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NBA - L'éloge de la patience et ode de la continuité : les Denver Nuggets font de superbes champions NBA

Antoine Pimmel

Mis à jour 13/06/2023 à 12:57 GMT+2

NBA - Sacrés la nuit dernière après avoir battu le Miami Heat (94-89), les Denver Nuggets ont décroché le premier titre de leur Histoire. Un sacre qui a une saveur particulière puisque l'équipe du Colorado s'est construite sur la durée en misant sur le même coach et sur le développement des jeunes talents, Nikola Jokic en tête, soigneusement piochés à la draft.

Jamal Murray e Nikola Jokic

Crédit: Getty Images

Il y a une tradition un peu étrange en NBA qui veut que le propriétaire de la franchise fraîchement sacrée championne soit le premier à toucher et à brandir le trophée. Ça peut donner quelques scènes un peu spéciales, en voyant des superstars et des légendes reléguées au second plan pendant qu’un milliardaire se retrouve sur le devant de la scène. Mais Stan Kroenke a bien mérité son moment de gloire à la suite tout premier titre de l’Histoire des Denver Nuggets, vainqueurs des finales en battant le Miami Heat (94-89.
L’homme d’affaire américain n'est pas seulement celui qui injecte des millions de dollars dans la franchise du Colorado. Sa personnalité et surtout sa patience ont joué un rôle majeur dans l’ascension de l’équipe jusqu’au sommet de la ligue.
"Chaque équipe voit les choses différemment. Il y a celles qui préfèrent hypothéquer leur futur en récupérant un All-Star. Pour nous, il n’y a jamais eu besoin de céder à la précipitation. Et ça commence tout en haut, avec les propriétaires. La famille Kroenke a été exceptionnelle depuis le premier jour en nous laissant nous développer sans paniquer au moindre obstacle rencontré", confiait Michael Malone en conférence de presse après la victoire lors du Game 5 la nuit dernière.

Miser sur la continuité, une rareté en NBA

"Je suis bénéficiaire de cette patience et j’en suis très reconnaissant", ajoutait Malone au sujet de ses employeurs. Il sait de quoi il parle. Il évolue dans un milieu au turnover incessant, où les postes sont rarement garantis. Mais voilà huit ans qu’il est en place, sur le même banc. Seuls trois entraîneurs dirigent toujours la même équipe depuis qu’il a été nommé à la tête des Nuggets : Gregg Popovich (Spurs), Erik Spoelstra (Heat) et Steve Kerr (Warriors). Que des coaches sacrés. Si Denver fait un très beau champion, c’est justement parce que l’équipe s’est vraiment construite dans la durée en étant le fruit de cette patience mais aussi d’un enchaînement d’excellents choix, en commençant évidemment par celui de drafter Nikola Jokic en 41e position en 2014.
En 2016, ce dernier sortait encore du banc, barré par un autre jeune pivot prometteur issu d’Europe de l’Est, Jusuf Nurkic. Michael Malone aurait pu continuer à miser sur le Bosnien. Mais un soir de décembre, il a changé tous ses plans. "Je me suis dit, 'c’est lui notre pivot'. Je l’ai mis dans le cinq au match d’après. Et à partir de là, notre attaque, notre jeu, nos résultats, tout a décollé. J’ai décidé qu’il serait la pierre angulaire de notre projet et que chaque joueur qui viendrait ensuite devrait pouvoir épauler Nikola. C’est la meilleure décision que j’ai prise dans ma vie." Quelques mois auparavant, les Nuggets ont drafté Jamal Murray en septième position.
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Nikola Jokic (l.) und Jamal Murray (r.)

Crédit: Getty Images

Depuis, la franchise n’a cessé de s’appuyer sur ce duo, sans doute le meilleur de la ligue tant ils se tirent chacun vers le haut et tant leurs interactions sur le terrain mettent à mal les défenses adverses. Ils ont continué de miser sur ce ticket gagnant, même quand ça ne marchait pas. L’équipe s’est cassée les dents au deuxième tour en 2019 puis en finales de Conférence en 2020. Une progression stoppée nette suite à la blessure de Murray, victime d’une déchirure des ligaments croisés du genou et absent lors des Playoffs 2021 et 2022, conclus par des éliminations assez sèches au premier et deuxième tours. Quand une formation ne passe pas un cap rapidement, certains dirigeants ont pour réflexe de changer le coach ou de transférer des pièces centrales en espérant récupérer des joueurs encore plus forts. Malone est resté. Et il a tenu à garder son groupe. Murray notamment.

Michael Malone a mis son véto à un transfert de Jamal Murray

Le meneur craignait d’être envoyé ailleurs après sa terrible blessure. "Je me souviens du trajet en bus juste après. Il avait les larmes aux yeux. Je lui ai dit qu’il reviendrait plus fort. Il m’a demandé si on allait le transférer. Je l’ai pris dans mes bras et je lui ai dit qu’il n’en était pas question, que c’est l’un des nôtres", racontait le coach. En vérité, le management y a songé. "Je me souviens que Tim [Connelly, l’ancien GM] m’a appelé il y a trois ou quatre ans pour me dire qu’il pouvait échanger Jamal contre tel gars, un joueur confirmé dans cette ligue. J’ai dit non", expliquait aussi Malone il y a quelques semaines. "Je me sens vraiment chanceux du fait que notre parcours jusqu’ici ait été l’éloge de la patience après avoir fait de très beaux choix à la draft et après avoir développé nos jeunes talents en ajoutant ensuite les bonnes pièces autour d’eux."
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Jamal Murray.

Crédit: Getty Images

En effet, entre temps, Denver a fait venir Michael Porter Jr, choisi en 14e position de la draft 2018 alors qu’il était annoncé beaucoup plus haut. Mais l’ailier très talentueux souffrait d’une blessure très délicate au dos et son futur proche restait incertain. Les Nuggets n’ont pas hésité à le prendre et à attendre, notamment après qu’il ait manqué l’intégralité de sa saison rookie. Ils ont aussi ajouté Aaron Gordon à leur effectif, un transfert génial qui a changé la trajectoire de l’équipe en 2020. Sa venue a fait basculer cet effectif dans une autre catégorie.
Ça a pris du temps mais ça a fini par payer, en ajoutant aussi les précieux Bruce Brown et Kentavious Caldwell-Pope au roster. "Tout le travail, tous les sacrifices, tout ça nous a mené jusqu’à ce titre", admettait Malone. La NBA étant une ligue où chacun essaye de copier la formule qui marche, il est possible que d’autres équipes essayent désormais de suivre la même voie. Le succès des Nuggets est un motif d’espoir pour les franchises qui peinent à attirer des stars à la Free Agency et pour celles qui croient aux joueurs majeurs déjà présents dans leurs rangs. "Je pense qu’il y a des équipes issues de marchés encore plus petits qui vont analyser ce que l’on a fait et qui vont essayer de reproduire tout ça", estimait le coach. Mais prendre les bonnes décisions n’est évidemment pas une mince affaire.
Surtout, Denver ne compte pas s’arrêter là. Malone a d’ailleurs un dernier message à faire passer : "Nous ne sommes pas satisfaits. On veut en gagner d’autres." Avec Jokic (27), Murray (25), Gordon (27) et Porter (24) qui ont tous moins de 30 ans, ils peuvent penser qu’ils vont rester compétitifs encore un bon moment. Après tout, il n’y a plus aucune raison de changer une équipe qui gagne.
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