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Showman mais surtout leader déterminé : LaMelo Ball (Hornets) n’est pas celui que vous croyez

Antoine Pimmel

Mis à jour 15/01/2021 à 14:04 GMT+1

NBA – LaMelo Ball éclabousse de sa classe le début de saison des Charlotte Hornets. Parfois décrié, souvent injustement, le jeune meneur est l’un des meilleurs rookies et son potentiel pourrait l’amener à devenir l’un des joueurs les plus populaires de la ligue. Si seulement les regards sur lui évoluaient.

LaMelo Ball

Crédit: Getty Images

Alors qu’il vient à peine de récupérer la balle dans sa moitié de terrain, le jeune adolescent pointe du doigt le rond central. Comme pour indiquer à ses adversaires qu’il compte dégainer de cette distance. Il marche avec nonchalance. Puis balance depuis le milieu du parquet, comme annoncé. Bingo. L’action fait le tour de la toile, relayée sur YouTube et les réseaux sociaux. Avec parfois des titres provocateurs comme "Stephen Curry qui ?" Pourtant, ce n’est qu’un match de lycée en Californie. Mais LaMelo Ball n’est pas un jeune de quatorze ans comme les autres. Il est le frère de Lonzo, alors l’un des meilleurs joueurs universitaires du pays, et surtout le troisième fils de LaVar Ball.
Quatre ans après, Melo est toujours le même aux yeux d’une partie de la planète basket. La mise à jour n’a pas été faite. Ils voient le jeune homme comme l’enfant gâté devenu star de la première téléréalité basket – celle de la famille Ball – et jugé essentiellement sur les déclarations de son père. Ils lui ont construit une image de joueur individualiste ou pas sérieux. Et pourtant, c’est aux antipodes du basketteur qu’il est aujourd’hui, encore plus depuis ses débuts avec en NBA avec les Hornets.
Le troisième choix de la dernière draft souffre d’un délit de sale gueule. Mais ça n’a rien à voir avec son visage. C’est son nom qui pose problème. Ball. Un patronyme qui renvoie immédiatement à LaVar – et à ses frasques – dans l’esprit collectif. C’est bien dommage. Parce que le plus jeune des frangins gagne à être connu, regardé et apprécié. Après bientôt un mois de compétition, il s’affirme indéniablement comme l’un des plus grands talents de sa promotion.

LaMelo Ball, déjà dans l'Histoire

Il est même devenu, à 19 ans et des poussières, le plus jeune joueur de l’Histoire à compiler un triple-double, effaçant ainsi Markelle Fultz des tablettes (qui avait lui-même fait mieux que… Lonzo Ball). 22 points, 12 rebonds et 11 passes décisives lors d’une victoire de Charlotte contre Atlanta. La veille, il avait déjà failli battre le record en postant 12 points, 10 rebonds et 9 passes lors du duel avec La Nouvelle-Orléans, où évolue son grand frère. "C’est ce que l’on attend de lui", déclarait alors son coach, James Borrego. "Je suis fier de lui. C’est un joueur fantastique."
La performance est sensationnelle et elle a évidemment été mise en avant. Parce que même des années après, même quand le paternel se fait plus discret, la famille Ball représente toujours un produit marketing de luxe pour la ligue et ses partenaires. Ça peut agacer. Mais le plus important, c’est justement la réaction de l’intéressé lui-même. Et malgré tout cet engouement, il refuse de s’enflammer. Pour lui, c’est… normal. Il en va de même pour les projecteurs constamment braqués, avec les médias et les fans à l’affût du moindre écart, de la moindre performance ou contre-performance. "Mes matches étaient déjà diffusés sur ESPN quand j’étais ado", rétorquait le meneur des Hornets. C’est fort d’être exposé à autant de pression sans craquer.
LaMelo Ball a une immense confiance en lui. Cette même confiance instaurée par son père. Mais il reste humble pour autant. Prêt à écouter les consignes. Prêt à faire tout ce que lui demandent ses coaches. Et même prêt à sortir du banc malgré son statut. Nicolas Batum, qui était encore officiellement un membre de la franchise avant le coup d’envoi de la saison, assure que le natif de Los Angeles est "un bon gars différent de celui que l’on montre devant les caméras." Mais justement, même devant les journalistes, il ne semble jamais hautain. Toujours à sa place. Et content d’y être d’ailleurs.

C'est parti pour le show

C’est ce qu'il dégage en le regardant jouer. Il montre de l’envie. Le plaisir qu’il prend sur le terrain est palpable. Un peu à l’instar de Stephen Curry (toutes proportions gardées). Il a le sens du spectacle, ça c’est certain. Un peu à l’image de Jason Williams (toutes proportions gardées), meneur fantasque des années 2000. Pour résumer simplement : à chaque fois qu’il joue, il se passe quelque chose. Un peu comme Ricky Rubio à ses débuts (toutes proportions gardées). C’est un showman, oui, mais au service des autres. Il cherche constamment à faire vivre le ballon, à servir ses camarades, à créer du mouvement le plus rapidement possible.
"Sa vision du jeu est phénoménale. Son potentiel est dingue. Je suis dans ce milieu depuis longtemps et je n’ai jamais vu un gars avec un tel plafond", témoignait Josh Boone, un ancien joueur NBA qui évoluait avec lui en Australie. Du haut de ses deux mètres, Melo est un meneur plus grand que les autres. Il voit par-dessus les défenses et joue tout le temps la tête levée. Hors de question de ralentir le tempo. C’est un régal pour les spectateurs… et encore plus pour ses camarades qui en profitent. D’ailleurs, ces derniers ne cessent de l’encourager à jouer comme il sait le faire.

Un pari déjà gagnant pour les Hornets

Contrairement à d’autres manieurs de ballon, il n’en fait pas forcément trop. On est bien loin du cliché des passes balancées dans les tribunes parce que trop hasardeuses. La plupart du temps, il joue simple. Parce que tout lui vient naturellement. Facilement. Malgré son jeune âge. Il est actif même quand il n’a pas le cuire entre les mains. Ce qui explique aussi ses nombreux rebonds, notamment offensifs. Il sent le jeu et se déplace en conséquence. Il pointe à 7 rebonds de moyenne en seulement 25 minutes. Le deuxième meilleur dans ce domaine aux Hornets. Tout en étant le meilleur passeur avec 6 caviars par match. Et 12,4 points. Même ses pourcentages sont encourageants (41% aux tirs, 35% à trois-points).
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LaMelo Ball (Charlotte Hornets), Lonzo Ball (New Orleans Pelicans)

Crédit: Getty Images

Il paraît par exemple bien en avance sur son frère au même âge. Le potentiel est plus intrigant. Plus grand aussi. Melo c’est "ce joueur que vous avez peur de drafter mais aussi peur de laisser passer", comme le soulignait un dirigeant NBA. Les Hornets ne regretteront sans doute pas de l’avoir pris. Parce que si ses qualités de passe étaient bien connues, le jeune homme se distingue aussi par son énergie et ses drives vers le cercle. Il est plus à l’aise pour attaquer la défense que Lonzo Ball. Plus efficace au moment de finir dans le trafic. Et rien que ça peut suffire à faire la différence.
Parce que les stars de cette ligue doivent être à même de provoquer des fautes, de tirer des lancers-francs et de s’offrir des paniers faciles. Ses débuts sont donc particulièrement encourageants. Il faudra maintenant voir comment il se comporte sur la durée, notamment une fois établi dans le cinq majeur, une place qui lui tend les bras. Mais Charlotte tient un joueur fort dans sa tête, impliqué, déterminé, complet et un leader en puissance.
LaMelo Ball a fait du chemin depuis ses premiers pas télévisés au lycée. En passant par le championnat professionnel en Lituanie puis en Australie avant même d’être un adulte. Un chemin peu conventionnel mais qui paye aujourd’hui. Et au final, il est finalement resté le même. C’est la perception à son sujet qu’il est temps de changer.
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