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Au fait, c'est quoi le "small ball” en NBA ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 27/11/2018 à 20:07 GMT+1

NBA - Le “small ball” est devenu à la mode depuis quelques années en NBA. Dans le sillage des Golden State Warriors, de nombreuses franchises s'y sont mises. Mais on a tendance à avoir une approche trop réductrice de ce concept.

Stephen Curry et Kevin Durant, les joueurs de Golden State.

Crédit: Getty Images

Le “small ball”. Voilà une expression ressortie à toutes les sauces à chaque débat sur le jeu en NBA. Surtout depuis quatre ans, en bref depuis que les Golden State Warriors marchent sur le reste du championnat. Il est important de bien comprendre le concept afin d’analyser le paysage du basket américain, de saisir les forces en présence ou d’expliquer pourquoi certains joueurs sont plus cotés que d’autres auprès des différentes franchises.
Pourtant, j’ai le sentiment que le système est bien trop souvent résumé dans l’imaginaire collectif à des stratégies qui consistent simplement à shooter le plus possible à trois points ou à aligner des basketteurs de “petite taille” (selon les standards NBA) ensemble sur le terrain. Soit par exemple un ou deux meneurs avec au moins deux, voire trois ailiers. Quitte à ne laisser qu’un seul vrai intérieur. Cette définition serait bien trop réductrice.

De l’adresse à trois points, oui…

Ce n’est finalement ni vraiment une affaire de taille, ni complètement une histoire d’adresse. Commençons avec le tir extérieur, caractéristique la plus souvent assimilée au “small ball”. Il y a effectivement de plus en plus de joueurs à même de marquer de loin en NBA. Déjà parce qu’il n’y a pas besoin d’un prix Nobel en mathématiques pour réaliser que trois points valent plus que deux. Les dirigeants des franchises, aidés par des centaines et des centaines de statistiques avancées, ont donc encouragé leurs joueurs à tenter le plus souvent possible leur chance derrière l’arc. Il n’est même plus rare – mais vraiment plus du tout – de voir un pivot sous le cercle, littéralement, refuser le layup et envoyer une passe à l’un de ses coéquipiers démarqués dans le corner à trois-points.
Le but étant d’étirer les lignes défensives au maximum. Afin de laisser le plus d’espaces aux attaquants susceptibles de se frayer un chemin vers le cercle. Si une équipe a le luxe de mettre cinq bons tireurs en même temps sur le terrain, les adversaires n’auront d’autres choix que de surveiller ces joueurs en question au-delà ou autour de la ligne à trois-points. Avec donc plus de place pour le porteur de balle pour pénétrer dans la raquette. Alors qu’à l’inverse, une équipe qui compte au moins deux ou trois joueurs incapables de marquer à plus de sept mètres risque d’avoir du mal à marquer beaucoup de points. Parce que la défense n’aura qu’à fermer l’accès au panier, quitte à laisser des vis-à-vis complètement libres de tout marquage derrière la ligne à trois-points.
C’est la raison pour laquelle de plus en plus d’intérieurs se mettent à travailler leur tir extérieur. C’est une condition essentielle pour qu’ils continuent à avoir un vrai rôle en NBA. Des joueurs comme Marc Gasol ou Brook Lopez ont redonné du jus à leur carrière en se mettant à bombarder de loin. Blake Griffin, Andre Drummond, Dwight Howard… tous essayent de suivre le mouvement. Avec évidemment des fortunes diverses. Le "small ball" n’est donc pas réservé aux ailiers, le plus souvent considérés comme les snipers les plus fiables.
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Blake Griffin

Crédit: Getty Images

… mais surtout de la mobilité !

Ce n’est pas juste une question de position. Ce n’est pas vraiment la taille qui compte non plus, contrairement à ce que le nom indique. Il s’agit plutôt de mobilité. L’essence de ce concept, c’est d’avoir cinq joueurs rapides sur le terrain. Pour prendre de vitesse l’adversaire en dribble avec les espaces créés (par les autres joueurs qui représentent donc des menaces à trois points). La force brute des mammouths des années 90 a été remplacée par l’explosivité des joueurs d’aujourd’hui. Et il est évidemment plus facile pour les meneurs, les arrières et les ailiers d’être vifs sur leurs appuis ou dans leurs courses. C’est une logique physique. Un homme de 2,17 mètres aura difficilement la même mobilité qu’un athlète qui fait quinze centimètres de moins.
Voilà pourquoi le "small ball" a été aussi souvent assimilé aux extérieurs. Mais on remarque que de plus en plus de grands sont à même de reproduire les efforts d’un ailier traditionnel. Ces gars-là sont alors considérés comme des “licornes” pour leur rareté, même s’ils risquent surtout de devenir la norme. C’est ainsi que des Joel Embiid, des Kristaps Porzingis ou des Bol Bol (le fils de Manute Bol qui évolue actuellement en NCAA) font fantasmer les franchises. Là encore, le développement a été nécessaire pour se maintenir en NBA. Ils se sont adaptés.
Sauf que jusqu’à présent, on a surtout parlé de jeu offensif. Et pourtant, le “small ball”, c’est peut-être tout l’inverse. Enfin. C’est peut-être paradoxalement d’abord de la défense. On l’a déjà évoqué plus tôt cette saison, la NBA a vraiment évolué de ce côté du parquet. Les cartons sont de plus en plus fréquents et les règles pénalisent de plus en plus les stoppeurs. Mais c’est toujours la défense qui aide à faire gagner des titres et c’est donc toujours un facteur primordial du succès d’une équipe. Et le "small ball", en défense, cela consiste à avoir quatre – voire même cinq désormais – joueurs capables de changer sur n’importe quel écran. Et donc de se retrouver face à n’importe quel adversaire. Quel que soit son gabarit. Il faut quatre ou cinq joueurs interchangeables. Avec encore une fois cette notion de mobilité pour être à même de couvrir le plus d’espace possible (vu que les lignes sont étirés) le plus rapidement possible. Même les deux intérieurs doivent donc être en mesure de “switcher” de vis-à-vis sur un écran adverse et d’avoir le jeu de jambes nécessaire pour contenir un meneur.
C’est ainsi que des Draymond Green, des Taurean Prince et compagnie sont devenus des éléments recherchés en NBA alors que les coaches peinaient à trouver une position attitrée à des basketteurs comme eux il y a encore cinq ans. Les postes, justement, il n’y en a presque plus avec le “small ball” ! Et c’est pourquoi les pivots traditionnels ont de moins en moins d’intérêt pour les franchises. Parce que leurs limites physiologiques les rendent moins attrayants. Les plus lourds d’entre eux sont cantonnés à des rôles de remplaçants (Jonas Valanciunas aux Raptors par exemple) parce que les laisser trop longtemps sur le terrain revient à donner à l’adversaire un point faible à exploiter sur chaque attaque.
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Draymond Green (Golden State Warriors)

Crédit: Getty Images

Les équipes étiquettés "small ball" sont celles qui vont au bout

Dans la NBA actuelle, les équipes qui gagnent sont celles qui alignent au moins quatre – voire cinq encore une fois – joueurs capables de shooter à trois-points ET de défendre sur n’importe quel type d’adversaire. Grand ou petit. Large ou fin. On retrouve donc les Warriors, les Rockets, les Celtics, les Bucks ou les Raptors. Si une formation aligne au moins deux joueurs incapables de faire mouche de loin dans son cinq, alors vous pouvez la retirer de la liste des candidats au titre. Les Sixers de l’avant Jimmy Butler – quand Ben Simmons et Markelle Fultz essayaient encore de cohabiter – en savent quelque chose. Des équipes comme Washington ou Utah, pourtant chargées en talents, alignent encore deux vrais intérieurs (qui ne sont pas assez adroits de loin) en 2018. Toutes les deux affichent pour l’instant un bilan négatif et décevant. La corrélation est évidente.
Et ce n’est pas parti pour s’arrêter. Même un défenseur brillant comme Rudy Gobert représentait un point faible pour son équipe lors du second tour des derniers playoffs contre les Rockets. Parce que les Texans l’ont forcé à venir défendre au large. Et le Jazz était dominé à chacun de ses passages sur le terrain. Même un attaquant dominant (et adroit) comme Joel Embiid affichait ses limites lors du duel entre les Celtics et les Sixers au même stade de la compétition. Quand les matches sont vraiment importants, ce sont des Draymond Green ou des P.J. Tucker, voire des LeBron James qui se retrouvent alignés au poste de pivot. Ça va de plus en plus loin dans l’extrême. C’est la raison pour laquelle il est préférable de construire sa franchise autour d’un porteur de balle (Luka Doncic) que d’un intérieur, même monstrueux physiquement (Deandre Ayton). Parce que le “small ball” est un peu comme le capitalisme : une fois pris dans le mouvement, il devient finalement difficile de le ralentir et encore moins de faire marche arrière.
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Rudy Gobert

Crédit: Getty Images

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