Avant la demi-finale Olympiakos - Monaco - Faire vibrer le Rocher, l'autre défi réussi par la Roca Team

Sous le pré, la rage. Si le Stade Louis-II n'est pas à ranger parmi les stades les plus chauds de Ligue 1, dans son sous-sol couve une ferveur comme l'AS Monaco, version football, n'en connait que trop peu. Le 10 mai dernier, ils étaient près de 5000 spectateurs (4923) pour remplir jusqu'au dernier siège la salle Gaston-Médecin, située sous la pelouse du stade, dans le match 5 synonyme de qualification de la Roca Team pour le Final Four de l'Euroligue. Soit un public plus large que pour les réceptions des promus Troyes et Auxerre, ou encore sensiblement la même affluence que pour Monaco – FC Nantes cette saison.

Pour un club revenu en 1re division en 2015 et qui dispute seulement sa deuxième campagne en Euroligue, de ces chiffres voient émerger quelques promesses. Celles d'un public fidèle et nombreux, quand Louis-II sonne si souvent creux pour un sport qui déplace en temps normal davantage les foules. Les bons résultats de la Roca Team et ce parcours européen font naître dans la Principauté un élan comme son homologue du ballon rond a connu par le passé, mais sur lequel il n'a jamais su capitaliser.

"Je dis souvent que pour les gros matches, et ils sont de plus en plus nombreux, il y a plus de gens à Gaston qu’au foot au-dessus" sourit Guillaume Giordano, supporter "de la première heure" parmi les premiers à avoir fait naître un petit groupe de supporters à Gaston-Médecin. "Il y a un vrai engouement. A l'image de ce que l'on a vécu en 2017 en foot, quand l'équipe a un supplément d'âme, il y a toujours quelque chose qui se passe, se félicite Jessica Tchobanian, abonnée aussi bien à l'ASM qu'à la Roca Team. Le groupe est une bande de potes, et on sent que cela peut aller loin. J'ai des amis, qui n'aiment pas le basket mais le football à l'origine, et qui viennent plus à Gaston-Médecin aujourd'hui. Ils pensent même à s'abonner à la saison. Tant mieux, parce que si on continue à ce niveau, on va pouvoir créer une vraie fanbase."

Avec son équipe performante et ses moyens importants mis en place, Monaco a posé les fondations d'une possible dynastie au sein du basket français. Ne reste plus désormais qu'à créer le ciment fédérateur des grands moments. "C'est plus facile au basket, qui est plus familial, qu'au foot, estime Jessica Tchobanian. Il y a de l'action tout le temps, même pendant les temps-morts, on ne peut pas s'ennuyer. Le speaker, les pom-pom girls… Il se passe toujours quelque chose. Et puis ce n'est pas comparable à Louis-II, la salle est fermée, ça résonne."

Si Gaston-Médecin n'atteint pas encore les degrés de folie vus à Athènes, Tel-Aviv, Istanbul ou Belgrade, le public monégasque, ivre de bonheur, a livré un bel exemple de ferveur lors de ce match 5 contre le Maccabi. Encore petit parmi les géants du basket continental, le club monégasque va aussi découvrir le décalage avec ses adversaires du week-end en tribunes. Ils sont 300 irréductibles à avoir fait le déplacement à Kaunas, contre 3500 supporters de l'Olympiakos selon Basket Europe. Le club a par ailleurs ouvert gratuitement les portes de son antre pour suivre le match sur grand écran, avec DJ et show autour du terrain.

"Les premiers matches niveau ambiance, les supporters du Maccabi nous ont détruit, reconnaît Jessica Tchobanian. Ce sont des Ultras, qui sont au top niveau depuis des années, c'est une autre catégorie. Eux quand ils nous voient, on est des familles, des 'gens tout propre', on ne peut pas comparer." "Mais ça va venir, c'est certain" en est convaincu Guillaume Giordano.

Alors que Louis-II squatte les tréfonds des affluences de Ligue 1, à Gaston-Médecin, on pousse les murs comme on peut. Un premier lifting avait été opéré pour accueillir l'Euroligue en 2021, avant d'importants travaux l'été dernier. En trois mois, 1200 places ont été rajoutées, et des virages montés à la hâte pour donner une allure de petite arène boisée à l'enceinte princière. Un premier pas pour satisfaire l'Euroligue et ses contraintes techniques. "Nous adorons le marché, nous adorons le sud de la France. Le basket marche très bien ici" s'enthousiasmait le président de l'Euroligue Marshall Glickman au micro de la chaîne Skweek en janvier dernier. Mais l'avancée est déjà dépassée. Et la Roca Team se voit contrainte de refuser du monde pour les grands rendez-vous, comme ce quart de finale fou contre le Maccabi Tel-Aviv.

Pour satisfaire son public toujours plus grand et pour se montrer à la hauteur des autres formations européennes de pointe, l'hypothèse d'une salle flambant neuve n'a pas tardé à germer. "Nous n’avons pas réussi à répondre à la demande locale de billets et il était important d’avoir plus de fans, mais 5 000, ce n’est certainement pas suffisant et nous travaillons sur un nouveau plan d’arena, assurait le manager monégasque Oleksiy Yefimov à Sports Rabbi. Nous travaillons à en faire une réalité." Pas une mince affaire, alors que le foncier est une denrée rarissime en Principauté. "Et il est hors de question de faire une salle en dehors de Monaco" s'insurge Jessica Tchobanian, alors que l'hypothèse d'occuper au moins temporairement l'Azur Arena d'Antibes avait été évoquée.

La Zalgirio Arena de Kaunas et ses quelques 15 500 places pourrait déjà inspirer la Roca Team dès vendredi contre l'Olympiakos. Et donner un peu plus d'idées encore à ses dirigeants, comme à ses nouveaux afficionados.