètres. Or lors des dernières grandes compétitions, l'équipe de France n'a jamais manqué de talent, mais elle a souvent accusé un déficit de taille par rapport aux grandes nations. Avec Noah, ce manque est très largement gommé. "J'espère qu'avec lui, on va inverser la tendance d'un rebond plutôt faible, note Vincent Collet. Noah, en plus d'être une force de dissuasion, doit nous permettre d'améliorer le secteur qui nous permettra de mieux lancer nos bombes sur jeu rapide."

Joakim Noah, ou le chainon manquant de la chaine tricolore? Le facteur X capable de mettre en lumière le réel potentiel de cette équipe? Peut-être. Sur le papier, en tout cas. Dans les faits, il convient de ne pas oublier que "Yooks" a manqué une grande partie de la préparation. Il est en retard. Et comme en prime il n'a que très peu de vécu en sélection, il reste un élément à intégrer. "On n'a pas beaucoup de temps pour se préparer, admet le joueur des Bulls. Cela fait un moment qu'il travaille, c'est quelque chose que je respecte beaucoup. J'essaye juste de m'intégrer le mieux possible." Tel est le paradoxe de Joakim Noah: c'est un indispensable qui doit encore trouver sa place.