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NBA : "Tall ball" expérimental, Bol Bol phénoménal, et si les Denver Nuggets tenaient un bon filon ?

Simon Farvacque

Mis à jour 29/07/2020 à 13:50 GMT+2

NBA - Le "small ball" a vécu, place au "tall ball" ? Loin s’en faut. Mais Mike Malone, coach des Denver Nuggets, a mis en place un cinq de départ gigantesque et intéressant face aux Wizards en match de préparation. Un choix dicté par des circonstances qui font que l’on peut douter de sa répétition, mais qui a laissé entrevoir des perspectives et a contribué à mettre en valeur le phénomène Bol Bol.

Bol Bol (Nuggets), au dunk face aux Wizards

Crédit: Getty Images

Nikola Jokic (2m13) à la mène. Bol Bol (2m18) au poste 3. Et personne qui culmine à moins de 2m01 autour d’eux. Aligné par Denver le 22 juillet dernier dans la bulle d’Orlando face aux Wizards, ce cinq de départ a d’abord fait sourire, suscitant des comparaisons avec celui, aux antipodes, des Houston Rockets et prenant des airs d’incongruité de plus dans une fin de saison NBA de facto singulière. Mais le "tall ball" proposé par les Nuggets ce jour-là peut-il, au moins ponctuellement, être une option sérieuse ?
Déjà, il doit être remis dans son contexte. Pour son premier match de préparation à la reprise de la saison NBA à Disney World, Mike Malone, coach de Denver, ne dispose que de huit joueurs valides. Pas de Gary Harris ni de Jamal Murray, qui forment habituellement sa base arrière. Mais Nikola Jokic, son franchise player qui a contracté le Covid-19 quelques semaines auparavant, est bien là, et aminci. Sorte de "point center" (meneur de jeu depuis le pivot) et donc habitué à être à la baguette, le Serbe cornaque cette fois sa formation depuis le poste 1.

Jokic à la mène en playoffs ou en régulière, ce serait un "record"

"Nous parlions d’utiliser davantage Nikola (Jokic) avec le ballon, ce soir était une excellente occasion", commente Malone. "Mettre les gars dans des positions différentes, les mettre un peu mal à l’aise, leur faire vivre des situations et des responsabilités qu’ils n’ont jamais connues, cela va les aider, cela ne peut pas leur faire de mal", ajoute le technicien de 48 ans, membre du trio de finalistes en 2019, dans la course au trophée de coach de l’année et conscient de l’aspect expérimental de sa composition. Aucun "seven-footer" (joueur de 2m13 ou plus) n’a en effet débuté un match NBA au poste de meneur, que ce soit en saison régulière ou en playoffs, d’après les données d’Elias Sports, rapportées par ESPN.
Une originalité que Malone assume et relativise : "Nous voulions aussi nous amuser un peu (…) Cela fait des années que vous entendez parler d’un jeu moderne sans position. Eh bien nous voulions voir ce que cela donnait." L’aspect à contre-courant de son drôle de cinq (Nikola Jokic - Jerami Grant - Bol Bol - Paul Millsap - Mason Plumlee) ne porte en effet pas sur la dilution des postes, mais bien sur la grandeur des joueurs : 2m09, en moyenne. Seules cinq équipes ont débuté un match avec une taille moyenne au moins aussi élevée depuis 1970, dans les rencontres répertoriées par la NBA.
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Nikola Jokic, le "vrai" meneur des Nuggets ?

Crédit: Getty Images

Comment défendre ?

La mode du small ball se mue depuis quelques années en éloge de la polyvalence. La capacité des joueurs à "switcher" en défense (être capable de tenir des adversaires de différents gabarits) est de plus en plus recherchée. La façon dont les Los Angeles Clippers ont été construits pour jouer le titre en témoigne, avec Kawhi Leonard et Paul George en fers de lance, des "two-way players" (globalement aussi reconnus pour leurs habiletés défensives qu’offensives) qu’il est de moins en moins pertinent de cataloguer en arrière, ailier ou ailier fort.
En marge de cette relative uniformisation du basketteur de 2m-2m05, très mobile, à laquelle résistent meneurs et pivots, et dont quelques franchises s’exonèrent à coup de "freaks", jouer petit ou jouer grand, c’est jouer sur le rapport de force. Comme les Houston Rockets de Mike D’Antoni, qui, avec le ballon, veulent prendre de vitesse leurs adversaires avec Russell Westbrook et James Harden en chefs de tempo, puis, sans, s’efforcent de jouer dur et de multiplier les prises à deux pour ne pas prendre l’eau. Les Denver Nuggets, dans cette configuration, passent eux aussi d’une position dominante à une posture de proie, quand Jokic n’a plus à distribuer les passes géniales, mais à préserver ses chevilles des crossovers du meneur adverse.
"Nous voulions voir ce que nous pouvions faire en défense et mes gars ont fait du très bon travail", a débriefé Malone, après le succès obtenu 89-82 en 40 minutes, contre Washington. Mais les Wizards sont décimés et nourrissent en cette fin de saison des ambitions quasiment nulles. Difficile donc de targuer que Plumlee, Jokic and co. peuvent passer tout un match à défendre sur des joueurs rapides en se basant sur cette seule occurrence, le cinq de Denver reprenant des allures un peu moins gargantuesques lors des deux rencontres de préparation suivantes. Tout un match, peut-être pas, mais par séquences… pourquoi pas. Notamment grâce à un homme : Bol Bol.
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Bol Bol, débuts fracassants

Le fils de Manute Bol, géant qui a évolué dans la Grande Ligue dans les années 1980 et 1990 et y a connu une gloire éphémère, est l’une des attractions de cette phase de reprise aux airs de présaison. Face aux Wizards, Bol Bol a cumulé 16 points, 10 rebonds et 6 contres. Seul rookie à effectuer une telle performance (au moins 15-10-5) en match de préparation au XXIe siècle. Mais surtout, derrière cette statistique tarabiscotée dont la NBA est fervente, il y a un impact notable et des perspectives de progression qui vont au-delà du schéma de jeu.
Bol Bol, projeté dans le Top 10 de la draft 2019, n’a été sélectionné qu’en 44e position par le Heat, puis envoyé à Denver dans la foulée. La faute à une blessure au pied pouvant faire craindre une carrière terminée avant même, ou presque, de débuter, pour ce joueur de 2m18, dont l’envergure est estimée à 2m34. Le temps de se débarrasser de ce problème physique et de faire ses gammes en G-League et le filiforme athlète de 20 ans, né au Soudan, a pu faire ses débuts avec l’équipe première des Nuggets lors de ce fameux match face aux Wizards.

Test antidopage aléatoire

Une entrée en matière spectaculaire… et suivie, selon Mike Singer, journaliste du Denver Post, d’un test antidopage qualifié d’aléatoire. La rançon de la gloire ? "Je travaille très dur, surtout depuis que je suis dans la bulle, a réagi Bol Bol. J’ai essayé de ne pas être nerveux et le jeu est venu à moi." Moins en vue mais toujours remarquable d’activité – par sa propension à défendre donc, mais aussi à shooter de loin, notamment –, Bol Bol a participé aux deux rencontres jouées depuis par Denver (défaites face aux Pels et au Magic). Troisièmes de la Conférence Ouest avant cette dernière ligne droite pleine de questions, qu'ils entameront face à Miami le 1er août, les hommes du Colorado voient peut-être éclore un élément central de leur réussite.
Une défense de zone 2-3 (deux joueurs en première ligne, trois plus reculés, dont un proche du panier) avec Bol Bol et sa longueur de bras impressionnante en tour de contrôle a été testée par Malone et pourrait mettre en échec beaucoup d’adversaires. A condition qu’ils ne soient pas insolents de réussite au tir extérieur, plus difficile à contenir avec cette protection de cercle renforcée et des défenseurs manquant de vivacité. Cette année, les Golden State Warriors des Splash Brothers Stephen Curry et Klay Thompson, spécialistes de l’incandescence longue distance, ne sont pas de la fête, dans la quête de la bague. Les Nuggets ne tomberont pas que face à des poignets fébriles, mais c’est peut-être un signe. Ou au moins une occasion. Et Mike Malone a montré qu’il était du genre à les saisir.
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Bol Bol en discussion avec son coach aux Denver Nuggets, Mike Malone

Crédit: Getty Images

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