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LeBron James a tort de s’autoproclamer meilleur joueur de tous les temps

Antoine Pimmel

Mis à jour 04/01/2019 à 11:47 GMT+1

NBA – En se nommant lui-même le basketteur le plus fort de l’Histoire, LeBron James a oublié la règle d'or qui s’impose aux grands de ce monde. Surtout, il a maladroitement tenté de ranimer un débat auquel il ne peut de toute façon pas mettre fin.

LeBron James (Los Ángeles Lakers)

Crédit: Getty Images

C’est une très belle opération de promotion. D’autopromotion. Dans tous les sens du terme. Comment mieux vendre un show télévisé, ou quelconque sujet sur le basket, qu’en relançant l’éternel débat opposant LeBron James à Michael Jordan. Et surtout leurs partisans.
Le King a fait le boulot, en parfait communiquant. C’est au détour d’une conversation filmée par les caméras de The UNINTERRUPTED – un média dont il est l’un des pères fondateurs – qu’il a osé se nommer meilleur joueur de tous les temps. Avec pour argument le sacre héroïque des Cavaliers en 2016, première équipe de l’Histoire à avoir remonté un handicap de trois manches à une en finales NBA avant de décrocher le titre.
"Cette victoire a fait de moi le plus grand joueur de tous les temps. C’est comme ça que je le ressens. J’étais en extase d’avoir gagné pour Cleveland après 52 ans sans titre pour la ville. Tout le monde m’a vu pleurer. Puis je me suis posé et je me suis dit : ‘Ça a fait de toi le G.O.A.T.’. C’est sans doute l’une des seules fois dans ma carrière où je me suis dit : ‘M****, tu viens de faire quelque chose de vraiment spécial."
"[…] Tout le monde disait que cette équipe des Warriors, qui avait fini la saison à 73-9, était l’une des meilleures jamais assemblées. Je n’ai pas eu vraiment le temps de prendre du recul et de réfléchir là-dessus, mais ça a clairement été un moment marquant“. Le raisonnement était travaillé. Tout était calculé. Il n’y a aucun hasard. L’émission, retransmise par ESPN +, est coproduite par la société de James. C’est juste du business.
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LeBron James

Crédit: Getty Images

Où est passé le respect des autres légendes ?

Même en imaginant que James soit réellement convaincu de ce qu’il avance, l’argument est difficilement recevable. Oui, le titre de Cleveland est probablement l’un des plus beaux de l’Histoire. Et l’exploit est peut-être le plus grand jamais réalisé en finales NBA. Notamment contre l’une des armadas les plus impressionnantes de tous les temps – mais toujours moins forte que cette équipe des Warriors qui compte désormais Stephen Curry ET Kevin Durant. Mais de là à en faire le champion parmi les champions ? C’est un pas que nous ne franchirons pas.
Cette bague de 2016, à la limite, donne une toute autre ampleur à la carrière de LeBron. Son parcours est peut-être le plus glorieux de tous les temps, un point que nous avions essayé de défendre l’an dernier (et que beaucoup avaient interprété comme une manière de présenter le natif d’Akron comme le G.O.A.T. alors qu’il y a pourtant une nuance). Mais James a franchi une limite en cherchant à se vendre lui-même. Une entreprise assez étrange pour celui qui jure respecter les anciennes légendes de cette ligue.
Kareem Abdul-Jabbar, qui a dominé la balle orange de la tête et des épaules (et du bras roulé) du lycée jusqu’à la NBA, n’a jamais eu le toupet de se prononcer plus grand de tous les temps. Wilt Chamberlain, Magic Johnson, Bill Russell ou Larry Bird non plus. Quand Jordan lui-même a été questionné sur le sujet, il a botté en touche en affirmant qu’il ne pouvait se comparer aux autres basketteurs qui ont marqué le jeu avant lui.

Le meilleur, ça reste Michael Jordan

Pourtant, s’il y en a bien un qui avait la crédibilité pour l’affirmer, c’est MJ. Six finales, autant de titres. Une décennie à dominer la ligue, avec un court intermède d’un an et demi à jouer au baseball. Hakeem Olajuwon, Shaquille O’Neal, Karl Malone, Charles Barkley, Clyde Drexler, Magic Johnson, etc. Il les a tous battus et écœurés. Avec la rage du compétiteur ultime qui n’a jamais été vaincu en finales. James, au contraire, en a perdu un paquet. Déjà six ! Avec quand même deux coups de balais encaissés : en 2007 contre les Spurs, quand il n’avait que 22 ans, puis en juin dernier contre les Warriors. Ce ne sont peut-être même pas les deux défaites qui font le plus tâche.
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LeBron James vs Stephen Curry

Crédit: Eurosport

Comment oublier ses prestations absolument catastrophiques lors des finales 2011 ? Quelques mois plus tôt, il chamboulait le paysage NBA en partant s’associer avec Chris Bosh et Dwyane Wade au Heat. Et il s’est complètement troué dans les pires moments possibles : les quatrièmes quarts des matches serrés. Jordan n’a jamais gagné de Game 7 en finales parce qu’il a toujours fini ses adversaires avant. Et le célèbre numéro 23, celui des Bulls, n’a jamais fini avec un maigre total de huit petits points sur un match à ce niveau comme ce fut le cas pour le King lors du Game 4 en 2011. Il n’a parfois pas su prendre le dessus alors que J.J. Barea, 1,83 m, défendait sur lui !
LeBron compte bien d’autres exploits à son actif et Jordan aussi. Encore une fois, c’est un débat sans fin. Mais il est fort probable que MJ reste encore un petit moment le plus grand joueur de tous les temps dans l’esprit collectif des passionnés de basket. Parce qu’il a marqué son sport de son empreinte.
Plus que ça : il l’a mondialisé. Il a fait de la NBA un phénomène qui dépasse largement le cadre des Etats-Unis. Il a développé toute une culture. Il y a encore trente ans, les matches des finales étaient diffusés en différé. La dimension qu’il a donnée au basket fait, peut-être même inconsciemment, qu’il est indéboulonnable pour tous ceux qui ont grandi en le regardant marcher sur la ligue.
Mais il y a un changement de génération. Et c’est paradoxalement à ce moment-là que de plus en plus de voix – joueurs et coaches NBA y compris – s’élèvent pour défendre la candidature de James. Parce qu’ils assistent à ses exploits depuis le premier rang. C’est justement lui aussi pour son impact au-delà du terrain – participations dans les médias, implication dans les sujets des sociétés – qu’il prend une toute autre ampleur. Un peu à l’image du nom de l’émission dans laquelle il s’est autoproclamé G.O.A.T : il est "more than an athlete".
Au final, peu importe s’il est le ou l’un des meilleurs joueurs de tous les temps. Il incarne bien plus que ça. Bien plus qu’un athlète.
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