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Et si Nikola Jokic (Denver Nuggets) réalisait l'impensable en gagnant un troisième titre de MVP de suite ?

Antoine Pimmel

Mis à jour 12/01/2023 à 23:12 GMT+1

NBA - Alors que les équipes arrivent à mi-saison, Nikola Jokic fait encore figure de grand favori à sa propre succession dans la course au MVP. Ce serait le troisième de suite pour le Serbe, un accomplissement plus vu en NBA depuis Larry Bird en 1986. Et c'est paradoxalement le principal argument de ceux qui ne veulent pas le voir gagner un nouveau trophée.

Nikola Jokic (Denver Nuggets)

Crédit: Getty Images

Nous sommes à la mi-saison et la course pour le MVP ne s’est même pas encore vraiment décantée. Elle est même complètement folle. Giannis Antetokounmpo, déjà double lauréat, ne finira peut-être pas dans le top-3 des votes alors qu’il compile 31 points, 12 rebonds et 5 passes de moyenne tout en menant ses Milwaukee Bucks à la troisième place de la Conférence Est malgré les absences répétées de ses deux meilleurs coéquipiers. Joel Embiid est à peine cité dans la discussion alors qu’il est le deuxième marqueur le plus prolifique du championnat avec 33,6 points, mais aussi 9,9 rebonds et 4,4 passes de moyenne. C’est ahurissant. Ja Morant ne fait même pas figure de candidat alors qu’il explose à 27 points, 6 rebonds et 8 passes en portant les Memphis Grizzlies à la première place à l’Ouest.
Il y a juste trop de joueurs trop forts. Si les votants veulent se tourner vers le traditionnel "meilleur joueur de la meilleure équipe", ils éliront Jayson Tatum. L’ailier des Boston Celtics semble franchir encore un cap après les finales perdues en juin dernier. Il est parti pour réaliser une saison historique à l’échelle de sa franchise puisqu’il pourrait devenir le premier joueur des Celtics à finir au-dessus des 30 points par match (30,8). Un superbe accomplissement vu les légendes passées par Boston. Mais Tatum n’est pas seulement un scoreur. C’est le moteur d’une formation qui caracole en tête de la ligue et fait figure de grande favorite pour le titre.
Si c’est l’efficacité qui est mis en avant, Kevin Durant pourrait avoir sa chance. Non seulement il a relevé les Brooklyn Nets, deuxièmes à l’Est, mais en plus il affiche un 56% de réussite absolument incroyable en raison des tirs difficiles qu’il prend chaque soir. Tout en étant à presque 30 points de moyenne lui aussi. Si les statistiques brutes font la différence, Luka Doncic sera probablement nommé MVP. Le prodige slovène porte à bout de bras une équipe des Dallas Mavericks plutôt moyenne en assurant 34 points, 9 rebonds et 9 passes chaque soir.

Nikola Jokic, le MVP dans tous les sens du terme

Venons-en enfin à Nikola Jokic, vainqueur les deux saisons précédentes. Le pivot des Denver Nuggets serait candidat, voire favori, quel que soit le critère cité plus haut. Sa formation est première à l’Ouest, pour l’instant à égalité avec les Grizzlies. Il est de loin le principal artisan des succès des siens. D’ailleurs, le différentiel entre les moments où il est sur le terrain et ceux où il est sur le banc est de loin le plus élevé de la NBA. Ce qui montre à quel point il est indispensable pour ses coéquipiers. Tout tourne autour de lui. Mais pas seulement pour marquer, ce qu’il sait pourtant faire avec brio. Jokic est un soleil au cœur d’un système mis en place par le coach Mike Malone.
Il marque 25 points par match en convertissant 62% de ses tentatives. Ce n’est plus de l’efficacité, c’est presque de la magie. Il ne force rien. Il apporte aussi 11 rebonds et 9,7 passes. Le "Joker" pourrait terminer la saison en triple-double tout en jouant pivot. C’est évidemment du jamais vu dans l’Histoire de la NBA. Il est le troisième meilleur passeur du championnat. Ses statistiques sont absolument exceptionnelles et inédites. Il a claqué un triple-double en scorant 40 points avec 27 rebonds (et 10 passes) ! Il en a réussi un autre en ne prenant que 5 tirs, sans en rater aucun : 14 points, 11 rebonds et 16 passes.
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Nikola Jokic lors du match opposant les Denver Nuggets aux Charlotte Hornets, le 18 décembre 2022 en NBA

Crédit: Getty Images

"Je connais beaucoup de joueurs qui seraient frustrés de n’avoir pris que 5 tirs en 35 minutes. Sérieusement. Nikola s’en fiche de prendre 5 ou 25 tirs. Il n’y a pas beaucoup de joueurs comme lui. Je n’ai pas rencontré beaucoup de gars comme lui et je suis dans ce milieu depuis longtemps. C’est vraiment une superstar altruiste. Il prend 5 tirs et il ne se plaint absolument pas", racontait justement Malone après coup. Nikola Jokic noircit la ligne de statistiques comme presque personne avant lui et, l’ironie, c’est qu’il ne s’intéresse absolument pas à ses moyennes. Il cherche juste à gagner et à s’amuser.
Alors comment ne pas lui donner (encore) le MVP en fin de saison ? Un nouveau trophée ferait basculer le Serbe dans une catégorie très fermée. Plus aucun joueur n’a été nommé trois fois de suite depuis Larry Bird en 1984, 1985 et 1986. Magic Johnson a fait le doublé à la fin des années 80 mais Michael Jordan semblait absolument incontournable en 1991. Ce même MJ, l’a aussi eu en 1992 et l’aurait mérité en 1993 mais les votants ont fait face à une forme de lassitude. Pareil pour LeBron James des années plus tard. Le King a été au moins aussi fort que Derrick Rose en 2011 après l’avoir déjà gagné en 2009 et 2010. Mais il venait de passer de Cleveland à Miami, devenant ainsi l’ennemi public numéro un en NBA, et c’est donc la superstar montante, celle qui incarnait le renouveau des Chicago Bulls, qui lui a été préféré. Il en a repris deux de plus dans la foulée avant de céder la place à Kevin Durant en 2014.

Trois trophées de suite, du jamais vu depuis Larry Bird

Aujourd’hui, Jokic fait face aux mêmes réticences de la part d’une partie du public et des journalistes. Il y a encore ce frein à l’idée de laisser un joueur réaliser un triplé qui, plus le temps passe, prend une dimension presque mythique et donc impossible. Surtout qu’un autre argument est avancé en la défaveur du joueur des Nuggets : pourquoi lui donner l’opportunité de faire ce qui n’a quasiment jamais été fait, et donc de le placer automatiquement parmi les plus grands joueurs de tous les temps, alors qu’il n’a jamais été champion, ni même en finales NBA ?
Ça n’a pourtant plus rien à voir. Le MVP est un trophée lié à la saison régulière. Peu importe que Nikola Jokic sorte au deuxième ou au troisième round. Pourquoi limiter un joueur à ce qu'il n'a pas encore entrepris ? S'il vient à finir sa carrière avec 6 bagues, ne serait-ce finalement pas dommage de ne pas lui avoir donner 3 MVP de suite ? Le fait qu’il ait déjà été nommé deux fois ne devrait pas non plus être pris en compte. Ou alors, dans ce cas-là, si c’est pris en compte, ça pourrait presque jouer en sa faveur. C’est tout de même hallucinant qu’un joueur parvienne à se maintenir à un tel niveau d’excellence trois années de suite.
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Nikola Jokic, Denver Nuggets

Crédit: Getty Images

Au final, la candidature de Jokic n’a aucune faille. Si ce n’est donc cette difficulté à le donner trois fois de suite au même joueur. En tout cas, si jamais il venait à vraiment le mériter en fin de saison, cette notion ne doit pas être prise en compte. Surtout si Denver reste dans les deux premiers à l’Ouest. Et c’est bien parti pour. Le MVP donnera finalement une idée de la définition retenue par les votants. Et quelle qu’elle soit, le génie des Nuggets aura sa chance.
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