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"Je veux être Kobe Bryant" : Jayson Tatum (Boston Celtics), histoire d'amour avec une idole

Christophe Gaudot

Mis à jour 25/12/2022 à 19:41 GMT+1

NBA - Si un joueur se réclame plus que les autres de l'héritage de Kobe Bryant en NBA aujourd'hui, c'est bien Jayson Tatum. L'ailier des Celtics, qui réussit une exceptionnelle saison (30,5 pts, 8,1 rbds, 4,1 passes) après être allé en Finales en juin, fut, depuis sa plus tendre enfance, obsédé par la légende des Los Angeles Lakers. Jusqu'à leur rencontre quelques années avant sa mort tragique.

Tatum portant le numéro 24 de Kobe Bryant

Crédit: Getty Images

C'est l'histoire d'un gamin qui rêve de NBA, comme des dizaines, des centaines peut-être, de milliers d'autres. L'histoire d'un adolescent drafté par l'une des franchises les plus mythiques, les Boston Celtics, qui s'imaginait pourtant en pourpre et or du côté des Lakers… puisqu'il détestait les C's. L'histoire d'une fascination qui, d'une certaine manière, a amené Jayson Tatum à être ce qu'il est aujourd'hui. Cette histoire, c'est donc la sienne et un peu celle de Kobe Bryant, son idole.
Dans un mois, la NBA célèbrera le deuxième anniversaire de la mort de la légende. Un choc pour certains, un événement dévastateur pour d'autres. Jayson Tatum fait évidemment partie de la deuxième catégorie. Il y a un mois, dans l'émission In depth with Graham Bensinger, le Celtic a raconté comment il avait appris la mort de celui qui lui a fait aimer le basket. "Je suis rentré à l'hôtel, j'ai mis CNN… et j'ai complètement craqué dans la salle de bains. Le match d'après, je ne jouais pas mais je suis resté dans le vestiaire. Je ne pouvais même pas le regarder. Dans mon esprit, il était un super-héros, il était invincible."

Tatum rêvait des Lakers : "J'avais pour habitude de détester Boston"

Pour comprendre cette réaction, il faut revenir bien loin dans la vie de Jayson Tatum. A Saint-Louis (Missouri) où il grandit avec sa mère. "La première fois que je l'ai vu jouer, je suis tombé amoureux, assure-t-il. Il jouait d'une manière différente. Je voulais être comme lui." Sa mère a plusieurs fois narré l'adoration portée très tôt par son fils pour Kobe Bryant. "Je me souviens de lui petit garçon, remet-elle pour Slam. Je lui demandais ce qu'il voudrait faire plus tard. Sa première réponse dans la vie fut : 'Kobe'".
Ses matches et plus tard YouTube pour se goinfrer de highlights en tout genre et bientôt copier celui qui a copié Michael Jordan, Tatum ne manque rien. Il est pour ainsi dire obsédé par le numéro 8 et le numéro 24 des Los Angeles Lakers. Au point d'imiter ses gestes et de jouer avec ses chaussures, les "Kobe".
Non, l'ailier ne voulait pas être drafté par les Celtics en troisième position de la draft 2017. "J'avais pour habitude de détester Boston", avouera-t-il plus tard dans le Bill Simmons Podcast. Son rêve à lui avait pour théâtre le Staples Center de LA, de l'autre côté des Etats-Unis. Un choix plus tôt, les Lakers prennent pourtant Lonzo Ball. L'adolescent qui a pleuré quand Boston a battu Kobe Bryant en 2008 avant de sauter dans tous les sens quand celui-ci a eu sa revanche deux ans plus tard, jouera dans la franchise honnie.

La rencontre avec l'idole Bryant en 2018

Mais la rivalité historique entre Lakers et Celtics n'empêche ni le joueur de continuer à parler de son idole, ce que bien des Bostoniens lui reprochent année après année, ni le retraité de s'intéresser à la trajectoire de celui qui lui ressemble forcément. Playoffs 2018, les premiers de Tatum en NBA. Sans Kyrie Irving, leur leader, les Celtics poussent les Cavaliers de LeBron James au match 7 avant de s'incliner. Ce printemps-là, un certain Kobe Bryant travaille pour ESPN et livre ses analyses. L'une d'elles concerne Tatum qui la découvre dans le vestiaire de Cleveland.
"Il avait retweeté la vidéo de son analyse. Je me suis dit : 'Kobe m'a tweeté quelque chose ?'. Je l'ai regardée 25 fois de suite, rigole-t-il dans le podcast de JJ Redick. Il a ensuite récupéré mon numéro et m'a envoyé un message : 'Gamin, je suis content de ta réussite, reste concentré, continue à travailler. Quand tu seras à Los Angeles l'été, dis-le moi, on ira s'entraîner ensemble'. Je lui ai écrit au moment où les roues de l'avion ont touché le sol".
La suite, ce sont quelques jours d'attente et puis une nouvelle invitation. "'Kobe sait qui je suis ?' Il aurait pu dire n'importe quoi à propos de moi, j'aurais été extatique", confie encore Tatum dans In depth with Graham Bensinger. Les mains moites et le coeur battant, le gamin vit son rêve et rencontre son idole avec qui il discute, longuement, avant d'aller s'entraîner. "C'était un moment incroyable. Je le regardais, je me souvenais de moi gamin le regardant à la TV, me disant : 'Ok, c'est ce que je veux être'. Il est pourquoi j'aime le basketball, il m'a inspiré."

La même éthique de travail

"Je me souviens que je faisais un exercice et qu'il me montrait comment faire quelque chose ou me disait quoi faire ensuite, et j'étais juste assis là et dans mon esprit je me disais : 'Je m'entraîne avec ce "putain" de Kobe Bryant.'" La légende californienne a touché beaucoup de gens dans le monde du basket et ailleurs, ce que sa mort a tragiquement rappelé. Techniquement, Tatum ressemble à Bryant même si la filiation est moins évidente que celle entre Kobe et Michael Jordan, visuellement en tout cas. Mais ce que l'ailier des Celtics a en commun avec son idole, c'est cette rage de travailler.
Drew Hanlen, son entraîneur personnel et celui de nombreuses autres stars NBA, a détaillé, pour Sports Illustrated, sa première rencontre avec un gamin du Missouri d'à peine 13 ans. "Beaucoup d'enfants veulent devenir grands. Mais la plupart ne sont pas prêts à faire le travail. Cette première séance d'entraînement était éreintante. J'ai pratiquement essayé de le tuer". Mais Tatum ne s'est jamais plaint. Sa mère raconte encore comment dès l'adolescence il se levait à 4 ou 5 heures du matin pour aller s'entraîner. Si ça ne vous rappelle pas quelqu'un…

Pas de plan B pour Kobe et Tatum

Et s'il fallait finir de se convaincre de cette implication totale que met Jayson Tatum dans son projet, et ce qui donc le lie à Kobe Bryant, voici une discussion rapportée par sa mère à Slam.
"Quel est ton Plan B, au cas où tu n'arrives pas en NBA ?
- C'est la différence entre moi et… (Tatum cite plusieurs noms selon sa mère). Ils ont un plan B. Maman, non. Pour moi c'est ça ou la mort".
"S'il garde cette mentalité de Mamba, il sera un éternel All-Star, candidat au titre de MVP, tout ça…", poursuit Brandy Cole. En 2023, Jayson Tatum sera All-Star pour la quatrième fois de suite et jusqu'à preuve du contraire il est un candidat plus que sérieux au titre de MVP cette saison. Comme face à Miami la saison dernière, quand il arborait au poignet le numéro 24 et les coureurs des Lakers, Tatum pensera encore et toujours à Bryant pendant les prochains Playoffs. Celui qui faisait du "Mamba" le meilleur joueur de l'histoire, au-dessus de Jordan, lors de débats houleux avec sa mère l'aura toujours au fond du cœur. Ce Kobe Bryant qui l'inspirait, qui l'inspire et qui l'inspirera.
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