Wade et Nowitzki, rivalité intime

C'est la fin d'une ère, tout simplement. La fin d'une histoire commune aussi. Dwyane Wade et Dirk Nowitzki ont décidé de tirer leur révérence. La NBA, c'est fini pour eux. Deux monstres du basket, l'un triple champion, l'autre le seul Européen à avoir remporté le trophée de MVP (2007) ont dit adieu à leurs fans respectifs dans leur salle mardi avec des discours émouvants. Et en plantant tous les deux 30 points pour leur der à domicile. Comme un symbole de leur vie commune tout au long de leur aventure dans le monde du basket outre-Atlantique.

Wade et Nowitzki ont marqué leur franchise et la Ligue. A leurs manières. Bien différentes. S'ils ont laissé une image de gentlemen qui font l'unanimité par leur talent, leur parcours et leur personnalité, les deux ont réussi à s'imposer dans la grande ligue nord-américaine avec des styles qui n'ont rien à voir. D'un côté, D-Wade, le slasher aux capacités exceptionnelles pour pénétrer dans la peinture et trouver le chemin du cercle après avoir de temps en temps contorsionné son corps. De l'autre, un Allemand atypique de 2m13 qui a contribué à l'évolution des grands en NBA avec son shoot d'exception pour un joueur de sa taille. Mais les voir s'arrêter au même moment rappelle aussi qu'ils sont intimement liés.

Wade et Nowitzki, c'est également l'histoire d'une rivalité. Et il ne faut pas l'oublier. Car elle a contribué à leur légende. A plusieurs moments dans leur carrière, ils ont connu des moments clefs l'un contre l'autre. Avec 2006 comme point de départ. A 24 ans, un Wade impérial (34.7 pts, 7.8 rbds, 3.8 pds sur la finale), accompagné d'un certain Shaquille O'Neal, s'est offert cette année-là Dallas et Nowitzki en finale (4-2). Le sacre de la confirmation précoce pour Wade, qui a profité de cette finale pour démontrer qu'il faisait bien partie de la trempe des grands. Un traumatisme pour Dirk Nowitzki.

Après avoir vu les Mavs mener 2-0 et compter 13 points d'avance dans le dernier quart-temps du match 3, le Wunderkid a craqué sur les derniers matches. Il ne l’oubliera jamais. Et s'en nourrira. "Wade m'a poussé à devenir un meilleur joueur. Dans un sens, je suis reconnaissant qu'ils nous aient battus en 2006", dira l'Allemand des années plus tard à propos de cette finale et cette opposition avec l'arrière du Heat. Car Nowitzki a su prendre sa revanche. Et de manière éclatante. Certes après avoir connu une nouvelle gifle. Mais cette fois, Wade n'y était pour rien.

A l'issue une saison régulière 2006-2007 d'exception terminée à la première place de la Ligue, Dallas s'est fait sortir dès le premier tour par les Warriors. Touché, Nowitzki a cependant reçu son trophée de MVP de la saison, juste après cette claque. Il aura besoin de s’isoler en pendant tout l’été pour digérer ces deux échecs. Et c'est donc face à Wade qu'il rebondira vraiment quelques saisons plus tard. Les deux se sont retrouvés en finale 2011. Solide tout au long de ce duel (26 pts, 9.7 rbds), l'Allemand a alors fait tomber le Heat pour la première année du Big Three (Wade, LeBron James, Chris Bosh). Un petit tremblement de terre tant les trois amis de Miami étaient favoris.

Cette finale a aussi été marquée par une scène, qui a été au cœur de la relation Wade-Nowitzki. Elle n'est pas liée à un exploit sur les lattes. Elle a eu lieu hors des parquets. Mais elle a laissé les deux hommes en froid. Devant les caméras à leur arrivée au stade pour le match 5, Dwyane Wade et LeBron James s’étaient alors moqués ouvertement de l'Allemand faisant mine de tousser. La raison ? Nowitzki était souffrant au match précédent. "C'était un peu enfantin. J'étais dans la Ligue depuis 13 ans et je n'avais jamais simulé une blessure ou une maladie", avait alors avoué Nowitzki. La tension entre les deux hommes a finalement duré quelques années.

En février dernier pour leur "dernière danse", Wade et Nowitzki ont cependant eu l'intelligence de mettre leur rancune de côté pour s'échanger leur maillot. Et tirer un trait sur ces épisodes passés. "Notre relation a connu des moments difficiles après 2006. Des deux côtés. Certaines choses ont été dites qu'on n'a chacun pas apprécié mais à la fin, nous sommes des compétiteurs. Et vous n'aimez pas la plupart de vos adversaires", avait alors expliqué Nowitzki. Tout cela a aussi fait leur carrière. Et les deux sont mémorables. Pour différentes raisons. Mais notamment grâce à cette opposition.