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Tout ce qu’il faut savoir du transfert de Kristaps Porzingis à Dallas

Antoine Pimmel

Mis à jour 01/02/2019 à 17:46 GMT+1

NBA – Les Knicks ont secoué la planète basket en envoyant leur jeune All-Star de 23 ans Kristaps Porzingis aux Dallas Mavericks jeudi soir. Un transfert qui a fait l’effet d’une bombe et qui a plusieurs interprétations possibles. Et des conséquences qui seront forcément multiples. Décryptage.

Porzingis

Crédit: AFP

Cela fait partie du charme de la NBA. Tout d'un coup, une franchise peut changer de visage en quelques heures. Jeudi soir, la grande Ligue nord-américaine a connu un nouveau choc quelques jours après l'annonce des envies de départ d'Anthony Davis. C’est monté crescendo et ça a fini par exploser. Jeudi, en début de soirée, Adrian Wojnarowski, journaliste NBA référence réputé pour ses scoops, relatait un entretien express entre Kristaps Porzingis et les dirigeants des Knicks.
Meeting au cours duquel l’intérieur All-Star, le seul de l’effectif new-yorkais, aurait fait comprendre qu’il ne voulait plus jouer pour la franchise de Manhattan. L’information à peine digérée, Wojnarowski annonçait le transfert du Letton vers Dallas. Trey Burke, Tim Hardaway Jr et Courtney Lee l’accompagnent dans le Texas. DeAndre Jordan, Wesley Matthews et Dennis Smith Jr font le chemin inverse. Deux futurs choix de draft des Mavericks reviendront également aux Knicks.

Les Knicks et le rêve Durant...

Les Knicks font tapis sur la prochaine intersaison. Avec ce transfert, ils auront plus de 70 millions disponibles pour recruter en juillet. Parce qu’ils se sont débarrassés des contrats d’Hardaway Jr et de Courtney Lee, garantis au-delà de la saison en cours, pour prendre les deals expirants de Wesley Matthews et DeAndre Jordan. Ils se préparent donc pour tenter un ou plusieurs gros coups. Il y a là suffisamment d’espace sous le Salary Cap pour ajouter deux contrats au maximum. On pense évidemment à Kevin Durant, la cible non-dissimulée de la franchise. KD a de nombreuses connexions avec New York. Il y passe tous ses étés et il y effectue ses investissements. Son agent et associé Rich Kleiman est originaire de Manhattan et il est fan des Knicks. Il servirait même de conseiller pour l’organisation !
L’ajout de Jordan n’est pas anodin non plus. C’est l’un des meilleurs amis de Durant. Les deux se sont rapprochés lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016 et ils ont forgé leur amitié depuis. Kyrie Irving était lui aussi de l’aventure brésilienne et il est proche du tandem. Les Knicks peuvent donc profiter de la présence de DeAndre Jordan sur place pour le prolonger en juillet, puis essayer de convaincre Durant et Irving de venir et ensuite éventuellement récupérer Anthony Davis aux Pelicans en cas de choix de draft très haut placé. C’est un pari risqué avec beaucoup de conditions (les Knicks peuvent se retrouver complètement bredouilles avec aucune star en approche et un quatrième choix à la draft). Mais après des années de disette, on comprend que les dirigeants aient envie de tenter le tout pour le tout. Le transfert de Porzingis sera d’ailleurs principalement jugé à travers le prisme des mouvements opérés à l’intersaison : si les Knicks signent une star, ils ne seront clairement pas perdants. En revanche, si KD et Irving décident de rester à Golden State et Boston ou de jouer ailleurs, la franchise se retrouvera sans rien et devra à nouveau construire de zéro.
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Kristaps Porzingis (New York Knicks)

Crédit: Getty Images

Pourquoi cela change la donne pour Anthony Davis ?

Avec ce transfert, les Knicks sont désormais hors-course pour Anthony Davis. Du moins pour l’instant. Les dirigeants ont appelé leurs homologues des Pelicans pour leur proposer Kristaps Porzingis. Mais le Letton seul ne peut constituer un package intéressant. Parce que le management de New Orleans craignait qu’il ne soit pas intéressé à l’idée de prolonger l’aventure en Louisiane (il sera agent libre protégé cet été). Si les Knicks avaient proposé Porzingis et leur prochain choix de draft, il y aurait peut-être une discussion. Mais pas l’un sans l’autre. Il ne leur reste donc plus que le pick. Celui-ci n’a pas suffisamment de valeur marchande pour récupérer Davis tant que l’on ne connait pas sa position exacte à la draft.
Les Knicks peuvent encore rêver d’Anthony Davis s’ils obtiennent le premier choix à la loterie. Seul cet atout – et donc l’opportunité de drafter le phénomène Zion Williamson – paraît plus intéressant que Jayson Tatum pour les Pelicans. Le jeune ailier des Celtics est pour l’instant la cible de New Orleans, et c’est sans doute pour ça que Davis ne sera pas transféré avant cet été, quand les Celtics pourront proposer Tatum. N’oublions pas que cette ligue appartient aux superstars (ce sont elles qui font gagner des titres). Une offre avec quatre bons jeunes joueurs – mais dont aucun n’a vraiment le potentiel pour devenir une superstar (coucou, les Lakers) – est moins séduisante qu’un package qui inclut le seul Tatum… ou le premier choix de la draft.

La santé de Porzingis, un point clef

L’état de santé de Porzingis est préoccupant. Vous avez le sentiment que Davis est toujours blessé ? Alors que dire de Porzingis ! A.D. a raté 93 rencontres depuis son arrivée en 2012. Le géant letton est lui à 110 matches manqués alors qu’il a débarqué en NBA trois ans après Davis ! Il ne devrait d’ailleurs pas revenir sur les parquets avant la saison prochaine et soigne actuellement une sévère blessure au genou (déchirure des ligaments). Un joueur aussi souvent blessé à 23 ans, c’est inquiétant. Surtout que les basketteurs de cette taille – KP culmine à 2,21 mètres – ont tendance à connaître de plus en plus de pépins physiques avec l’âge. Peut-être que ça a joué sur la décision des Knicks de le transférer. Après tout, ils sont les mieux renseignés de la ligue à propos de son dossier médical.
Les Knicks n’étaient pas prêts à payer le maximum pour Porzingis. Comme indiqué précédemment, le jeune homme s’apprête à devenir agent libre protégé cet été. Ce qui signifie que les Knicks (et désormais les Mavericks) auraient pu s’aligner sur n’importe quelle offre faite au joueur pour le conserver. Mais vu son talent et son potentiel, Porzingis aurait probablement suscité la convoitise de nombreuses équipes. Au moins l’une d’entre elles lui aurait offert un contrat au salaire maximum. Les dirigeants new-yorkais auraient été confrontés à un dilemme : conserver Porzingis au prix fort malgré ses blessures à répétition ou le laisser filer sans contrepartie ? Là, en le transférant, ils ont pris les devants. Ils ont anticipé le fait qu’ils n’étaient sans doute pas prêts à lui donner le pactole pour récupérer quelques atouts (Smith Jr, deux tours de draft) en échange. Porzingis ne voulait plus jouer pour New York. C’est ce que Steve Mills, le Président de la franchise, a déclaré après l’échange. Une conclusion qu’il a tiré après l’entretien qui a précédé le transfert. Si KP ne voulait effectivement plus porter la tunique des Knicks, alors il aurait été d’autant plus malvenu de le conserver au maximum.

Quid de Ntilikina ?

Les Knicks s’éloignent progressivement de toutes les décisions prises par Phil Jackson, l’ancien dirigeant de l’équipe. Ils ont coupé Joakim Noah, signé par Jackson, avant le début de la saison. Ils ont désormais transféré Porzingis, qui avait justement été drafté par l’ancien coach légendaire des Bulls de Michael Jordan, et Tim Hardaway Jr, signé pour 71 millions pour quatre ans quand Jackson était encore président.
Frank Ntilikina est-il le prochain transféré ? Lui aussi a été drafté par Phil Jackson… et le voilà en concurrence avec un jeune meneur issu de sa promotion, Dennis Smith Jr. Un joueur de plus sur son poste. Un produit US réclamé par une majeure partie des supporters des Knicks le soir de la draft 2017 et qui a une mentalité plus agressive, un profil plus scoreur… On sait que les Knicks veulent faire jouer Ntilikina au poste deux mais on se demande quand même de plus en plus si le Français fait vraiment partie du projet de l’organisation.

Dallas et sa culture européenne

La valeur de Kristaps Porzingis n’était peut-être pas si haute sur le marché. Les Knicks ont sans doute pris la meilleure offre. Ils n’ont pas agi dans l’urgence vu qu’il avait déjà écouté plusieurs propositions pour leur All-Star. Les deux principaux atouts récupérés sont donc les deux choix de draft, en plus de Dennis Smith Jr. L’état de santé du Letton, et l’incertitude sur son niveau de jeu à son retour, ont peut-être refroidi plusieurs franchises. Dallas revendique clairement sa culture européenne. Même de nos jours, il y a encore des dirigeants NBA qui peinent à faire confiance aux joueurs issus du Vieux Continent. Ils sont perçus comme "trop softs" ou "pas assez athlétiques". Les Mavericks ne tombent pas dans le piège. Après avoir vibré avec Dirk Nowitzki pendant vingt ans, ils vont peut-être être transportés par Luka Doncic et Kristaps Porzingis, les deux pépites européennes, pendant quinze piges.
Les Mavericks ont sauvé leur franchise en à peine plus de six mois. En juin dernier, avant la draft, la franchise texane était partie pour se reconstruire autour d’un Smith Jr certes prometteur mais sans doute pas de la trempe d’une superstar en puissance. Puis les dirigeants ont déniché Luka Doncic en négociant un échange le soir de la draft. Les voilà maintenant avec Kristaps Porzingis en plus. Deux basketteurs extrêmement doués, complémentaires sur le papier et en plus calés sur la même tranche d’âge. Ces deux mouvements résument pourquoi la Conférence Ouest est bien plus dense que l’Est : les dirigeants y sont tout simplement bien plus talentueux.
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